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> Quand ils nous disent : "Nous sommes en guerre"

16 juillet 2005, 15:02

C’est Paul Vaillant-Couturier qui a recueilli en 1919 les paroles de cette chanson écrites par un anonyme. Elles avaient été plaquées sur un air d’une chanson d’amour très connue à ce moment là, "Bonsoir m’amour" d’Adhémar (Georges) Sablon, enregistrée et popularisée par Emma Liebel en 1916. La récompense offerte à qui dénoncerait l’auteur était à l’époque d’un montant "fabuleux". "Bonsoir m’amour" était aussi devenue complètement interdite, c’est logique.

"La chanson de Craonne" a notamment été chantée par Marc Ogeret en 1973, Michel Grange en 1977, La Bamboche en 1977, Gérard Pierron en 1994, Serge Utgé-Royo en 1999, La Compagnie Jolie Môme en 1999.

Voici les paroles - interdites - de "Bonsoir m’amour".

Un joli teint frais de rose en bouton,
Des cheveux du plus beau blond,
Ouvrière humble et jolie,
Ell’ suivait tout droit sa vie,
Lorsqu’un jeune homm’ vint, comm’ dans un roman,
Qui l’avait vue en passant,
Et qui, s’efforçant de la rencontrer,
S’était mis à l’adorer.
Et, timide, un soir que la nuit tombait,
Avec un sourire il lui murmurait :

Refrain :
"Bonsoir m’amour, bonsoir ma fleur,
Bonsoir toute mon âme !
O toi qui tient tout mon bonheur
Dans ton regard de femme !
De ta beauté, de ton amour,
Si ma route est fleurie,
Je veux te jurer, ma jolie,
De t’aimer toujours !"

Ça fit un mariage et ce fut charmant ;
Du blond, du rose et du blanc !
Le mariag’ c’est bon tout d’même
Quand c’est pour la vie qu’on s’aime !
Ils n’eur’nt pas besoin quand ils fur’nt unis
D’faire un voyag’ dans l’ midi :
Le midi, l’ciel bleu, l’soleil et les fleurs,
Ils en avaient plein leur c ?ur.
L’ homme, en travaillant, assurait l’av’nir
Et chantait le soir avant de s’endormir :

au Refrain

Au jardin d’amour les heureux époux
Vir’nt éclore sous les choux,
Sous les roses ou sous autr’chose
De jolis p’tits bambins roses ?
Le temps a passé, les enfants sont grands,
Les vieux ont les ch’veux tout blancs
Et quand l’un murmure : "y a quarante ans d’ça !"
L’autre ému répond : "Déjà !"
Et le vieux redoute le fatal instant
Où sa voix devrait dire en sanglotant :

Refrain :
"Adieu, m’amour ! adieu, ma fleur !
Adieu toute mon âme !
O toi qui fit tout mon bonheur
Par ta bonté de femme !
Du souvenir de ses amours
L’âme est toute fleurie,
Quand on a su toute la vie
S’adorer toujours !"