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> "Pourquoi voulez-vous revenir au communisme ?" Pour tenir une promesse qui n’a jamais été tenue

28 juillet 2005, 11:14

Etant de tradition communiste, j’en suis arrivé aujourd’hui à devenir communiste libertaire par la pratique. Ayant 30 ans, j’ai bénéficié culturellement de l’après 68 (son esprit, son espoir), et socialement du capitalisme qui s’aggrave (injustice qui se développe), j’ai donc assez naturellement lutté depuis une dizaine d’années. CIP, Décembre 1995, Sans Papiers, antifascisme, luttes sociales 2003...

Je suis d’abord parti de l’activité militante à travers une orga communiste mais ils m’ont trahis. J’aurais pu m’arrêter là, mais nos conditions de vies se dégradant toujours, j’ai fait le deuil de pratiques non démocratiques, et je me suis mis à lutter sur mon lieu de travail pour être le plus concret possible. Avec des salariés qui n’avaient pas de tradition militante mais un fort gout pour la justice, nous nous sommes battus pour garder notre boulot.

Nous nous sommes alors organisés de manière démocratique en collectif, délégués révocalbles à tout moment, autofinancement de la lutte par les collectes, journal de luttes pour mobiliser les collègues, AG, grève ... Mon idéal communiste s’est appliqué déja dans une pratique militante qui refusait toute hiérarchie "nous sommes tous égaux, autant responsables les uns que les autres". On faisait des comités pour rédiger ensemble les tracts, faire les banderoles, et on poussait ceux qui n’avaient jamais fait ça à se lancer. Les collègues ont découvert qu’ils étaient tout à fait capables de s’approprier la lutte, que nous n’avons pas besoin de politiques proffesionnels, que la politique c’est à nous de la faire, et qu’on ne gagne rien sans rapports de force à la base.

La plupart d’entre nous a pu garder son boulot. C’est une première victoire, mais cela n’empêche pas le chômage et la précarité de galoper partout, et le capitalisme de nous écraser de plus en plus. Certains ont donc décidé de fonder un syndicat et de garder le même mode de fonctionnement. Et de militer dans notre entreprise, mais aussi d’en sortir pour lutter avec d’autres salariés dans notre ville, les habitants, les chômeurs, les étudiants...

Si les idées communistes reculent, c’est aussi parce que les gens qui portent cette idée sont moins nombreux et que la politique autoritaire n’a plus de sens. Il n’y a pas un seul communisme, mais plusieurs courants. Aujourd’hui les gens s’engagent sous la contraintre : non par utopie, mais pour défendre des droits élémentaires (travail, logement, papiers, retraites, chômage..), c’est pourquoi tout doit partir des solidarités élémentaires dans la lutte, et c’est à travers cette lutte nécessaire que tu fais la démonstration que ensemble on peut gagner. Et c’est la pratique de la lutte collective, qui font venir progressivement des collègues aux idées communistes.

Pour finir, comme il peut paraitre insensé d’être communiste à 30 ans aujourd’hui je finirai par ceci. Les révolutions existent sans qu’on les prépare. Il y a eu régulièrement dans l’histoire des luttes populaires et la lutte des classes existe toujours : les riches de plus en plus riches, les pauvres de plus en plus pauvres, dans une société qui n’a jamais été aussi riche, moderne et capable de répondre aux besoins de l’ensemble de l’Humanité. En même temps nous sommes les générations vivantes qui devont régler IMPERATIVEMENT le problème écologique, d’ici 50 ans à ce rythme tout est foutu.

Alors, s’il y a 37 ans, en mai 68 la révolution était nécessaire, elle l’est 100 fois plus aujourd’hui. Et je préfère que cette révolution soit communiste et non autoritaire. C’est pourquoi je m’engage collectivement, avec une tradition et une pratique libertaire, pour le reste on verra...

Amicalement.