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Je comprends l’émotion des socialistes....

18 août 2005, 20:02

Je comprends l’émotion des socialistes....(de Fifi par exemple) sur l’appel aux purges par Rocard.

Un électeur de gauche il y a quelque temps ici indiquait que le principal était de battre la droite et donc de taire les critiques sérieuses de la direction du Parti Socialiste.... Il a maintenant sa réponse : Les adorateurs de la direction socialiste sont prêts à suicider toutes chances de victoire électorale pour le PS en pratiquant des purges dans ce parti ....

Maintenant il n’est pas mauvais de rappeler le coeur de l’intervention de Rocard, à savoir les attitudes envers feu le Traité Constitutionnel, en en faisant le principe de séparation du bon grain (le oui) de l’ivraie (le non), indiquant que cette séparation demeure la poursuite de la vieille divergence entre réforme et "rupture", et ça vaut le coup de s’y arrêter :

Il n’existe plus d’état nation dans la zone Euro de l’UE : En instituant une monaie commune, une BCE, + une série de traités liquidant toute politique autonome sérieuse d’un état constituant, c’est bien l’arrêt de mort des états européens.

le TCE visait d’ailleurs à homogénéïser et établir définitivement ce dépassement dans une direction particulière .

Qu’on aime ou pas , ce qui était en discussion était bien la constitution de l’état européen désirée par les Européens...Ainsi que les possibilités de comparaison entre ce qu’ils quittaient, les constitutions nationales, et ce qui était proposé, le TCE.

En étant en recul sur la plupart des constitutions nationales du point de vue du contrôle concret des populations sur les orientations politiques de l’entité supérieure, c’était bien un recul clair de la démocratie qui était proposé au travers du TCE (substituer la règle de l’unanimité à la règle de la majorité avec des droits aux minorités). De + , au delà de cette règle réelle de l’unanimité, une série de confusions graves nous rejetant plusieurs siècles en arrière étaient proposées et codifiées, comme l’integration de mesures de caractère législatif dans une constitution ainsi que la non-séparation des pouvoirs (ce qui est un recul invraisemblable) judiciaires, législatifs et executifs (l’executif se taillant une part leonine sans contre-poids réels), alors que des occasions concretes d’élargir le droit d’expression et la liberté de la presse (se hisser au moins au niveau des principes constitutionnels américains sur ce point) étaient ratées, d’en finir avec les pratiques délinquantes des états (incarcerations des "vagabonds", autorisations à des répressions meurtrieres de masse, etc). Même les reprises de traités européens et onuesques sur les droits de l’homme étaient revus à la baisse..

Ce traité était donc un grand pas en arrière alors que les Européens, dans les vieilles démocraties, n’en peuvent plus de la mise hors controle de leurs représentations politiques. Et c’est exactement celà qu’ils ne supportent plus et ils ont raison.

J’en reviens donc à Mr Rocard :
Le Oui Socialiste n’était donc pas réformiste (une réforme importante permet d’avancer dans la démocratie) mais bien anti-democratique, et de la pire espèce.

Le parti de la réforme était bien dans le non de gauche (réforme pris là dans son sens noble, impliquant un progrès dans les droits, libertés et pouvoirs du peuple et des individus).

Et l’affirmation n’est pas formelle.

Rocard ne peut donc prétendre être en filiation du parti de la réforme, même pas de l’histoire du Parti Socialiste qui presente pourtant un certain nombre de pages peu glorieuses.

Mr Rocard n’est pas un réformiste. Il ne peut prétendre à celà.