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> Le 29 mai allemand

22 septembre 2005, 20:59

Aller vers le pluralisme… 54 sièges pour sauver la démocratie au Bundestag !

La situation impromptue qui place la politique allemande dans d’haletantes tractations n’est pas due au hasard, c’est d’une part la résultante d’institutions qui prédisposent à faire parvenir – au sens démocratique du sujet – la plus grande quantité de formations politiques au pouvoir par ce jeu des coalitions qui nous paraît plus autobloquant (mais il peut l’être) qu’apte à dérouler des programmes d’envergure portée par des partis monolithiques qui, bien qu’ils atteignent les 30% ou 35%, n’en restent pas moins une majorité de partis minoritaires ne dépassant pas plus du tiers de la représentation électorale.

Non ! La constitution allemande appelle à plus d’exigences démocratiques en cherchant la coalition la plus élargie et ainsi la plus représentative du plus grand nombre de ces formations politiques existantes sur l’échiquier politique de la Westphalie à la porte de Brandebourg…
Schröder et Merkel en tête à tête absolu deviendraient les seuls décideurs des suites à donner à des politiques plus en retrait des progrès futurs avancés par la formation écologiste et un communisme que beaucoup estiment, à tort, relégué au musée de l’histoire politique de l’Europe… Et bien c’est faire preuve de totalitarisme, d’un insupportable apparatchiksme tatchérisé ; c’est le putschisme étatique conduit par deux formations (SPD et CDU) monolithiques engagées à ne concéder rien à personne, qui ne comptent que sur eux-mêmes pour finir par ne prendre en considération qu’un tiers – probablement payeur – d’une partie du pays.

Ce tiers de Schröder coalitionné à l’autre tiers de Merkel n’en ferait pas deux mais ne resterait qu’« un » et isolé, là où les solides bases démocratiques parlent toujours d’un fonctionnement à trois (Verts, Rouges, FDP ?) pour préciser à qui n’aurait pas compris l’urgence qu’il y aurait en Allemagne à configurer un gouvernement d’opposition afin d’éviter aux « Lander » de connaître une sorte de rouleau compresseur sensiblement identique à celui qui passe sur la France avec l’appellation UMP et des mesures qui se succèdent à la pelle mais qui génèrent les tôlées syndicales et les levées de boucliers a-postériori que l’on connais…

Aller vers le pluralisme ce n’est pas disposer d’un système démocratique avancé pour que des partis se fassent une concurrence déloyale dans le but d’éjecter et de supprimer ses opposants une fois franchie une barre « majoritaire » sujette à discussions et posant une nouvelle problématique des alliances au sortir de ces élections anticipées qui iraient même jusqu’à (préfèreraient même peut-être) voire une simplification de la démocratie au travers d’une entente Merkel / Schröder qui expulserait de facto toute autre alternative pluridisciplinaire puisque n’y seraient de la sorte ni associés les Verts, ni la FDP qui connaît également un méritoire rebond et encore moins la formation (coalition déjà existante faut-il le préciser ?) LinkParteil qui, quoi qu’il arrive est déjà le grand vainqueur de cette consultation électorale puisqu’avec leurs 54 sièges ils pourraient devenir un pôle d’attraction pour les indécis et un catalyseur dans l’hémicycle d’autant plus que c’est au sein de cette formation qu’on trouve les solutions à tous ces problèmes auxquels sont appelés à faire face les partis conservateurs aux issues droitières dont on connaît le panel apeurant étalé à longueur des colonnes des médias : chômage (évidemment), impôts (cela coûte) et une réforme de l’Etat à la clé n’en finissent pas d’ornementer la diatribe acharnée contre laquelle une réelle opposition propose un autre schéma de gestion et d’autres considérations sociales pour parvenir à un redressement effectif qui ne fait pas que sommer le produit des idéaux utopique avec d’irréalisables promesses…

Peindre cette démocratie en envisageant des alliances farfelues aux couleurs bigarrées qu’exigerait presque le verdict des urnes n’est pas qu’un pur infantilisme comme l’a qualifié Daniel Cohn-Bendit mais, et il l’a fort bien souligné, relève d’une société qui n’est pas culturellement formée et disposée à envisager ce genre de configuration qui apparaît, à tort et sous couvert de nombreux préjugés, comme étant quelque peu révolutionnaire… Non ! Il s’agirait plutôt de convaincre tout le monde que les pourcentages des électeurs ne sont pas destinés à supprimer des partis mais d’en solidifier quelque uns dans le but d’un fonctionnement élargi ou appelée « grande coalition » dont personne ne doit être laissé de côté…

Il faudrait qu’une autre issue sorte des tractations qu’ont entamé les représentants avec l’appui des médias pour envisager l’unique continuation des urnes qui estime en droit de faire fonctionner la seule alliance possible, à savoir, un Schröder un peu plus à droite et une Merkel qui ne sera jamais à gauche. Ces deux histrions politiques que sont devenus le SPD et la CDU ne doivent pas fermer la porte à la démocratie et aux conduites des marches, ou marges gouvernementales, aux trois tiers restants (Vert – Link – FDP) qui regroupent à eux trois le quart de l’électorat ; hormis les deux pointures mentionnées ci-dessus… Ce serait faire preuve de persévérance dans une abnégation du pouvoir dont les organes structurels appellent à plus d’unicité qui proviendrait non pas d’un monolithisme mais d’une ouverture aux forces représentatives de la démocratie qui font chuter à 35% uniquement les deux principales formations politiques qui perdent de leur splendeur et de leur prestige face à l’organisation pluridimensionnelle que pourrait constituer une coalition Verte – Rouge – FDP… si « culturellement » l’épicentre du parti FDP> semble plus disposé à retrancher la part de conservatisme dont la CDU n’a jamais réussi à s’extirper pour comprendre que les meilleurs alliances fonctionnelles ne peuvent, pour bien fonctionner, que s’unir à trois ! Une nation tripartite ! Ce que sont incapables de réaliser SPD et CDU réunis…

Ainsi, faire la démocratie comme le demande les urnes, consiste à demander aux deux représentants majoritaires - mais minoritaires aux regard de l’ensemble du pays – de faire farce de choux gras, de descendre de leur piédestal et d’ouvrir la porte aux idées qu’ils n’ont jamais compris…