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Le neo-liberalisme passe sous le despotisme d’entreprise...

22 octobre 2005, 22:42

Je n’ai jamais conçu autrement la bataille pour une autre société comme une bataille libérante avant tout pour les individus. Une bataille qui permette plus de liberté et plus de controle sur son propre destin pour chacun et chacune, sans que cette liberté et ce pouvoir soient construits sur des servitudes et des subordinations assénées à d’autres.

Cette bataille possede et possedra toujours ses contradictions qui peuvent des fois opposer l’objectif au chemin quand nous n’y prenons pas garde. Ce qui imposerait des processus de libération qui tiennent en laisse des despotismes collectifs de transition ecrasants les individus, tout autant qu’une guerre aux despotismes autoritaires du passé (dont le capitalisme est un fleuron tout autant que les sociétés nomenclaturisées).

L’idée même de démocratie, si elle est supérieure aux autres systèmes (sauf ceux qui seraient à inventer qui iraient encore + loin en ce sens) est quelque part une tyranie par rapport aux libertés indviduelles, même en developpant une démocratie economique (les travailleurs controlant démocratiquement les entreprises), même avec toutes les garanties possibles et imaginables sur les libertés (des individus et des minorités).

Alors evidemment, pas d’idées absolues et de solutions idéales dans tout celà...

Mais quelques pistes peut-être , comme travailler sans cesse pour que le chemin comme l’objectif protegent le + possibles les libertés de l’individu, les pouvoirs de l’individu sur son propre sort.
A tout instant nos batailles ne doivent pas désincarner les individus, nos batailles doivent toujours permettre des libertés supérieures aux exploités que celles que leur accordent le monde néo-liberal.

Le neo-liberalisme et la chûte des systèmes bureaucratiques qui mimaient en même temps les sociétés pré-capitalistes imperiales et le capitalisme dans leurs travers les plus sordides, nous obligent encore plus fortement à réflechir là dessus.

Mais, on peut, et probablement on doit, rappeler que le néo-liberalisme est d’une discretion de violette sur l’extreme despotisme régnant dans le fonctionement intime des entreprises.
Les entreprises du monde liberal sont des systèmes bureaucratiques autoritaires ne tolerant rien à l’interieur d’elles-mêmes qui ressemble de près ou de loin aux libertés d’expression des individus subordonnés par le salariat, qui ressemble à des controles démocratiques sur l’orientation de l’entreprise...

Quand tu rentres dans une entreprise, tu déposes à l’entrée toutes tes libertés et surtout tu n’es plus un citoyen, tu as loué ton renoncement à l’être dans les couloirs de la boite qui t’a embauché.

As-tu le droit d’entrer et de sortir librement ? Non tu seras puni si tu le fais
As-tu la liberté de parole, de réunions, de la presse ? Non....
As-tu un droit démocratique quelconque sur l’orientation de l’entreprise ? non, rien.

le neo-liberalisme ne traite que très mal ces questions et cache mal ses résultats concrets : des pratiques despotiques de domination sur les individus en interne amenant à l’exteriorisation de ces pratiques vers l’exterieur de l’entreprise, corruption, achats de moyens de propagande, chantages, extorsions de fonds aux systèmes democratiques, des fois meurtres, très grands meurtres, immenses meurtres quand la logique d’accaparement l’impose, destructions accelérées de la nature guerres,... etc etc etc....
Les libertés et la démocratie ne sont, dans les pratiques du liberalisme, que des rencontres hasardeuses de voyageurs pour les plus cyniques, ou bien des comodités de lutte, des leviers propices pour les capitalistes quand celà est necessaire, répudiés sans l’ombre d’une hesitation quand les interets l’exigent.

Une partie de la gauche intellectuelle a été fortement séduite par le liberalisme, en entrant dans une situation où une partie des individus qui constituaient ces strates intellectuelles obtenait une grande liberté individuelle, un pouvoir accru sur leur destin personnel par le fric et leurs activités non construites directement sur des subordinations, des disciplines imposées de l’exterieur, etc...

Une partie du divorce avec les "elites" vient de celà : une petite frange dans un recoin de l’oeil du cyclone, libre dans sa vie, libre par son fric qui finit par avoir une vision du monde fortement déformée par sa place personnelle ( très differente de la nombreuse corporation et tout aussi honorable des-salariés-livreurs-de-pizza-aux risques-de-leur-vie-et-aux-salaires-de-misere....).

Cette vision conduit ces élites à penser les batailles de solidarité comme des supplements d’âmes, et elles ne peuvent absolument pas comprendre que ces batailles puissent les impliquer serieusement dans leurs chairs. Ils ne peuvent comprendre le reactions populaires que comme des problemes psychologiques car ils ne peuvent ressentir les effets de la subordination sur les libertés réelles et matérielles des salariés normeaux, de l’écrasante majorité de la population.

Il n’est nullement en question là dans mon propos de m’attaquer d’une façon ou d’une autre aux libertés de ces couches très minoritaires et particulières mais comprendre comment elles en sont venu à ne plus comprendre trop ce qui se passait dans la société, leur propre sort dominant leurs regards.

"Allons, ce ne doit pas être si dur que celà !...." L’âpreté d’un discours révolutionnaire leur parait, dés qu’il se rapproche et n’est plus lointainement exotique, comme dépassé et outrancier, archaïque et dangereux, car leur sort personnel ne leur dit rien de tout celà, ils ne ressentent rien de tout celà. Pour eux tout va bien...Autistes de leurs congeneres..., ils ne peuvent comprendre les chemins qui ameneraient des libertés de même niveau pour l’immense majorité de la population que celles dont ils bénéficient... et avoir de singulières difficultés même à comprendre, que notre livreur de pizza, bac + 5, précaire, puisse être un foreumeur distingué sur le net, un danseur de claquettes le soir...

Même leur pré carré devient de plus en plus étroit, il y a les grands chefs journalistes qui ramassent et sont libres pendant que des journalistes livreurs de pizza mal payés et précaires rejoignent la cohorte du salariat subordonné.

Un des paradoxes à l’oeuvre c’est la formidable poussée du niveau d’instruction des populations des pays industrialisés, leurs acces de plus en plus aisés à ce qui étaient des prés-carrés reservés avant des "intellectuels"....Les métiers necessitent de plus en plus des flux très importants d’échanges, un travail de plus en plus intellectuel.
La place des intellectuels au sens traditionnel du terme tend à disparaitre....Du moins une très grande partie du prestige qui lui est attaché est en train de s’enfuir à très grande vitesse. les BHL font + rigoler maintenant plutôt qu’incarner une autorité morale quelconque qu’ils semblent exiger, de plus en plus en trepignant, de la société.
Leurs espaces deviennent formidablement réduits, superficiels et peu sérieux face au formidable essor intellectuel et populaire de la population, visible sur le net par exemple.

D’ailleurs un des paradoxes les plus notables de ces derniers temps a été les torrents de mépris, voir de haine, déversés par les derniers petits marquis contre le "peuple" ce dernier mot étant craché comme la pire des injures, coincée entre les bottes de Mussolini, et les SA de l’enfantement du nazisme... Les attaques sur le peuple stupide et méchant (je raccourcie outrageusement) cachent mal que c’est sur le terrain de l’intelligence, du raisonnement, de la démocratie et de l’humanité que nos "intellectuels" liberaux ont eu les joues fessées, le net.

Là, les estrades étaient plus basses, les chairs moins hautes, le son revenant dans tous les sens et pas en un seul flux unidirectionnel....

Vive les libertés !

Copas