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> Ne laissons pas le monopole de la personne au néolibéralisme et à sa définition marchande.

23 octobre 2005, 11:23

Toujours le même refrain, l’individualisme... Mais c’est un philosophe contemporain comme Bernard Stiegler (et non pas quelque keynesiano-marxisme "rance") qui soutient que ce sont les processus d’individuation même qui sont sociaux. La singularisation de l’individu, sa construction personnelle s’opère par et dans des schèmas émotionnels et intellectuels "donnés" par la "culture" (au sens très large du terme). Selon lui la colonisation par l’idéologie de tous les aspects de la vie, techniquement aujourd’hui "suréquipée" avec le multimédia, depuis la plus petite enfance (tv, "jeux" vidéo, manga...), serait parvenu à un tel point qu’elle menacerait ces processus d’individuation même, caractérisant ce qu’il n’hésite pas à décrire comme une "décadence des démocraties industrielles" (cf. Mécréance et discrédit 1. La décadence des démocraties industrielles. 2004. Ed. galilée). Vanter les vertus de pauvre zombie entièrement programmé par les "industries culturelles", dont la publicité célèbre la "liberté" de "choisir" entre telle ou telle marchandise-mode de vie rigoureusement interchangeable, voilà qui ne nous change guère du discours permanent et ininterrompu du Marketing, et sa version pseudo-politique le soi-disant "libéralisme". C’est bien plutôt de la destruction des individualités par l’ "indivdualisme contemporain" qu’il faudrait réfléchir. Quant à la critique du despotisme bureaucratique (qui lui aussi envahit chaque jour davantage un petit peu plus le moindre geste de la vie quotidienne) de la marchandise et de l’Etat, qui pourrait être sous-jacente à ce discours apologétique de l’"individualisme de gauche", force est de constater qui l’est absent. Comment s’en étonner quand on sait que les auteurs évoluent comme des poissons dans l’eau dans les multiples et lourds appareils étatico-bureaucratiques (presse, médias, universités, partis politiques bureaucratiques, commissions téodules...).
Ces discours sont la version "alter" de l’apologétique du marketing contemporain.