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> Laurent Fabius a égaré "son" dictateur

3 novembre 2005, 18:48

Maxime Vivas
En demandant si Villepin, Lang, Sarkozy ou Kouchner "ça serait moins pire" vous posez la question qui nous divise ici alors que tant de choses nous rapprochent. Le pb est en effet qu’on va être obligé, une fois de plus, de voter en se demandant quel est le "moins pire".

Et passent les décennies sans que cela change. On sait qu’on va être cocus, mais les autres sont pires, alors on choisit celui qui nous collera les cornes au front. Et malheur à celui qui, dans le camp de ceux qui vont être à nouveau obligés de voter, non pas POUR un candidat de gauche, mais CONTRE un de droite dit, comme je le fais : "Non seulement il nous raconte des bobards (il dit vouloir renationaliser !!!) mais, sur les points où il sent qu’un consensus est possible en raison du pilonnage médiatique piloté depuis Miami, il annonce la couleur." Cuba, voilà l’ennemi. Il s’inscrit ainsi dans le sillage des USA dans leur lutte contre la montée des résistances. Sinon, comment expliquer qu’il cogne si régulièrement (voir son article dans le Nouvel-Obs auquel j’avais d’ailleurs répondu) sur Cuba et pas sur de vrais dictatures, sur des dictateurs corrompus, voleurs, sanguinaires, vendus aux USA ?

Aïe, j’ai écrit ça ! Et me voilà coincé. Si je dis ça, je bâtis un discours stalinien d’après Claude de Toulouse (qui affirme néanmoins ne pas me viser en tant qu’homme aux dispositions de "procureur" pour procès de moscou ! ???) et je participe à la défaite de la gauche. Tel qui a pris un marron sur le nez, qui voit arriver le second et qui crie "arrêtez" est coupable de troubler la paix de la gauche et son ardeur au combat.

Cependant, après avoir passé ma vie à voter socialiste (au moins au second tour et je préfère oublier mon vote pour Chirac en 2001) je me déterminerai sur les questions, non pas de politique intérieure égoïste (le taux de croissance, la sécurité, etc.) mais sur des questions internationales qui déterminent comme jamais toute la politique des pays (Toute : santé, éducation, emploi, paix, retraite, respect de la planète, etc.). Je constate hélas que Fabius, au-delà de la gauchisation de son discours est l’homme de la soumission à l’empire. C’est l’essentiel. Ses charges répétitives contre Cuba sont révélatrices. Les autres feront pareils ? Eh bien, on le dira pareillement à chaque fois qu’ils annonceront leur allégeance par le biais commode de l’anti-cubanisme.

Dans ce combat politique, où je n’ai que des coups à gagner (comme tous les amis de Cuba), il ne saurait y avoir de parenthès stratégiques le temps d’une élection. Il faut rendre coup sur coup là où la parole nous est donnée (et les endroits sont rares, regardez dans quel journal Cuba n’est pas LA cible).

Et comptez sur moi pour être à St-Denis le 12 novembre au grand rassemblement de soutien à Cuba. Je sais que j’y rencontrerai des gens formidables, des gens de coeur et de courage, Je sais qu’on va s’embrasser et peut-être pleureur un peu. Et je sais que, si on aborde la question des présidentielles, on va se demander comment, dans un grand pays comme la France où les talents sont légion, on n’arrive pas à faire émerger des leaders politiques pour qui on aurait envie de voter autrement que pour écarter les pires.

Si ce candidat-là existait, on ne serait pas ici en train de se disputer (à la limite de l’insulte) alors qu’on est d’accord.