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> NAVARRO et ARROYO sont en grève de la faim à Cuba

4 novembre 2005, 15:35

De Maxime

Pourquoi cette fixation sur Fabius ? demande quelqu’un. Je ne faisais que répliquer à son attaque (une de plus) contre Cuba. Si Hollande ou Lang font comme Fabius, ils auront droit à la même réplique. J’ai lu aussi plus haut que Fabius n’a pas participé à la campagne sur le référendum. Exact, il était parti opportunément à l’étranger (aux USA, sauf erreur).
Antimite, tu me demandes si je suis allé à Cuba. J’y étais il y a deux ans et je corresponds régulièrement avec des amis français qui y vivent et avec d’autres. Je lis chaque jour toutes les nouvelles disponibles sur Cuba (pour et contre). On trouve ça facilement sur le Net et en particulier sur le site cubasolidarityproject (Pub : le modérateur du site est un des co-auteurs du livre « Les Etats-Unis de mal empire » auquel j’ai collaboré et où les problèmes discutés ici sont largement développés).
Sur les grévistes de la faim à Cuba. On est bien d’accord qu’il ne s’agit pas des 200 de Guantanamo mais de 2 des mercenaires arrêtés en 2003 ? C’est bien ça ?
Le principe de la Révolution (pourquoi dis-tu « le régimes castriste » ? Tu dis aussi « le régime bushien » ou « le régime blairiste » ou « le régime brésilien, ou colombien, ou péruvien » ?) est celui édicté par José Marti : « Dans la Révolution, tout. Hors de la Révolution, rien ». Dans le contexte actuel à Cuba, « dans la Révolution », ça veut dire une extraordinaire liberté que je n’ai jamais constatée dans les dictatures (je pense au pays de mes parents, l’Espagne ou tout était interdit, jusqu’au maillot de bain deux pièces). Hors de la Révolution ça veut dire que quiconque est payé par la puissance ennemie est un mercenaire et un traître. Je ne parle pas de « dissidence », mot employé ici pour dire « opposant » cubain. Plus de 15 000 cubains ont signé (avec noms et adresses) le « projet Varela » demandant une évolution politique et ils ne sont pas emprisonnés. Les 75 prisonniers étaient tous stipendiés par la SINA (Section des Intérêts Nord-Américains, équivalent d’une ambassade) de La Havane. Un procès a eu lieu, des preuves concrètes ont été fournies, des témoins on raconté (parmi eux, des « mercenaires » qui étaient en réalité des agents de la sécurité cubaine et qui ont montré comment ils étaient rétribués et en échange de quels services). Le procès n’a pas eu lieu à huis clos, contrairement aux bobards de RSF, mais en public et en application des lois qui, en l’occurrence, sont celles de nombreux pays occidentaux (je pense ici à l’Espagne qui leur a légué son Code civil). Le Chargé d’affaire US n’a pas été autorisé à y participer car, disent les impertinents du « régime castriste », dans quel pays un ambassadeur, non apparenté avec les accusés et non impliqué ( !!!!) est-il autorisé à se mêler d’un procès fait à des autochtones ?
Aucune ONG ne prétend que les prisonniers cubains sont torturés et qu’ils meurent en prison (les mœurs du « régime castristes » diffèrent en ce sens de celles de la GB (Boby Sands) des USA ou des nôtres). Je te conseille de lire sur ce site mon article « Toutes les prisons sont laides ». Par expérience, je sais combien la propagande anti-cubaine peut être virulente et menteuse sur ce point. Vous vous rappelez de la désopilante affaire Valladarès ? (non ? Je vous la raconte plus loin). Plus récent, alors : Raul Rivero, un des 75 : sa vie était en danger en prison, il avait perdu 30 kg, etc. Or, les Cubains le libèrent du jour au lendemain et voici notre Raul, gros et gras, l’œil vif, qui sort, fait une conférence de presse mondiale, précise qu’il a lu le dernier Gabriel Garcia Marquez et que, ô enfer des prisons « castristes » (au fait, est-ce qu’on dit : « prisons chiraquiennes, prisons berlusconiennes,etc.) il se plaint des conditions de détention : « un grillon l’empêchait de dormir (sic).
J’en souhaite autant à tous les prisonniers US aux USA, à Guantanamo, à Abou Ghraib et dans toutes les prisons clandestines dont on n’a pas le temps de parler ici, l’accusé étant Cuba, n’est-ce pas ?.
A part ça, Antimite, je souhaite (comme toi) à tous les prisonniers cubains de sortir rapidement de prison, d’y être, en attendant, traités mieux que dans les celles des pays donneurs de leçon. Mais il va falloir aider le « régime, etc. », notamment en ne l’obligeant pas à avoir recours à des mesures de coercition dont la Révolution se passerait car, voyez ce qu’elle fait pour son peuple, c’est le bonheur de tous qu’elle veut. Et elle le veut tellement qu’elle est prête à mettre à l’ombre les quelques-uns qui travaillent au retour de la situation d’avant.
A La Havane, je demandais à un ami français qui vit là-bas depuis 30 ans : « Mais comment se fait-il que, depuis 45 ans, un mouvement national, patriotique, jaloux de l’indépendance de Cuba, mais partisan d’une autre politique économique n’ait pas vu le jour ? Comment se fait-il que la population ne pousse pas à un autre projet ? » Sa réponse : « Chaque fois qu’un tel mouvement s’est amorcé, les USA l’ont noyauté, acheté et en ont fait une association de traîtres. Car ce qu’ils veulent depuis toujours, ce n’est pas la « démocratie », c’est Cuba. Et l’idée d’un autre gouvernement qui serait alement patriotique est pour eux un cauchemar. »
Je pense que les grévistes de la faim (si l’information est vérifiée, je me méfie, à force) sont les jouets de ce choix US. A ce titre-là, je les plains.
Je me méfie en pensant à l’affaire Valladarés. Ex policier du dictateur Batista, arrêté à Cuba dans les années 60 alors qu’il transportait des explosifs, il a bénéficié d’une campagne internationale en faveur de sa libération. La presse le disait poète et paralytique. Quant les autorités cubaines ont décidé de l’expulser vers l’Espagne, le président François Mitterrand a dépêché Régis Debray pour l’accueillir à sa descente d’avion. La foule des photographes a vu alors un homme hilare et ingambe descendre lestement la passerelle. Amnesty International a discrètement replié le fauteuil roulant, les officiels se sont éclipsés. Aujourd’hui, on sait que le seul poème dont il s’est prévalu était un plagiat et il vit aux USA, ce qui fit dire à Debray : « Le poète n’était pas poète, le paralytique n’était pas paralytique et le Cubain est Américain. »
En conclusion, si les arguments des amis de Cuba vous semblent discutables, j’affirme que nous n’avons pas besoin, nous, de mentir. Voilà une des nombreux points qui nous distinguent des ennemis du « régime…etc. ». Un autre point, est que c’est l’amour pour un peuple et le formidable espoir qu’il porte qui nous anime. En face, on sent souvent la haine, il me semble. Non ?