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> Les émeutes en France sont un symptome d’un mal européen, d’un mal ultra-liberal...

9 novembre 2005, 21:46

Ah ! Pour enfoncer le clou :

LE MONDE | 24.10.05 | 14h10
LONDRES de notre correspondant

Le calme est revenu dimanche 23 octobre à Birmingham, la deuxième ville d’Angleterre, au lendemain d’émeutes qui ont opposé des membres des communautés noire et sud-asiatique et fait un mort et une vingtaine de blessés, dont un policier. Ces violences avaient éclaté après plusieurs jours d’une vive tension provoquée par le viol présumé d’une adolescente noire.

Tout a commencé à Lozells, un quartier multiethnique de quelque 30 000 habitants, après qu’une radio pirate de la communauté afro-caribéenne eut fait état du viol d’une jeune Jamaïcaine de 14 ans par une vingtaine d’hommes originaires d’Asie du Sud. La police dit pourtant ne posséder "pas l’ombre d’une preuve" à propos de ce crime sexuel, aucune plainte n’ayant été déposée.

Nourrie par la même radio pirate, la rumeur s’est répandue pendant plusieurs jours dans le quartier. La victime n’aurait pas porté plainte car, immigrante illégale, elle craindrait d’être expulsée.

Désireuse de calmer les esprits, la police avait organisé une réunion publique dans une église à laquelle participaient quelque 300 personnes, en présence du député local, Khalid Mahmood, un travailliste originaire de la communauté pakistanaise. Des banderoles faisaient état du soutien de l’auditoire aux "victimes silencieuses" des agressions sexuelles. Plus d’un millier de personnes avaient au cours des derniers jours signé une pétition réclamant "justice" pour la jeune fille.

BOUTIQUES ATTAQUÉES

Les incidents ont éclaté juste après cette réunion. Selon certains témoins, une centaine d’Asiatiques se sont rassemblés et ont enfilé des masques et des cagoules. Selon d’autres, un groupe a lancé des pierres vers l’église. La bagarre a dégénéré en émeute. Des policiers en tenue antiémeute ont essuyé des jets de pierres et de bouteilles. Des voitures ont été renversées ou incendiées. Des boutiques ont été attaquées. Des jeunes armés de battes de base-ball s’en sont pris à des automobilistes, dont une reporter de l’agence britannique Press Association, Alex Thompson. Un Noir d’une vingtaine d’années est mort à l’hôpital après avoir été poignardé à l’arme blanche. Selon la police, les violences ont été déclenchées par des "fauteurs de troubles" venus de Londres et d’autres régions du pays.

Le commissaire divisionnaire adjoint, David Shaw, a appelé les gens du quartier "à ne pas appliquer la loi eux-mêmes" , à "cesser de répandre des rumeurs" et "à faire un effort collectif pour que les événements en restent là". Il a rappelé que la police avait traité l’affaire sérieusement, que l’enquête se poursuivait et qu’elle "voulait absolument parler à la victime". Ces émeutes, a-t-il ajouté, "ne reflètent pas l’état des relations entre les communautés de Birmingham".

Le quartier de Lozells abrite deux importantes communautés d’origine jamaïcaine et sud-asiatique (venue du Pakistan, du Bangladesh et d’Inde) qui, à elles seules, représentent plus des trois quarts des habitants. C’est une communauté défavorisée, avec 22 % de chômeurs, plus de 30 % de parents célibataires, et 20 % de bénéficiaires d’indemnités pour maladie de longue durée.

Une rivalité oppose certains gangs, qui en sont issus, notamment pour le contrôle du trafic de drogue. Il y a vingt ans, en septembre 1985, de violentes émeutes, restées dans les mémoires, avaient dévasté pendant deux jours Lozells et Handsworth, un quartier tout proche, à la suite de l’arrestation d’un Noir par la police.
Jean-Pierre Langellier
Article paru dans l’édition du 25.10.05


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