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> Marie-George Buffet : nous mettons en débat publiquement la possibilité d’une candidature communiste

21 décembre 2005, 08:41

Le PS vient de convier les Verts, le PC et le MRC autour de la table pour discuter programme de campagne ? Le PC a accepté en soulignant que ce happening est ouvert à toute la gauche, y compris la LCR et LO exclus d’office par la Hollandie ! Jugeons sur place. Imaginons la rue de Solférino, bouclée par la société Sécurité Dog, empêchant Besancenot et Arlette (de toute façon elle n’ira pas) d’entrer dans l’antre de la nouvelle gauche plurielle. Les caméras avides de sensationnalisme saisiraient l’occasion d’en rajouter une couche sur ce grand guignolesque. Plus sérieusement, que cherchons-nous au juste ? A faire changer de braquet le PS, comme le croient encore Filoche, Dolez ou Montebourg ? Hérésie. Les libéraux du PS ont verrouillé l’appareil, ils ne se laisseront pas déloger. Leur vision du monde est à l’échelle de ce qu’en font actuellement les multinationales. D’ailleurs on ne les pas entendu pendant la conférence ministérielle de l’OMC à Hong-Kong. Il est vrai que dans la place, il compte l’un de leur plus brillant élève : Pascal Lamy.

Alors que reste-t-il ? La nouvelle gauche. Assurément. Mais là entre les écrits, les discours et la pratique, c’est à qui perd gagne. Il serait si simple que les têtes de ponts du PS (Montebourg, Dolez, Filoche), du PC, de la LCR, de LO si ils le veulent (?), lancent concrètement l’élaboration d’un projet de société. En clair, qu’ils appellent tous leurs militants à se rencontrer dans chaque commune, dans des bars, dans des MJC, dans des entreprises, sur des places publiques, dans des centres sociaux, dans les banlieues, dans les cafétarias, les restos (pour ceux qui en ont les moyens, d’ailleurs ils peuvent inviter à cette occasion ceux qui n’en ont pas.. de moyens), les appartements.... enfin partout où c’est possible (ça l’a été durant la campagne référendaire) pour qu’eux, les militants, les citoyennes et citoyens non affiliés, disent ce qu’ils attendent d’un tel projet de société. A charge pour les têtes de pont, avec toute l’intelligence qui est la leur, d’en faire la synthèse, de la remettre en débat contradictoire si nécessaire. Cette méthode serait plus conforme à ce que je peux lire ici ou ailleurs, à ce qui se déroule aujourd’hui dans notre pays, c’est à dire la réunion d’hommes et de femmes, militants ou pas, qui ont ce désir là, cette volonté là à dépasser les structures, à remettre à l’endroit une représentativité politique désormais complètement décalée de la société dans laquelle nous vivons.

Chez les militants se distinguent deux positions. La première, légaliste au possible qui attend l’imprimature de l’état major pour agir. La deuxième, plus vivante, plus frondeuse qui, individuellement ou collectivement, pousse des portes jusque là déconseillées ou interdites. C’est à ce prix que nous aurons les arguments le plus juste possible et le programme qui va avec. Pas en comptant sur la personnalité des uns et des autres pour nous sortir du bourbier. Je respecte le PC, les dissidents du PS et des Verts, la LCR et LO (bien que pour discuter avec eux c’est pas coton), je ne crois plus aux étendards, à leur capitainerie fusse-t-elle sincère. Je crois à nos dispositions volontaires à créer les conditions d’un réel rassemblement de gauche par nous-même. Imaginons d’aventure qu’entre le 1er janvier et le 30 juin 2006, tous les militants de ces partis, des organisations syndicales et associatives organisent non pas des forums débats monstrueux, des meetings avec tribune bien lissée, mais des réunions (10 à 20 personnes pas plus) de quartier , de commune pour confronter leurs idées, leurs vécus, leurs sentiments, leurs malaises, avouez que ce serait plus percutant que les effets de manche qu’on nous ressort continuellement. Un peu à l’image de ce qu’à ouvert Bellaciao après le référendum sur l’Europe dont on rêve. Certes il y a de tout (des idées comme des contrepétreries, des poésies, des trucs complètement hors sujet, mais c’est ça bordel la vie, pas autre chose. Pas un langage normé, gentil. sécurisant, véritable, labellisé. Moi en tout cas, je suis prêt à le faire, à l’organiser chez moi dans mon quartier avec d’autres pour qu’enfin on sorte d’une délégation de pouvoir qui nous mènera encore à l’échec, avec tous les dégâts collatéraux qui s’enchaînent, s’imbriquent jusqu’à l’épuisement, la résignation, le dégoût. Faisons-le, n’attendons plus le Messie.
Bruno (Lyon)