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> CPE : Chirac promulgue la loi

1er avril 2006, 02:45

C’est à des moments magiques que nous avons assisté ce soir, lors de l’interminable manifestation qui a quadrillé Paris ce soir, et qui se poursuit encore à cette heure ! D’abord 20h Place de la Bastille : maigre foule, on écoute sur la place le disours de Chrirac. l’heure est à l’abbattement. Et puis, timidement "on" se décide de partir en manif, à un petit milllier "n direction de l’Elysée", par la rue Saint-Antoine. A l’hôtel de ville une cohorte d’étudiants survoltés nous rejoint. Puis un peu plus loin, devant le Louvre, venant à contre-sens d’autres étudiants arrivent. A partir de là ce sera une folle déambulation, où à chaque carrefour, la foule et des petits groupes délibèrent pour savoir dans quelle direction aller ! et miracle cà marche ! on bifurque à droite par la rue Montmartre, puis à gauche sur les grands boulevards direction Opéra. Arrivé sur cette place des bleus partout, une soirée de gala à l’Opéra ! (les bourges avec nous). Et hop on contourne le barrage, pour passer derrière les "mobiles", enquiller la Madeleine, et déboucher sur la place de la Concorde. On est 3 ou 4 000 à ce moment. Pas de casse, tout le monde gentil. Les flics ont ordre de laisser passer, de ne pas provoquer. Les champs élysées sont interdit par un gigantesque cordon policier. On passe le pont, et on est devant l’assemblée nationale. Des escouades de flics encore. Mais on enquille le boulevard Saint-Germain. Ensuite, mais ce serait trop long à détailler, on sillone Saint-Germain des Prés (en passant devant le Sénat, où une grande porte cochère est furtivement enfoncée, avant que tout revienne "dans l’ordre"), on arrive boulevard St Michel, et la foule va se recueillir devant la Sorbonne occupée par les hordes, mais qui ce soir boulevard Saint-Germain avait tombé le casque, discutait avec les badauds. ET hop on redescend sur le carrefour st Michel. IL est minuit. Tout s’est bien passé, les gens sont ravis, les automobilistes, même pas énervés (et pourtant le souk pendant 4 heures dans le centre de Paris).
On croit que tout va s’arrêter là. Mais non. Des plus speeds et des plus "radicaux", sont peu à peu arriver. Ils se fixent comme destination "Barbés", et remontent vers le Nord, par le Sébasto et le boulevard de strabourg. Là, l’ambiance a commencé à changer de ton. La police voudrait bien en finir. Mais dans la cohue des embouteillages, et des poubelles, contenairs , barrières de chantiers... disposés cà et là tout le long de cette avenue qui remonte vers la gare de l’’est, ralentissent considérablement leur progression. Les manifestants sont à nouveau nombreux : 2000 peut-être 3000.. ? Mais cela a un peu changer de physionnomie. Beaucoup sont là pour en découdre. Et quand vers 1 heure du matin , le cortège déboule sur le boulevard Magenta en direction de Barbès-Rochechouart, les vitrines de mac do et des boites d’interim commencent à voler en éclat. C’est toujours joyeux et festif, mais une certaine "rage" se fait entendre". Après la "belle et pacifique" manif du centre ville (de 20h à 24h) succède la manif "dure" des faubourgs. J’ai observé certains des jeunes qui cassaient les vitrines des boites d’intérim. On reconnaissait franchement qu’ils les connaissaient, et qu’ils avaient quelques ressentiments à leur endroit : des humiliations et des exploitations, étaient sans doute passées par là. J’ai quitté la manif à 1h30 à gare du nord. j’ai appris qu’elle est parvenue ensuite au moins jusqu’à la place de clichy.
La manif s’est métamorphosée au fil du chemin, à travers sa folle pérégrination. Mais sans tensions, sans affrontements entre les diverses sortes de manifestants. ’est la première fois que j’assiste à une telle manif (et pourtant depuis 30 ans j’en ai fait ! et pas seulement en France).
Je ne sais si c’est le "chant du cygne", ou l’amorce d’un nouvel élan dans notre lutte présente. Mais l’énergie y était. Les odieuses scènes du 23 mars et du (dans une moindre mesure) 28 mars dernier ont été balayées ce soir (même si beaucoup de contradictions et de "mauvaises attitudes" sont loin d’avoir été surmontées)
[je suis cependant inquiet pour les centaines et les centaines qui batttent encore le pavé. Et j’espère qu’ils pourront se disperser sans trop de heurts et d’interpellations. Beaucoup scandaient qu’ils manifesteraient toute la nuit, et "qu’ils n’étaient pas fatigués". Une énergie énorme]
Un anti-CPE enthousiaste.