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> La gauche italienne remporte les élections : de 50% à 54% des voix

10 avril 2006, 22:36

Possibilité d’un bogue électoral ?
LE MONDE | 10.04.06 | 14h32 • Mis à jour le 10.04.06 | 14h34

La nouvelle loi électorale italienne, discutée et votée au dernier trimestre 2005, comporte un défaut technique, qui pourrait rendre aberrants certains résultats. Il a été déniché par un groupe de mathématiciens travaillant dans le cadre de la faculté de statistiques de l’université La Sapienza, à Rome. "Il s’agit d’un bogue comme en informatique, c’est-à-dire d’une anomalie qui ne se vérifie pas à chaque fois, mais qui peut se produire en fonction de la configuration des votes", explique la chercheuse Aline Pennisi.

L’étude porte sur les élections à la Chambre des députés, dont les 630 sièges sont répartis en fonction de la "double proportionnalité" définie par la loi électorale italienne. Les sièges sont attribués selon les résultats nationaux de chaque parti. Mais simultanément, on procède aussi à une répartition régionale, en fonction des votes recueillis dans chacune des 27 circonscriptions territoriales. C’est là que le bogue est tapi : le nombre des sièges attribués nationalement à un parti peut ne pas correspondre avec la somme des sièges qu’il a obtenus circonscription par circonscription. Si cela se produit, la loi ne prévoit rien.

En modélisant des situations réelles tirées du vote de 2001, les chercheurs ont "provoqué" des milliers de bogues électoraux. Leurs résultats ont été repris par l’association de recherches Nuova economia nuova societa (Nens), proche du centre gauche, qui a multiplié les simulations.

Dans un cas extrême, Nens a abouti à une situation où la coalition minoritaire en nombre de voix pouvait obtenir plus de sièges que les 340 attribués à la coalition majoritaire. L’éventualité d’un bogue a été envisagée par le législateur, qui a introduit dans la loi un mécanisme de rééquilibrage dans l’attribution des restes. "Pas de chance, cette procédure ne fonctionne pas non plus car le problème se situe en amont", sourit Aline Pennisi.

C’est elle qui a débusqué le défaut après avoir travaillé sur la précédente loi électorale pour son doctorat : "Il existait déjà, mais c’était moins grave car la proportionnelle n’entrait que pour 25 % dans la loi électorale, dit-elle. J’ai été surprise de constater que le modèle avait été reproduit sans modification dans la nouvelle loi, alors que ce type de difficulté a déjà été étudié et surmonté par des mathématiciens."

Jean-Jacques Bozonnet (Rome, correspondant)
Article paru dans l’édition du 11.04.06