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> la peur de gagner

3 juin 2006, 14:43

CONTRAIREMENT...

... à ce que vous dîtes, je ne suis pas d’accord avec votre appréciation sur la nature des "hésitations" de la LCR et du PCF.
Non seulement je ne mets pas la LCR et le PCF dans "le même panier", mais je ne vois pas ce qui vous permet de parler de peur d’engager le combat pour le changement, particulièrement pour le PCF.
Ce parti auquel je milite a prouvé dans l’histoire que la lutte ne lui fait pas leur, ni dans la rue ni dans la clandestinité, lorsque les circonstances l’imposent.
C’est parler bien légèrement et peu sérieusement d’un sujet sérieux que de faire comme si çà pouvait être oublié.

Pour dire encore les choses clairement, je doute du caractère "miraculeux" et "rédemptoire" d’une candidature José Bové. Nous ne croyons (plus) au sauveur suprême, ni (jamais) au césarisme. Et précisément dans cette candidature Bové, il y a un côté inquiétant.
Je vous reppellerai juste un point d’histoire pas si lointaine.

Le PCF, à un moment de l’histoire où il renonça provisoirement à la conquête directe du pouvoir sous ses propres couleurs, pour choisir une voie basée sur l’alliance avec d’autres forces de gauche contre le Général De Gaulle, avait choisi un obscur homme politique sans expérience, inscrit à la Convention des Institutions Républicaines... c’était François Mitterrand. Cet homme, que le parti pensait tenir dans sa main, prit du poids sur le théâtre de la vie politique française et prit aussi la direction du PS (alors SFIO). Il avait énoncé une conception toute personnelle de l’union : s’allier au PCF pour lui prendre 2 à 3 millions de voix et l’abaisser à 12-15%, à une époque où il gravitait entre 20 et 25%.
En 2 décennies, Mitterrand s’affranchit de son allié, et renversa le rapport des forces (des 5% de Deferre à 25%) au profit de son outil de conquête du pouvoir : le PS. Puis arriva 1981 et le couronnement de ses ambitions : Mitterrand devenait chef de l’Etat dont il disait pis que pendre dans "le coup d’Etat permanent"...
Il demeura à la tête de cet Etat quasiment jusqu’à sa mort, sans avoir changé le régime qu’il dénonçait quand il s’agissait de se faire sa place.

Eh bien, cher interlocuteur, c’est de ce scénario revisité que nous devons avoir peur, pour construire un outil qui nous garantisse contre cela et de plus qui nous permette de déboucher sur une autre démocratie, moins formelle, plus populaire, plus authentique.
Je ne vois pour cela qu’une solution : les Comités d’Union Populaire (c’est la démocratie directe) pour dynamiser un projet, le mettre en chantier, le bâtir, le pousser et faire éclore des compétences (des compétents et des compétentes) dans l’oeuvre collective et pour nous protéger des tentatives césaristes qui ne manqueront pas.
Cette démocratie doit équilibrer une démocratie représentative pour qu’elle représente bien le peuple plutôt que de l’annuler et de le remplacer.

Je suis donc aux antipodes de votre engouement positivement subjectif pour José Bové.
Je veux voir à l’oeuvre José Bové dans la dynamique des Comités d’Union Populaire, l’émulation entre tous les prétendants pendant quelques mois, avant de dire c’est untel ou une telle que je choisis. Vos sondages n’ont que la valeur d’un instantané au moment où tous les candidats ne sont pas déclarés... une tendance, et c’est tout, mais pas valeur de preuve.
Et pour l’instant, alors que je vois Marie-Georges à l’oeuvre pour promouvoir aux 4 coins de France un programme anti-libéral, José Bové n’en est qu’à proposer de faire dont de sa personne à la gauche...

J’attends de le voir manches relevées et chemise mouillée !

NOSE DE CHAMPAGNE