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1er octobre 2006, 11:57

LE DERAPAGE RACISTE...

La figure est récurrente : l’action se déroule d’abord sur le terrain de la critique de la religion mais la mauvaise manoeuvre opère une sortie de route qui mène droit sur le terrain du racisme. Il n’y a pas deux champs superposés : l’opinion et le racisme. Certes, il n’est pas toujours aisé de voir le bord de route...

1 - Il est évident que l’on peut critiquer les religions toutes les religions.
Il est aisé de trouver de quoi le faire.
Mais la critique de la religion doit rester la critique de la religion.
Cette critique n’implique d’ailleurs pas de s’en tenir aux textes sacrés, elle peut aussi porter sur les pratiques qui sont portés par des individus réels. L’exercice devient alors dangereux mais toujours possible dans le cadre de la libre expression.

2 - Mais le racisme n’est reste pas à la critique de la religion.
Le texte de telle religion contient des éléments de violence. Soit.
Ou même "le texte de telle ou telle religion contient beaucoup plus d’éléments négatifs que positifs". Là encore pas de problème. On a le droit d’opinion.

3 - La pensée raciste va plus loin que de dire son opinion sur une religion.
Elle passe au réel, aux "gens" en globalisant. Elle affecte le négatif à des personnes mais sans distinction. Attribution implicite ou explicite et amalgame permette le dérapage racisant.
Ce n’est plus donc la religion qui est concernée. La critique de la religion n’est que l’outil.
Ce n’est plus une opinion.

4 - Voici en substance ce que dit la pensée raciste :
Les gens de tel continent sont adeptes de telle religion dont j’ai dit tout le mal.
Là ce sont bien les croyants eux m^me qui sont qualifiés négativement.
Cet essentialisation d’une religion combinée à l’essentialisation d’un peuple suffit pour dire ce n’est plus une critique de la religion, une opinion mais une insulte raciste.

5 - Mais bien souvent le racisme va plus loin.
La critique de la religion n’est qu’un point de départ.
Ils disent :
Tel peuple croit en une mauvaise religion
mais aussi tel autre peuple croit en une bonne religion.
Nous sommes dans le cas d’une comparaison hiérarchisante classique du racisme.

...ET SES TÔLES FROISSEES.

Et après il faudrait s’étonner qu’il n’y ait pas réaction.
Le progrès de la réaction est d’éviter la réaction violente compréhensible
et de passer par un procès juridique
mais si le procès n’est plus concevable
alors il reste la réparation violente.

Ceci dit, je pense que la réaction des mollah ne porte pas sur le racisme mais sur le blasphème du prophète. Ce qui n’est pas acceptable.

De nos jours, dans la société occidentale, les prophètes religieux sont défétichisés, rabaissés. J’y vois la montée de l’esprit laïc et critique. Cette esprit se heurte évidemment à un "retour du religieux" qui prends souvent des formes frustes et archaïques. Mais au sein de ce retour du religieux des formes progressistes, laïc et critiques, assimilable à une sorte de théologie de libération" se font entendre . L’amalgame n’est donc pas permis.

Christian Delarue
MRAP