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> DU DROIT A DISPOSER D’UNE AME

23 novembre 2006, 21:32

Voilà des propos bien durs ... les mères qui abandonnent leurs enfants le font pour leur confort, et les adoptants sont souvent intéressés ...

J’ai adopté un enfant à Paris en 1985 ; pour être adopté, il faut avoir été abandonné ! en 1985 on ne pouvait adopter que des enfants abandonnés dans son propre département, en l’occurence le 75, très grande ville. A l’époque il y avait environ 150 enfants de moins de deux ans adoptables chaque année. Simplifions : la moitié étaient des enfants très très gravement handicapés, le minimum étant d’être mongolien ; je me souviens d’un bébé aveugle, sourd et paralytique trouvé dans une poubelle, d’un bébé né drogué et à moitié fou parce que sa mère était une junkie, d’un bébé qui regardait les adultes avec haine (j’ai bien écrit avec haine ; qu’avait-il vécu dans sa courte vie ? ), etc ... la misère sociale à l’état brut (et pas seulement matérielle), et l’intérêt de l’enfant étant d’échapper à des parents incapables de l’élever (et oui, cela existe).

L’autre moitié des enfants (dont le mien) étaient des enfants nés d’une jeune mère issue d’un milieu musulman, qui s’étaient retouvée enceinte ; une ’fille mère’ comme on disait en France encore au début des années 60. Ces jeunes femmes risquaient leur vie ; souvent elles arrivaient à dissimuler leur grossesse, et abandonnait leur enfant (souvent né prématuré) car elles savaient qu’il serait recueilli ... Cet abandon n’était que le résultat d’une terrible intolérance culturelle, que nous avons connu en France nous aussi. Elles n’abandonnaient pas leur enfant pour leur petit confort, mais pour qu’il ait une chance de vivre normalement, et pour qu’elles puissent survivre.

Enfin, il y avait quelques très rares enfants nés d’une mère très très jeune (13 ou 14 ans), et la famille estimait que la très jeune fille ne pourrait pas assumer cela (ce qui est très souvent vrai), et que cela foutrait sa vie en l’air.

On est loin de la recherche du petit confort, mais au coeur de la détresse sociale et humaine. L’abandon sous X pose de nombreuses interrogations ; le supprimer serait probablement condamner la mère (victime probable de violence familiale ou d’avortement clandestin et meurtier), et l’enfant aussi à un destin misérable. Cela est très rare en proportion avec le nombre de naissances, mais il faut savoir admettre qu’il existe dans la vie sociale des situations hors normes.

Raymond