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> Sauver Politis ? Soit ! mais pas un Libé bis.

9 décembre 2006, 09:47

De Maxime Vivas à Bernard Langlois.

S’il ne s’agissait que d’une polémique entre Bernard Langlois et moi, il serait mieux de ne pas encombrer cet espace. Mais j’ai posé la question de la dérive de la presse, du rôle de RSF dans la propagation des thèses US dans nos médias. Langlois y répond par le cynisme, l’esquive, le mensonge, des injures (« stal, procureur… » ) et des rodomontades sur-sarkosiennes, puisque, au Kärcher, il prétend substituer à mon intention le « jet » pour les « chiottes », au risque de mouiller les pages de Politis découpées en carrés que je vais dare-dare y accrocher au clou rouillé (pardon je me langloïse, je ne le ferai plus).

Cynisme ? Oui quand il se plaint : « il n’y a rien de plus urgent que de taper sur un petit canard comme Politis ! », lequel Politis n’a rien de plus urgent que de taper sur les petits pays qui jouent leur peau face à l’Empire et sur ceux qui s’émeuvent de cet erreur de cible.

Tromperie du lecteur quand il écrit ici, parce que je l’y ai amené, ce qu’on NE LIT PAS dans Politis : « Je n’approuve pas ses liens [de RSF] avec les milieux anti-castristes, ni ses sources de financement ». Encore un effort, camarade : quelles sources ? Allez !

Esquive quand il renvoie sur « Jean-Pierre Beauvais, soutenu par Bernard Cassen et Jacques Nikonoff » (??? Ils travaillent à Politis ?) la responsabilité des pubs pour cette l’ONG aux financements louches. Politis plus cloisonnée qu’un bunker ? Or, il se trouve que j’avais averti le Directeur de la Rédaction il y a un an. Depuis un an, vous savez quelle ONG vous promouvez. C’était déjà signé dites-vous ? Mais pour qui est pourvu d’une éthique, les contrats honteux doivent être découpés en carrés et accrochés au clou rouillé… (Voir plus haut). Et pourquoi avoir persisté en novembre par un article RSfien qui empestait le rédactionnel-publicitaire ? Ordre de Nikonoff ?

Les pubs pour RSF sont gratuites ? Aucun moyen de le vérifier. Mais si tel est le cas, c’est pire encore. Quel motif obscur vous pousse à vanter à vos lecteurs une ONG que vous n’aimez guère, dont vous désapprouvez les sources de financement et les liens avec Miami et dont on sait, à Politis puisque on y a lu « les Etats-Unis de mal empire », ses complaisances pour Bush et le Pentagone, sa proximité avec la CIA ?

« Cuba est au-dessus de toute critique ? », interroge Langlois. Non. Et Politis ? Mais je parlais d’une charge de Politis par troncature d’un article de RSF écrit par une journaliste qui collabore avec le tripatouilleur d’un discours de Chavez. Mauvais voisinage !

Je ne vous reproche pas vos critiques, mais votre partialité, votre mensonge par omission. Langlois écrit que je le rapproche de Libération. « sur l’affaire de Chavez antisémite, alors que [Politis les a] violemment « contrés » sur ce point. ». Traduire « l’affaire » par « la manipulation » et « Libération » par « Jean-Hébert Armengaud », qui co-écrit avec la journaliste qui inspire Politis. Langlois qui hurle contre la fraude à Attac, qui use envers moi d’un langage de hussard a de ces pudeurs de rosière pour ses confrères tricheurs !

Mais RSF a fait pire que Libé sur Chavez. Et depuis des années ! Ses articles hostiles se comptent par dizaines, assez mensongers pour que le gouvernement bolivarien ait publié en mars 2006 une mise au point cinglante. Lors du coup d’Etat d’avril 2002, les correspondants de RSF à Caracas se réjouissaient tandis que leur siège parisien publiait un communiqué mensonger sur la « démission » de Chavez. A ce moment-là, deux pays au monde seulement avaient reconnu les putschistes (USA, Espagne) et une ONG qui parlait de « l’ex-président » Chavez. Quelqu’un a-t-il vu comment Politis a « violemment contré » cette ONG ? Que nenni ! Il fait sa pub et insulte ceux qui l’invitent à arrêter ça.

Une tribune de Tubiana fut « très sévère » sur le bouquin de Ménard, se vante Langlois. Sauf erreur il s’agit d’une tribune donnée à Politis et à VSD. Pas d’un article de Politis. Mais de quel « bouquin » s’agit-il ? De celui, que Ménard écrivit il y a six ans, d’un autre sorti en 2003 ? Ce qu’a naguère publié (sans l’écrire) Politis n’est pas le sujet. Je parle de Politis d’aujourd’hui. Langlois évite de donner le titre du livre afin que le lecteur ignore le « détail » de la date et ne fasse pas l’addition des années de copinage.

Arrivons maintenant au plus gras mensonge de Langlois qui affirme que « dans un message putride », j’ai accusé « Politis d’avoir eu accès aux fichiers d’Attac. » et qui s’élève contre cette « pure diffamation ». Sur une liste d’Attac, il est plus précis : Un « certain Maxime Vivas […] prétend sur nos listes que Politis s’est servi des listings d’adhérents d’Attac pour lancer sa souscription, et […] personne ne se charge de lui clouer le bec... »

La Bruyère a épinglé ceux qui altèrent des textes d’autrui en y mettant du leur, les corrompent et les défigurent :"Ils les exposent à la censure, soutiennent qu’ils sont mauvais, et tout le monde convient qu’ils sont mauvais ; mais l’endroit de l’ouvrage que ces critiques croient citer, et qu’en effet ils ne citent point, n’en est pas pire."

C’est ce à quoi joue Langlois. La vérité est la suivante :

Dans un courriel à la direction actuelle d’Attac et à propos de Politis, j’ai écrit : " Vous n’auriez pas usé du sigle d’Attac et du fichier pour la promo d’un hebdomadaire membre fondateur ces temps-ci ?...". Pour qui sait lire, c’est donc exactement le contraire de ce que raconte Langlois. Je prétends qu’Attac a utilisé son listing pour promouvoir Politis auprès de ses adhérents. Je n’ai pas dit que Politis « s’est servi » de quoi que ce soit qui ne lui appartient pas.

Je note par ailleurs que Langlois appelle ses lecteurs à me « clouer le bec ». Belle fatwa lancée à la cantonade. Et il ose me traiter de procureur et de stal !

Langlois devrait se méfier des tours que lui joue son âge. D’une part il ne voit pas qu’il a adopté, pour me fustiger, le style ordurier et archaïque de l’extrême droite auquel Le Pen vient semble-t-il de renoncer, d’autre part il mélange ses fiches et m’attaque sur la candidature de M.G. Buffet alors que je n’ai rien dit sur cette affaire. Rien. Il suffit de savoir lire et de ne pas laisser la bile jaune monter jusqu’aux yeux. Langlois finira par m’accuser aussi d’avoir empoisonné Litvinenko au polonium.

Enfin il termine par cette mesquinerie : « Où l’on comprend mieux que M. Vivas, écrivain, ait du mal à faire prendre ses livres au sérieux. »

Sept livres, deux prix, des critiques positives quasi unanimes, le tout sans appeler la terre entière au secours, sans sponsors, sans racolage, sans compromission avec la clique des types de Miami, sans concession à ce que je crois de juste et de beau. Sans lécher les riches ONG et savater les petits pays. Au demeurant, il faudra bien qu’un jour Politis arrête de dire tout et n’importe quoi au gré de ses humeurs caractérielles. Tantôt Sieffert, qui m’a lu, donne envie à ses lecteurs de faire de même, tantôt Langlois, qui ne m’a pas lu, déplore le peu de sérieux de mes livres. C’est du n’importe quoi dans la minable attaque ad hominem.

Mais laissons. Notons plutôt que Langlois se tait quand je le mets au défi de parrainer Mumia Abu-Jamal avec RSF, quand je dénonce leur malveillante troncature d’un texte, quand je montre qu’il traite Bush mieux que Castro, quand je révèle le rôle de RSF au Venezuela, quand je prétends que RSF est mouillée avec l’extrême droite et qu’elle s’impatiente de voir publier Mein Kampf, quand je déplore que Politis n’ose accoler, même pas pour poser la question, les sigles RSF et CIA. Et, bien sûr, lui qui veut qu’on me fasse taire et que j’invite à parler, renonce à écrire un article sur RSF comme on en trouve sur le Net ou dans la presse écrite US et latino-américaine.

Langlois insulte, répond à côté, ergote, travesti mes textes, fait des impasses et éructe le gros mot favori de Le Pen : Stal ! Pour un peu, il me dirait d’aller voir à Moscou et de lire la Pravda, pour voir si c’est mieux.

Allez, Langlois, malgré vos fatwas, je vais continuer à dire, parce que je crois à l’utilité du débat et des affrontements, des vérités et des critiques, sévères mais justes, émises en temps utile, sans anathème, sans haine, sans appel au lynchage.

Hélas ! Votre réponse m’a convaincu que Politis va subir le sort de Libération, le journal qui a eu toujours raison contre ses lecteurs. Et qui a su le leur dire !

Adieu, Langlois, j’ai peu d’estime pour ceux qui brandissent la muselière en prétendant porter la liberté d’expression plus haut que tout.

Maxime Vivas (l’homme qui osa critiquer Politis).

PS. Langlois, si vous croisez un ministre UMP, un fasciste, si un confrère contredit Politis, vous êtes désormais obligé de l’insulter. Sinon, c’est pas juste. Sauf si vous arrivez à prouver (pas à affirmer, hein !) que je suis à la fois stal et facho. Attention, le fait que je vous contredise n’est pas une preuve susceptible de convaincre le tribunal populaire. Pour vous mettre sur la piste : trouvez les textes où je mens, prouvez que je magouille ceux des autres pour leur faire dire le contraire de ce qu’ils disent, montrez que je fréquente la maffia d’extrême droite, que j’offre un bouquin d’Hitler à mon entourage pour Noël, que je roule pour Bush, que j’aime les coups d’Etat téléguidés par la CIA, que j’appelle à faire taire ceux qui ne sont pas d’accord avec moi, que je les invective pour éviter de discuter leurs thèses, etc.

Bon courage !