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réponse un peu longue à Ariane Mnouchkine

5 mai 2007, 16:02

Dieu sait que vous m’avez inspiré, Dieu sait que vous avez fait rêver la fin de mon adolescence, madame !

Si je comprends bien le fond de votre "argumentation", cependant, quelle intime déception !

"Vous les gentils, les vrais de Gauche, vous les humbles et les patients, laissez les méchants voter pour le méchant, mais par pitié pour nos enfants votez pour la gentille !"

Pardonnez-moi, mais je trouve votre point de vue désespérément sommaire, un brin affligeant même. Ne serait-ce que parce que votre Gentille, votre Avenir Radieux s’est, à maintes reprises par le passé, à des postes de responsabilité, comportée avec ce que ceux qui veulent à tout prix lui trouver des excuses conviennent au plus sympathique d’appeler une "grave insouciance" - où certains méchants comme moi relèvent plutôt une effrayante propension au despotisme, qui vaut largement celui de votre redoutable ennemi Nicolas Sarkozy. Parmi les dizaines d’exemples de cette (restons aimable) "grave insouciance", qu’il serait aussi inutile à vous convaincre que fastidieux à énumérer, permettez que j’en évoque trois :

1. L’affaire de Montmirail, lorsqu’à peine arrivée à une sous-délégation du ministère de l’éducation nationale en 1997, votre bienveillante ayant lancé une délirante chasse à la pédophilie, son hystérie provoqua le suicide d’un enseignant parfaitement innocent, qu’elle ne cessa d’accabler après son décès et même après que fut reconnu par la justice son innocence (je me permets de vous renvoyer à mon article "Ségolène Royal, une truffe dans la caviar").
2. L’affaire de la circulaire de la pilule du lendemain, dont je laisse l’exposé à Germain Souchet (Attention, Méchant !) qui l’a récemment excellement résumé : Certains mettent au crédit de Ségolène Royal d’avoir introduit la distribution gratuite de la pilule du lendemain (...) Il convient de rappeler les circonstances de l’affaire. Pour cela, quelques notions élémentaires de droit doivent être rapidement exposées. En vertu de la constitution, on doit recourir à une loi pour intervenir dans les domaines listés par l’article 34 et pour tous les domaines dans lesquels une loi a déjà été adoptée. En application de ces lois, et dans les autres domaines, on réglemente par la voie de décrets, signés par le Premier ministre. Les décrets peuvent éventuellement prévoir que des dispositions plus précises seront adoptées par un arrêté ministériel. Enfin, des circulaires peuvent être signées par un ministre pour expliquer comment doivent être mis en œuvre une loi, un décret ou un arrêté. Or, le domaine de la contraception, comme celui de la « contragestion » (avortement par voix médicamenteuse) est régi par la loi. Madame Royal, toute ministre qu’elle était, devait donc passer par une loi, votée par le Parlement, pour faire aboutir son projet. Mais que fit l’ancienne conseillère de tribunal administratif, dont le rôle, pour ceux qui l’ignorent, est notamment de faire respecter la légalité des règlements ? Elle crut bon d’intervenir dans le domaine de la loi par... une circulaire ! Oui, une circulaire qui, normalement, ne peut être qu’interprétative, c’est-à-dire qu’elle ne peut être créatrice de droit... Attaquée devant le Conseil d’État, la circulaire fut promptement annulée et le gouvernement Jospin du rapidement rattraper cette « bourde » en faisant voter une disposition législative adéquate.

3. La toute récente et encore non-affaire du "eh bien moi, je le pourrai", où votre très participative candidate, pour affirmer sa douteuse personnalité de présidentiable dans le débat contre son concurrent, non contente d’avoir démontré sa parfaite méconnaissance des réalités budgétaires de l’organisation des fonctions publiques, a ensuite balayé d’un revers de main méprisant les (de son point de vue) ridicules contingences de la nécessaire et heureusement (pour le moment...) constitutionnelle indépendance des collectivités publiques, en affirmant devant des millions de Français qu’elle ne se gênerait pas le moment venu pour s’ingérer du haut de sa présidence jusque dans le recrutement des fonctionnaires des collectivités territoriales !

Je sais par avance que vous lui en trouverez toutes les excuses, hélas ! Vous l’avez dit, vous êtes gentille et vous voterez gentiment pour la gentille de votre coeur.

Permettez toutefois à mon coeur de Méchant de trembler un peu devant tant de gentillesse.

Serge Rivron

http://francemoinsj.canalblog.com