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LE DÉBAT - SARKO AVOUE AVOIR TRICHÉ !

4 mai 2007, 11:28

C’est pas de la "triche" ! C’est une pratique institutionnalisée des médias qui mentent depuis toujours. Le référendum l’a montré de manière évidente. Les connivences et l’orientation idéologiques de la plupart des journalistes (ceux qui ont les meilleurs temps d’antenne ou d’éditorial) sont majoritairement du coté de la droite libérale (ce qui ne dédouane ni les sociaux démocrates du PS ni les "stars" de la gauche soi-disant antilibérale). Ce n’est pas un problème de triche du clan Sarkozy, c’est un système de production industrielle du consentement par la fabrication de l’information (l’information en soi n’existe pas, mais nous sommes tellement non formés à cette tournure de pensée que nous avons du mal à nous le représenter, alors que ce n’est que de la sémantique, LQR !, un artifice de la théorie de l’information cybernétique qui substantivise un mouvement pour en faire une chose (réification) : qu’un objet dans mon monde "m’informe" n’en fait une information que si je crée dabord un système adapté à son traitement en tant qu’information (la perception humaine est un système de décodage en soi, mais c’est la société qui qualifie ce système) ; c’est pourquoi, en dehors du réflexe, tout traitement de la "réalité" est culturel, c’est-à-dire politique, c’est-à-dire à élaborer collectivement : ce qui est bien un enjeu politique actuel, puisque la collectivité est dépossédée de cette élaboration par le dispositif de propriété privée (l’alternative n’étant pas forcément la propriété de l’Etat !) des moyens de production du traitement de la "perception du monde", ).
Pour ce qui caractérise cette campagne (sans être nouveau historiquement), un des éléments anecdotique appréciable c’est l’orchestration par le clan Sarkozy d’une contre campagne, notamment dans le 7-9h de France inter (c’est valable pour d’autres émissions ou supports), visant à faire croire que les médias sont contre Sarkozy (la victimisation). L’action a consisté à "équilibrer" les dénonciations de ceux qui accusaient la radio d’être pro Sarkozy et ceux d’être contre, après des années de matraquage libéralosarkosien. L’analyse précise de l’émission dans la durée (car il y a une montée en puissance) montre (facilement) qu’organisé sur le découpage des séquences, la distribution de la parole des différents intervenants, les questions des auditeurs, les modes d’intervention de Demorand et consorts dans le traitement des "grands" et des "petits" candidats (coupure de parole des invités : qui, comment, sur quoi ; nature et contenu des questions ; ton : ricanements, sarcasmes, acquiescements, rires, indignation,... ; manière de traiter les auditeurs et sélection des questions...) ce journal a servi la soupe à Sarkozy en ne posant pas à ce dernier les questions qui fachent (ou, très rarement, en se contentant de la non réponse) et en faisant "la même chose" dans les dernières émissions pour les partisans de Royal (ce qui n’était pas le cas au début de la campagne) et en mettant en scène une relation animateur-Sarko "montrant" Demorand en pleine prise de risque ("C’est une menace, monsieur Sarkozy ?"). Si l’on veut bien se souvenir de comment Paoli a instauré la censure affichée dans la mise en ligne des auditeurs mais aussi du déplacement d’émissions (pourtant alibi) comme Là-bas si j’y suis (etc., etc. : voir Acrimed entre autres), on n’oubliera pas que dans la fabrique de l’information justement, c’est celui qui a la main sur le robinet (le micro, l’antenne) qui a le pouvoir. Un pouvoir arbitrairement donné à des animateurs, des directeurs de l’information mis en place par des patrons propriétaires, dont aucun dans cette "chaîne" n’a de légitimité élective, mais qui, grâce à l’entourloupe de l’objectivité et de la déontologie de la profession (des journalistes, mais en fait y’en a-t-il beaucoup de vrais journalistes, même si ce n’est pas le fond de l’affaire ?), peuvent distiller leur "opinion" (la voix de son maître) en toute impunité. Ainsi, la pratique de la médiation (médiateurs payés par les chaînes) vise systématiquement à renvoyer dos à dos les critiques "prouvant" l’objectivité du média et des présentateurs-animateurs.
Tout ceci n’est encore une fois pas nouveau mais, en ce sens, peut nous permettre d’éviter de se tromper d’analyse.