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Rachida Dati : La cinquième zouave

5 mai 2007, 18:05

Je conçois, Monsieur, que vous soyez fier de votre pays et du Maghreb. J’apprécie votre engagement et la ferveur déployée. Mais l’exaltation, des amalgames nombreux, voire un soupçon de machisme déservent votre propos.

Vous diffamez des femmes (Fadela Amara, Présidente de Ni Putes Ni Soumises, et Rachida Dati) en raison de leurs origines -à laquelle vous voudriez les circonscrire- mais pas sur leurs idées et leur identité véritable. J’entends par identité véritable, une identité ressentie, vécue ou de droit et non simplement héritée. Une française -dont il importe peu, sauf pour elle, que les parents soient nés à l’étranger- ne peut elle "se sentir de Clermont-Ferrant’, où elle a vécu et grandi, sans trahir les siens ? Appartient t’elle davantage à sa communauté d’origine qu’à sa communauté d’expérience ?

En déplorant chez les français d’origine maghrebine l’absence d’une cause commune, d’une "solidarité culturelle arabe", vous semblez nous dire qu’elle serait non seulement naturelle. mais peut être même, morale ? Légitime ? Obligatoire ? Comme si tous les migrants des Etats ayant accédé à l’indépendance et leurs enfants, devaient revivre en France, république néocoloniale, un statut néoindigène permanent. La culture vivante est en constante évolution. Elle subit l’air du temps, agite des idées, bouleverse les modes, n’en déplaise aux tenants de l’immobilisme, aux partisans de la pensée unique et aux traditionnalistes. En jouant ce jeu, vous faites involontairement le lit du conservatisme, de la xénophobie et du repli communautaire. Vous encouragez les électeurs de Nicolas Sarkozi les plus réactionnaires. Je pense, au contraire, que les français méritent un débat politique mené et porté par des hommes et des femmes qui leur ressemblent, toutes opinions confondues.

JM

PS : le terme de ’rafle’ est un des rares mots français d’origine allemande. Cela s’entend encore à l’oreille. Et même s’il est employé à propos pour désigner des arrestations massives et subreptices par la Fore Publique, il est difficile aujourd’hui de le dissocier de l’histoire de la déportation des juifs, ou de tout type d’incarcération conduisant à une mort presque certaine. Je suggère qu’on attende encore 50 ans avant de le réutiliser sans précaution et à tous propos. Alors son sens aura t’il certainement pris une autre tournure.