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Peux-t-on embrigader Eric FROMM dans l’abstinence sexuelle ?

28 mai 2007, 12:05

14 THESES CONTRE LE PATRIARCAT

Extraits issus de :
Changer la société : c’est aussi une question de vocabulaire

http://www.ecologielibidinale.org/fr/miel-vocabulaire-fr.htm

Jetons à la poubelle de l’histoire les concepts et le vocabulaire
du patriarcat et de la répression sexuelle

Notes : certains mots peuvent avoir plusieurs sens, nous ne considérons ici que le sens pertinent par rapport à notre problématique.
La liste qui suit est loin d’être exhaustive. N’hésitez pas à nous fournir d’autres définitions.

1 *MARIAGE*, divorce, époux(-se), conjoint(-e), fiancé(e), entremetteur(-teuse), devoir conjugal
Le mariage est l’institution clé du système patriarcal, capitaliste
et réactionnaire. C’est l’union de deux personnes de sexe opposé,
mais aussi l’union de deux familles ou clans.
Les caractéristiques originales du mariage patriarcal sont les
suivantes : Les partenaires sont choisis par les familles (on parle de mariage
arrangé, généralement par le biais d’un ou une entremetteuse). Le
mariage fait l’objet d’une transaction financière (dot ou achat)
impliquant les familles.
Il est un contrat financier (permettant la mise en commun de biens
et leur transmission, donnant droit à des avantages fiscaux), un
contrat moral (les époux s’engagent à une exclusivité sexuelle, un
partenaire ne se peut refuser sexuellement à l’autre, il doit
accomplir le "devoir conjugal") et un sacrement religieux qui
renforce l’engagement moral (l’engagement est contracté pour la
vie). Les futurs époux (les fiancés), au moins la femme, doivent
être vierges* avant leur mariage. Les enfants portent le nom du père.

Les règles du mariage se sont parfois assouplies en fonction de
l’évolution des sociétés (choix des futurs époux, possibilité de
divorce, de remariage, abandon de la virginité, caractère facultatif
du sacrement, répression du viol au sein du mariage, transmission du
nom de la mère, extension à des personnes de même sexe...).
Toutefois ces aménagements ne peuvent changer la nature
fondamentalement réactionnaire de cette institution.

2 *MONOGAMIE*(-andrie), polygamie(-andrie)
Ces termes n’ont de sens, pour l’être humain, que dans le cadre du
mariage*, il définissent les possibilités pour l’un des partenaire
de contracter plusieurs mariages simultanément. Dans ce cas
l’exclusivité sexuelle est à sens unique.
Les défenseurs du mariage hétérosexuel monogamique prétendent que
l’exclusivité sexuelle à vie est naturelle et s’appuient sur
l’exemple d’espèces animales ayant ce comportement. Or tous les
types de comportements sexuels se rencontrent chez les animaux y
compris l’homosexualité.
Quand à la polygamie rencontrée dans les sociétés patriarcales, elle
est l’application d’une domination sexuelle des hommes sur les femmes.

"La vie sexuelle monogamique exige un dur labeur de préparation.
Tout le plaisir érotique extra et prégénital est canalisé dans
les voies de la procréation, c’est à dire de la reproduction de
la force de travail , nécessaire au capital." Jean-Marie Brohm,
in l’introduction à "La lutte sexuelle des jeunes" de Wilhelm Reich

3 *FAMILLE*
La famille patriarcale autoritaire est la structure de base du
système social. Toutes les forces politiques réactionnaires ont pour
priorité de défendre la "Famille" et la natalité.
Cette famille se compose d’un couple hétérosexuel marié et de ses
enfants. Le père est dépositaire de l’autorité, il a parfois droit
de vie et de mort sur son épouse et ses enfants. Les époux se
doivent d’avoir des enfants qu’ils devront élever dans le "droit
chemin", c’est à dire de leur transmettre les règles et les valeurs
de la société. La famille est le lieu privilégié de la reproduction
de la structure sociale autoritaire ainsi que de la névrose.

"Ainsi par la famille se maintient et se perpétue à travers les
générations la répression sexuelle qui sert de fondement à la
soumission des masses, à l’anéantissement du sens critique, à
l’angoisse de transgresser l’ordre établi, à la culpabilité du
bonheur, toutes choses qui garantissent la solidité de l’état
capitaliste et de son appareil répressif." Jean-Marie Brohm, in
l’introduction à "La lutte sexuelle des jeunes" de Wilhelm Reich

4 *FIDELITE*, adultère, cocu, tromper, volage
La fidélité consiste à appliquer l’exclusivité sexuelle au sein d’un
couple (marié ou non). L’infidélité est en général un élément de
conflit essentiel au sein des couples. L’infidélité est un fait
suffisant pour obtenir le divorce dans le cas d’un couple marié, il
est aussi une circonstance atténuante (permettant parfois
l’acquittement) dans le cas ou celui qui est trompé (le cocu)
assassine son conjoint (on parle dans ce cas de "crime d’honneur*").
Volage est un synonyme d’infidèle en moins péjoratif.
L’adultère (infidélité dans le cadre du mariage*) n’est pas
seulement une rupture du contrat moral du mariage, c’est aussi un
péché* capital et parfois un crime puni de mort pour les femmes.
L’infidélité de l’homme est généralement une moindre offense que
celle de la femme et elle peut être même parfaitement admise si elle
s’exerce avec une prostituée (d’où l’age d’or des bordels européens
au XIX^ème siècle.) On admet dans ce cas un "besoin" sexuel de
l’homme qu’il ne peut toujours satisfaire avec son épouse. Ce besoin
par contre est dénié aux femmes.

"Le mariage bourgeois et le bordel sont indissociables, ces deux
institutions sont aussi exécrables l’une que l’autre." Michel
Leiris, Journal.

"Le bonheur d’un homme marié dépend des femmes qu’il n’a pas
épousées." in Une femme sans importance, de Oscar Wilde
"Les hommes se marient parce qu’ils sont las ; les femmes parce
qu’elles sont curieuses ; les deux sont déçus." in Le Portrait
de Doryan Gray, de Oscar Wilde

5 *AMANT*, maîtresse, concubine
Désigne un ou une partenaire sexuelle d’une personne vivant en
couple, en dehors du couple. Cette notion n’a de sens que par
rapport une notion de couple supposant l’exclusivité sexuelle.

6 *JALOUSIE*
Sentiment éprouvé par celui ou celle qui ne supporte pas l’idée que
son partenaire sexuel habituel puisse avoir des relations sexuelles
ou sentimentales avec une autre personne. Ce sentiment se fonde sur
le désir d’une exclusivité sexuelle c’est à dire d’une relation de
possession et de contrôle de l’autre. La jalousie est souvent la
motivation des meurtres au sein des couples (dits alors "crimes
passionnels <http://mp1pm.ouvaton.org/mp1pm-marie.htm> " - à propos
du meurtre de Marie Trintignant, sur le site du MP1PM).
Lire aussi une petite chanson sur ce thème : "petit propriétaire
<http://www.ecologielibidinale.org/f...> ."

7 *HONNEUR*, déshonorer, compromettre la réputation
La notion patriarcale et puritaine de l’honneur est notamment
attachée au comportement sexuel de la femme. Une femme qui a une
relation sexuelle hors mariage* (consentie ou non) se déshonore et
déshonore également sa famille (parents) et son mari (si elle est
mariée). Elle s’expose alors a une punition allant de l’exclusion à
la mort. Il est à noter que dans les sociétés les plus patriarcales, une
femme violée est non seulement déshonorée mais aussi considérée
comme responsable (par immodestie*) et donc exécutée comme adultère*.
Être vue en compagnie d’un homme autre que parent proche ou mari
peut compromettre la réputation d’une femme, c’est à dire jeter un
soupçon d’immoralité* sur son comportement. Ceci peut suffire dans
certaines sociétés à lui faire subir le châtiment réservé aux femmes
"déshonorées".

8 *PECHE*, mauvaise vie, impure, immoral
Une femme de mauvaise vie (qui "vit dans le péché") est une femme
qui a des relations sexuelles en dehors du mariage (qu’elle soit
mariée ou non). La notion de péché introduit la morale religieuse
(le bien , le mal) dans les relations sexuelles.

9 *FILLE FACILE*, salope, pute
Insultes et qualificatifs dévalorisant visant toute femme qui
s’adonne avec plaisir à la sexualité, notamment en variant les
partenaires sexuels. Une femme ainsi dévalorisée et méprisée (sans
honneur*) sera alors l’objet privilégiée de sollicitations sexuelles
violentes de la part des machistes et peut être parfois violée
impunément.
Dans les schémas patriarcaux, la femme ne peut être que "mère"
("chaste et pure") ou "putain". ("Toutes des salopes sauf maman"
entends-on répéter dans les cours de récréations.)
A l’inverse un homme qui multiplie les "conquêtes" féminines sera
parfois valorisé comme "séducteur".

10 *VIERGE*, virginité, immaculé, pureté, souillure
Vierge se dit d’une personne n’ayant jamais eu de relation sexuelle.
L’usage du terme immaculé indique bien que la sexualité est ici
considérée comme une tâche, une souillure.

Voici un fait divers qui s’est déroulé en France dans les années
80 : un garçon avait réussit à inviter chez lui une jeune fille
très timide pour prendre le thé. Lorsqu’il essaya de
l’embrasser, elle paniqua et se mit à crier. Voulant la faire
taire le garçon eu un geste violent et maladroit de la main qui
brisa la trachée de la jeune fille. A son enterrement les
parents de la jeune fille ont disposé une couronne mortuaire sur
laquelle on lisait /"morte plutôt que d’avoir été souillée"/.

La virginité est "le bien le plus précieux" d’une jeune fille, son
honneur* y est attaché (celle qui a conservé sa virginité est dite
"pure"). Lorsque la virginité est requise pour le mariage, la femme
qui a eu des relations sexuelles ne peut se marier, elle est rejetée
par la société et le plus souvent obligée de se prostituer pour
survivre. Le caractère physiquement vérifiable de la virginité chez
les femmes (hymen) les place bien évidemment en situation de
désavantage par rapport aux hommes. A noter que dans ces sociétés il
existe un métier bien particulier : celui de recouseuse de virginité !

On peut penser que l’importance accordée à la virginité avant
mariage, prolongée par l’exclusivité sexuelle dans le mariage, est
liée à l’incertitude dans laquelle se trouve l’homme par rapport à
la paternité : cette exclusivité sexuelle lui garanti en effet que
les enfants nés de sa femme sont bien les siens, ce qui est très
important pour la transmission du patrimoine.
De plus cette exclusivité sexuelle assure au mari que sa femme
n’aura pas de point de comparaison et ne sera pas ainsi tentée de
chercher un meilleur "amant".

La survivance de l’importance de la virginité dans certains milieux
de notre société (exemple : la "bonne société" Versaillaise) conduit
certaines jeunes filles à avoir des rapports sexuels basés sur la
sodomie pour préserver leur hymen : l’hypocrisie grotesque de ce
concept éclate en plein jour !

11 *PUDEUR*, modestie, honte
La pudeur consiste à dissimuler ce qui est honteux ou intime : son
corps et ses sentiments (de nature amoureuse). L’enseignement de la
pudeur (ou "modestie" pour les jeunes filles) est une des
principales façon de réprimer durablement les pulsions sexuelles
(qui sont considérées comme honteuses) des jeunes.
Les formes les plus extrêmes de pudeur (courantes au XIX^ème siècle
et jusqu’au milieu du XX^ème siècle dans certains milieux sociaux)
vont jusqu’à interdire aux femmes la vision de leur propre corps :
elles se lavent alors vêtues d’une chemise.
Les puritains désignent généralement les organes génitaux par la
périphrase "parties honteuses".
En art, la figure de la "Vénus pudique" est une représentation d’une
femme nue dissimulant à l’aide de ses mains sa poitrine et son
entrejambes. *chasteté*, abstinence
L’abstinence sexuelle est valorisée (au moins lorsqu’elle concerne
les femmes) dans les milieux patriarcaux et religieux. La chasteté
est souvent imposée aux représentants de la religion. Les
perturbations psychiques et corporelles qu’elle entraîne sont
favorables aux "délires mystiques" mais conduisent aussi aux
perversions et crimes sexuels.
Chaste est parfois utilisé comme synonyme de pudique. Est chaste une
personne ou une relation qui ne donne pas prise aux fantasmes sexuels.

12 *PLATONIQUE*
se dit d’une relation amoureuse d’où les contacts sexuels sont
volontairement absents. Les partenaires s’astreignent à la chasteté
par timidité (répression intégrée de leur propre sexualité), pour ne
pas commettre de péché* (adultère ou relations sexuelles avant le
mariage) ou pour conserver leur virginité*.

13 *LUXURE*, permissivité
La luxure est un péché* capital qui consiste à s’adonner aux
fantasmes ou activités sexuelles sans retenue. Les puritains
stigmatisent ce qu’ils appellent la "permissivité" (la liberté
sexuelle) en lui attribuant tous les maux sociaux (crimes et
perversions sexuels, violence, régression de la "morale"...)

14 *CONTRE NATURE*
Est dite "contre-nature" toute forme de sexualité non strictement
hétérosexuelle. Ce qui est évidemment absurde au regard des
situations variées rencontrées dans le règne animal.

Pour en savoir plus sur la déconstruction des catégories de genre, lire le livre de Monique Wittig "La pensée straight", 1992. Fiche de lecture <http://www.mix-cite.org/bibliothequ...> sur le site de Mix-cité.

<http://www.ecologielibidinale.org/f...>