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Les idées délirantes de Tony Negri...

13 juillet 2007, 21:41

Ce n’est pas parce que le prolétariat n’a plus forcement une clé à molette dans la poche et un bleu de travail qu’il n’existe plus.

Ca fait belle lurette et avant même que ne commence le chemin de Negri, que des gens avaient pointé qu’apparaissait une autre classe ouvrière qui ne se limitait pas aux OS des usines.

L’exploitation règne largement et le partage entre classe exploiteuse et classe exploitée est toujours autant d’actualité, que ce soit dans la petite entreprise ou dans le groupe géant qui écrème une énorme partie des richesses du territoire dans ses entreprises, cols bleus et cols blancs, dans des climats de paranoias productives , certains s’en suicident, ...

Negri se trompe, le lien existe toujours, la lutte de classe existe toujours, le règne du capital existe toujours, dominateur, pénétrant même des sphères qui lui étaient auparavant hors d’atteinte.

Le fonctionnement du capital procède aux mêmes mécanismes qu’il y a 150 ans, et révolutionne toujours et sans cesse, sous peine de mort (la sienne) les conditions de production, les conditions d’expansion, il détruit sans arrêt...

Négri a raison par ailleurs sur le désir de liberté puissant donné aux travailleurs par le développement de la connaissance et la démocratisation radicale de l’accès à l’échange et l’éducation.
La connaissance et l’élevation du niveau éducatif crée et recrée sans cesse le désir de liberté des individus et des classes exploitées.

Oublié le terme de communisme, oublié le souvenir de la lutte de classe, les conditions de développement des forces productives au service de la classe bourgeoise recréent en permanence la révolte et le desir d’auto-gestion , de communisme, de controle, de démocratie... Internet en est l’exemple, les Wikipédia itou, et d’autre part les tentatives d’agression permanentes et de controle des forces bourgeoises de ce champ.

Collectivement les travailleurs ont de plus en plus les moyens de gérer leurs entreprises, sans le capital, des moyens en connaissance de la gestion ordinaire de l’entreprise, en connaissance de son environnement, bref, le socialisme est possible sans caporaux, bureaucrates et bourgeois, qui n’ont plus monopoles de la connaissance (et la grande nouvelle est là).

Ce qui enracine notre optimisme est là, et on ne comprend rien à ce qui se passe si on ne voit pas cette renaissance permanente de plus en plus puissante des conditions d’une société plus humaine. Le capital est ainsi. Il crée les conditions de sa perte, en même temps qu’il n’a jamais été autant roi de la terre.

Mais pour autant cette société morcellise et produit des conceptions negristes qui peuvent laisser penser que la lutte de classe est dépassée, alors que rien, rien ne permet de penser qu’elle l’est. Et également les entreprises permanentes et tactiques du capital pour survivre continuer d’exploiter bien vivantes même dans le drame (Irak, Afganistan, Tchétchenie, etc)...

C’est dans la décision, dans l’idéologie, la soumission à l’idéologie dominante qu’il y a du mou dans le genou. Dans l’idéologie première de la désespérance et la pensée de l’impossibilité de renverser un ordre arrogant, planétaire et surpuissant. Pas dans la description du monde quand on le débarrasse de ses paillettes et ses faux semblants.

Des concentrations se poursuivent comme jamais et le monde est lisible bien lisible...

Une structure du monde se dessine et penser que les états-nations dépassés le capital n’aurait plus de substance est folie. C’est oublier que le capital a aussi construit des états , qu’il est traversé maintenant, comme avant , de tendances contradictoires, entre les strates basses de la bourgeoisie qui veulent exister uniquement autour d’un état national (comme ce fut dans les républiques, principautés et papauté en Italie avant l’unification nationale), ceux qui veulent se construire essentiellement à l’échelle continentale et ceux qui estiment que le jeu se joue maintenant à échelle mondiale.

Tout se mélange dans une mélée qui avait été un temps gelée par le règne des états nations ossifiés. L’histoire reprend maintenant sa route et le FMI, l’ONU, l’armée américaine, le G8, Davos, l’Union Européenne, les zones économiques en Asie, en Amérique Latine, en Amérique du Nord annoncent des transitions vers des états de bien plus vastes dimensions , avec des pré-polices mondiales, des parlements bilderbergiens, des monaies continentales voir mondiales...

Bref une immense mêlée à lieu où le cliquet de l’exploitation au travers d’un état, hésite à se fixer sur la taille du territoire. Mais se n’est pas l’absence d’état, à ce que je sache ça ré-arme dnns le monde, je ne vois pas moins de police mais +, des fortunes encore plus colossales qu’avant, et des exploités encore plus précarisés dans certaines zones géographiques, des fois moins, mais toujours plus exploités (produisent beaucoup plus de richesses).

Ce monde est lisible, il a ses hiérarchies.

Si un reproche peut être fait à la gauche et les gauches, ces dernières décennies, du moins celles qui essayaient de ne pas se mettre au service de la bourgeoisie, c’est justement d’avoir trop souvent fait des additions de fronts , des additions de révoltes, sans chercher à structurer ce qui domine et règle le la dans le concert . ce n’est pas essayer de diminuer la réalité ni la légitimité de luttes sociétales que d’indiquer qu’il existe toujours une classe dominante qui elle structure son fonctionnement pour toucher la galette, maintenir son règne.

Oui ce monde trouve ce qui le reproduit sans cesse dans l’exploitation de l’homme par l’homme, oui le capital continue de racheter les moyens de communication et les hauts parleurs pour dominer idéologiquement afin de mieux exploiter, oui il se sert du gros bâton quand il veut, à tout prix, se saisir du bien d’autrui, de son travail.

Les conditions de la lutte des classes changent sans cesse, des couches sociales morcelées avec des métiers très différents existent à l’intérieur d’une classe qui n’en est pas moins classe.

L’existence de travailleurs jeunes pauvres est un problème qui renait sans cesse (et en Italie aussi) montrant en cela que l’exploitation et le règne du capital sont toujours aussi évidents.

la constitution européenne fut un des moments où le capital a essayé de pousser plus loin le bouchon d’un état continental, avec un luxe de détails sur les meilleurs façons d’exploiter, de supprimer toute division des pouvoirs, maintenir la capacité aux exactions policières, liquider par un silence inquiétant les populations d’origine non européennes , exploser la démocratie, graver dans le marbre explicitement la domination du capital, etc...

La réponse des populations françaises et néerlandaises, seules à avoir droit de décider sur ce texte , montra un gigantesque débat, comme jamais il n’y en eu dans une population, une chose qui pour notre ami n’est rien, habitué qu’il est au pouvoir des mots et aux mots du pouvoir, mais qui pour ces populations fut un premier test de big bang de belle ampleur des conséquences de la hausse des connaissances de la population et ses capacités à échanger à grande échelle.

Ce qui a manqué à la gauche (la vraie pas les majoritaires du PS) fut certainement la capacité à lire et définir tactique et stratégie qui intègrent ce combat contre l’ordre mi-brun du TCE.
Négri semble avoir choisi là de créer les conditions d’un maitre plus puissant et plus grand, j’ai du mal à saisir sa politique du pire.

La gauche, nous, a du mal à structurer son regard et à redéfinir des hiérarchies de combat et des objectifs de révolution , pas à l’inverse...

le capital, au travers de ces représentants dans l’état ne perd , lui, jamais le nord en ne quittant à aucun moment des yeux l’objet de son adoration, portefeuille et pouvoir.

Plus prosaïquement il n’oublie pas, même pour un truc absolument marginal comme l’ISF , de gratter et voler méthodiquement, sa lutte de classe à lui....

Copas