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LOIS SUR L’IMMIGRATION : LOIS ANTISOCIALES. IL FAUT MOBILISER LES COMMUNISTES

19 septembre 2007, 22:14

Article paru le 18 septembre 2007 dans l’Humanité (post CD)

SURTOUT NE LACHONS RIEN FACE AUX LOIS POPULISTE ! CONSTRUISONS DE NOUVELLES SOLIDARITES

Par Éliane Assassi, sénatrice, présidente de l’Association des élus communistes et républicains de la Seine-Saint-Denis.

Aujourd’hui, les parlementaires entament les débats sur un texte présenté par Brice Hortefeux, ministre de l’Immigration, de l’Intégration, de l’Identité nationale et du Codéveloppement. Cette loi va restreindre et durcir encore les conditions du regroupement familial, désigné comme une menace pour l’identité et la sécurité nationales.

Mais, plus que cela, L’UMP n’hésite pas à proposer que les candidats au regroupement familial subissent - à leurs frais - des tests ADN pour apporter la preuve de leur filiation.

Cette mesure est insupportable et inacceptable. Si elle était adoptée, les étrangers seraient désignés comme malades, elle les priverait de leur droit à une vie privée et cela ouvrirait la voie à tous les trafics. Enfin, cette mesure est une mesure de classe : distinguant ceux qui ont de l’argent pour procéder à ces tests, de ceux qui n’en ont pas !

La droite au pouvoir révèle encore son immoralité et son inhumanité. Une telle dérive rappelle les heures les plus sombres de l’histoire de la France et de l’Europe. C’est insupportable et inacceptable.

Ce sont les femmes, les plus démunies, issues de pays où l’éducation leur est interdite et leurs droits élémentaires bafoués, qui vont être les premières victimes de cette loi. C’est inacceptable, indigne de la France. La demande de regroupement familial est une démarche légale d’étrangers en situation régulière qui se présentent aux autorités françaises afin de pouvoir vivre en famille. Le but de cette loi n’est donc pas de combattre les filières clandestines d’immigration. Il s’agit de rejeter des familles classées indésirables au profit d’une immigration choisie, voulue par Nicolas Sarkozy.

Dans un article paru dans des grands quotidiens européens, Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, prévenait : « Les Européens auraient tort de fermer leur porte. Non seulement cela nuirait, à long terme, à leur situation économique et sociale, mais cela amènerait de plus en plus de gens à essayer de pénétrer sur leur territoire par des moyens détournés… » Durcir les conditions du regroupement familial va donc encourager les filières clandestines, les exploiteurs et le travail illégal. Au fond, cette loi est cohérente avec la politique du gouvernement voulue par le Nicolas Sarkozy : servile avec les plus riches, dur avec les plus faibles.

Alors le président de la République s’exclame : « La France ne peut pas accueillir toute la misère du monde ! » En usant de ce prétendu bon sens, il montre son profond mépris de l’État français pour les plus pauvres. Il favorise le mensonge et l’ignorance sur la réalité de l’immigration.

Arrêtons d’utiliser ces formules émotionnelles pour justifier l’injustifiable. Si on ne veut pas accueillir la misère du monde, alors agissons vraiment pour l’éradiquer de la planète !

L’immigration pose des problèmes aux sociétés développées et à la société française. Pour autant, les plus hauts murs, les formalités administratives les plus complexes arrêteront-elles ces gens qui, au péril de leur vie, traversent la Méditerranée sur des barques surchargées ou traversent l’Europe entassés dans des camions ? Et quid du quart des migrants arrivant sur le territoire français originaires d’un pays membre de l’Union européenne ?

En 2002, à l’échelle du monde, les travailleurs immigrés ont expédié 88 milliards de dollars dans les pays en développement. C’est 54 % de plus que le montant de l’aide au développement, qui n’a atteint que 57 milliards de dollars. Voilà le caractère inhumain et destructeur de l’actuelle mondialisation capitaliste. C’est à l’échelle de l’Europe et du monde qu’il nous faut chercher des solutions humaines, solidaires et pacifiques au sous-développement et aux conflits qui poussent des populations à fuir leur pays dans l’espoir de vivre enfin.

C’est un grand combat solidaire et fondateur d’un nouvel internationalisme pour répondre aux défis de notre temps.

La France a les moyens de prendre la tête d’une mobilisation sans précédent des institutions européennes et internationales pour l’annulation de la dette, pour le développement de réelles coopérations, pour la création d’un fonds d’aide au développement efficace contre la faim, la malnutrition, les maladies, la pauvreté. Sans attendre, la France peut annuler la dette contractée à son égard par les pays du Sud et abonder un fond de coopération et d’aide au développement à hauteur de 1 % de son produit intérieur brut.

À l’ère de la mobilité, doit émerger une nouvelle citoyenneté « mondiale » ouvrant des droits sociaux et démocratiques à chaque être humain où qu’il soit sur la planète. Ces droits à l’emploi, au logement, à l’éducation, à la santé, à la mobilité et à l’environnement, partagés par tous, permettraient de nouveaux progrès humains et de civilisation.

Parmi ces droits, figure celui du droit de vote pour toutes et tous. C’est le sens de la proposition de loi pour le droit de vote des étrangers extra-communautaires que les sénateurs du groupe communiste, républicain et citoyen déposent depuis des années sur le bureau du Sénat. C’est le même combat que mènent les maires communistes de Seine-Saint-Denis lorsqu’ils organisent des référendums locaux pour le droit de vote et d’éligibilité des étrangers. Je tiens à les saluer, eux qui aujourd’hui, à l’instar de Michel Beaumale, maire de Stains, font l’objet d’une enquête pour avoir organisé ces consultations démocratiques. Ces procédures engagées par l’Etat sont scandaleuses. Elles s’ajoutent aux menaces judiciaires qui pèsent sur les élus qui parrainent des personnes sans papiers. La tentative de les faire taire doit échouer. Au-delà du soutien qui doit leur être apporté, elle appelle la prise d’initiatives pour faire valoir le droit à la citoyenneté pour toutes et tous dans notre pays.

J’ai été particulièrement touchée par les paroles d’Aminata Traoré dans l’Humanité du 31 août dernier.

Alors je formule cette proposition : en même temps que l’opération « Migrances 2007 » qu’elle organise en décembre prochain à Bamako, multiplions partout où cela est possible, notamment à l’aide des nouvelles technologies de communications, des initiatives en « duplex » pour affirmer, depuis la France, aux participants africains de cette belle initiative notre volonté d’inventer ensemble, avec les travailleurs et les progressistes des pays sources de migration, les solutions pour faire reculer la misère, les guerres, le sous-développement, la faim et la maladie. Pour construire une mondialisation partagée, de justice, de solidarité et de paix.