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Crise de la gauche : allo Karl Marx ?

28 septembre 2007, 22:36

"..../..... L’Histoire montre qu’une société ne se construit pas par le haut, mais en mettant en place des structures alternatives qui délitent les rapports sociaux dominants… chose que n’a fait aucune « révolution socialiste »..../...."

Ah ! Mais le mouvement des coopératives est également très vieux, les tentatives de constituer des contre-sociétés aussi,....

Le problème n’est pas aussi simple et des révolutions socialistes ne se firent pas tant de haut, mais des fois par l’existence de structures auto-gérées également (les soviets par exemple, qui puisent une partie de leurs origines dans l’histoire russe).

Le mouvement coopératif à persisté tout au long de l’histoire moderne.

Pour autant, une série de difficultés apparaissent et sont apparues, dés avant l’époque de Marx sur les limites de ces structures . Leur construction dans un monde toujours régit par des rapports de domination qui font que internes et externes des pressions existent sur ces "expériences" .

La classe bourgeoise a pu être en ascension longue sous la domination du système féodal, mais la classe ouvrière a souvent ce chemin barré pour l’essentiel, sauf sur les marges, qui sont précieuses, mais des marges.

L’acces aux banques, l’acces à une capitalisation suffisante est un problème rémanent pour les coopératives.

Les tendances aux phénomènes d’autonomisations des couches dirigeantes dans ces structures (souvent d’ailleurs commençant par une montée en puissance des écarts de salaires), les tendances au caporalisme sont des données permanentes à combattre, l’influence de l’idéologie inégalitaire penetre et met la pression dans ces structures...

Enfin les coopératives ont le chemin barré pour devenir des Renault, des Peugeots, des Total, des Axas sauf à devenir l’inverse de ce qu’elles sont. Et justement la classe bourgeoise ne laisse pas faire et n’a jamais laissé faire cela.

C’est un peu cette attitude de la bourgeoisie qui interdit ce qui peut la concurrencer qui crée et a créé l’hypothèse révolutionnaire et les tentatives révolutionnaires. Penser que les révolutionnaires du temps passé se sont simplement trompé n’est pas si simple. Le choix des armes leur a souvent été largement enlevé. Si on regarde les révolutions chinoises, indochinoises, russes, cubaines, etc, où a été le choix des processus ? Il est assez difficile d’imaginer que les pouvoirs totalitaires tsaristes, du Kuomintang, du colonialisme français, de Battista, etc, auraient laissé faire des entreprises alternatives leur enlevant leurs esclaves, leurs sujets, leurs pouvoirs, leurs richesses...

Il ne faut pas regarder le passé avec les lunettes du monde actuel européen, pacifié, où on hésite à tirer sur une foule.

Il faut donc remettre en contexte ce qui c’est passé dans l’histoire et aller aux processus concrets, dans chaque cas particuliers, même si des traits communs, des travers communs, peuvent ressortir.

Par contre, ce qu’on sait pour les grands pays industriels, avec des classes ouvrières puissantes, c’est qu’aucune révolution n’y a triomphé, aucun changement de société par voix électorale n’a réussi et aucune auto-gestion généralisée n’y a triomphé par le mouvement des coopératives.

Encore moins des entreprises par le haut. Qui ne se confondent d’ailleurs nullement avec des tentatives de révolutions (ce n’est pas le stalinisme qui a fait la révolution russe, ni son basculement. Sans la légitimité des soviets, il n’y aurait pas eu de révolution et pas de "parti bolchévique dirigeant").

Le haut et le bas.....
Et c’est le bas qui va déterminer le monde à venir, son pouvoir au concret sur les processus.

Nous sommes liés par une histoire et modifier celle-ci vers une révolution socialiste (que les travailleurs aient pouvoir sur leurs destins collectifs et individuels, dans une société de libertés) nécessite certainement une attention extrême sur le contrôle par les travailleurs des processus en cours , une démocratie des égaux dans les organisations se réclamant des travailleurs (partis syndicats, associations, ...) qui empêche l’autonomisation de castes, de dirigeants, aussi brillants soient-ils.

La formidable élévation de l’instruction (contrairement à ce qui se dit ici ou là) fait que collectivement les travailleurs sont beaucoup plus capables qu’avant de maitriser les choix et la gestion d’une entreprise, la gestion d’un pays.

Le mouvement coopératif et le mouvement associatif crée des espaces très instructifs mais qui ne peuvent en soit faire avancer le schmilblic que si ils s’integrent dans un vaste champ de transformation qui s’intéressera aussi , en fait essentiellement, au renversement de la bourgeoisie dans les entreprises que cette dernière contrôle et qui sont dominantes dans le monde.

Copas