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Dialogue d’anthologie entre Gérard Filoche et S. de Menton

23 novembre 2007, 03:21

Sur la casse du droit du travail, j’observe que, depuis des années que j’exerce mon métier d’architecte libéral :

 on est soumis à l’absence d’indemnités quand un client régulier décide de nous remplacer,

 nous n’avons pas de limite dans nos heures supp., le boulot doit être fait en temps et en heure, point final (et la concurrence est rude)

 on travaille parfois la nuit, sans RTT légale (à qui réclamer, d’ailleurs ?)

 on est payé au résultat : client pas content = pas de rémunération pour l’agence (je paie quand même mes collaborateurs) ou alors action en justice contre le mauvais payeur et règlement deux ans plus tard sous réserve que notre travail soit 100% irréprochable (ce qui est impossible)

 quand y en a marre et qu’on fait grève, tout le monde s’en fout (salauds d’architectes qui s’en mettent plein les poches), et en prime on perd nos clients qui s’orientent vers d’autres intervenants disponibles

 à moins d’avoir contracté des assurances volontaires (pas données), on a pas d’indemnités quand on tombe en incapacité

 on n’a pas de congés payés sauf sur les quatre ronds qu’on a pu mettre de côté : salauds d’architecte etc ... vieille rengaine, mais il faut savoir que sur cent euros hors taxes encaissés (c’est-à-dire cent vingt euros ttc) il nous en reste en moyenne trente dans la poche, à dépenser à titre perso (avant impôt sur le revenu)

 on est tenus de respecter et faire respecter la loi et les règlements divers (TOUS sans exception !!) : droit du travail, hygiène, sécurité, droit des tiers, code civil, code de l’urbanisme, code de l’habitation, règles générales d’urbanisme, règlementation handicapés, défense incendie, veiller à ce que soient garantis la solidité et la stabilité des ouvrages, les études et ouvrages géotecniques, hydrogéologiques,et des dizaines d’autres gracieusetés dans de nombreux domaines

 certes on a choisi notre travail et on peut en changer, mais nous sommes responsables de nos actes professionnels pendant dix ans pour certains de leurs aspects, pendant trente ans (oui : 30 ans !) pour d’autres, et ce à titre personnel c’est-à-dire sur nos biens personnels, tout au moins selon les décisions de justice, selon les clauses de nos assurances, selon qu’on a veillé parfaitement ou non à l’application des centaines (milliers) de règlements particuliers (il y a en moyenne 3500 composants de construction différents dans une maison, et deux fois plus de documents techniques)

Ceux qui accumulent les richesses - qui ne sont, au fond, que de vieux enfants tristes, flippés, hystériques et superficiels - cherchent à diviser ceux qui les servent pour mieux régner, et ce, depuis l’aube des temps.
Les téléphones portables, les satellites, la télévision, etc ... ne sont que les habits modernes de cette barbarie puérile.

Une société civilisée digne de ce nom réunit des fonds communs, un pourcentage des revenus de chacun (c’est démocratique), et paie avec ça des routes, des écoles, des hôpitaux, de la recherche fondamentale, des parcs publics, etc ... selon les choix des membres qui la composent.

Je ne suis pas communiste pour autant (ni rien qui finisse en -iste, sauf réaliste). Je crois en l’homme. Ne nous dressons pas les uns contre les autres. Détournons nous simplement des palais et de princes flippés qui les habitent.
L’univers est vaste, les possibilités de progrès, de créativité, d’amour et de bonheur aussi.

Merci quand même pour le beau travail d’analyse que vous avez fait sur l’évolution en cours du code du travail.
Personnellement, je crains de n’utiliser ma retraite que pour survivre et subvenir difficilement à mes besoins et ceux de ma famille.
Je suis convaincu que les temps qui viennent seront radieux, mais je crains que l’entre-temps, c’est-à-dire ce qui nous en sépare, ne soit pas très très folichon.