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LES COMMUNISTES, LES PARTIS ET LES MOUVEMENTS

23 novembre 2007, 11:53

C’est un bon article, il me semble, que livre là "Il Dottore Furioso" comme on l’appelle ailleurs ;-)

Il ne dit pas tout (aucun article ne peut tout dire), mais il ouvre une question fondamentale pour le communisme, surtout aujourd’hui, c à d à la fois au 21ème siècle et dans ce moment précis de pétainisme que nous traversons (et qui n’est PAS une fatalité).

Il faut garder à l’esprit aussi que c’est un article qui est peut être "culturellement" un peu connoté ;-) sur certains points, accepter de s’ouvrir à une définition du mouvement qui est peut être plutôt italienne que française.

Il vient, à mon sens, en complément du débat que lance le dernier ouvrage d’Alain Badiou ( "De quoi Sarkozy est-il le nom ?" que je viens de finir et qui est une livre très fort, que je recommande à tout le monde), débat qui en réalité, on le voit en lisant les contributions des camarades, d"d’horizons variés, ici ou là, nous "traverse", nous "agite".

Nous "communistes" (en tant que constructeurs ou "démonstrateurs" de "l’hypothèse" du communisme), nous avons de nombreuses questions "de fond" à régler, c’est un fait, tout le monde s’y accorde. Y compris des questions de "forme" qui sont en réalité, pour les communistes, des questions " de fond".

Nous avons aussi des luttes à continuer, avec toute la vigueur possible, surtout là, en ce moment. C’est un point sur lequel nous devrons revenir aussi, la manière de mener nos luttes actuellement - il y a bcp à en dire...

Cette question des communistes, des partis et des mouvements, en fait partie, de notre débat, et pas d’une simple manière anecdotique mais philosophique, car cette question, notamment, et la manière dont elle est traitée ici, oblige ensuite à l’analyse à laquelle se livre Badiou .

Ca tombe bien comme disait Mitterrand à Dumas après sa "défaite" de 73, " on a du temps pour réfléchir"...

Mais il faut aussi savoir être efficaces. Et pragmatiques. Pour ce faire, ce n’est peut être pas la peine, pour le moment qui nous occupe, ( c’est peut être même contre productif) de "voir grand" et de nous focaliser sur la conquête d’un pouvoir "démocratique" trusté par le capitalisme (y compris dans la version "light" du PS), dont il y a bcp à dire d’un point de vue communiste.

Comme dit Badiou justement, on se retrouve ici, sur ce site par exemple, dans une sorte de "ligue des gens qui n’ont pas peur", qui refusent la peur et l’urgence comme gouvernail, dans ce moment de pétainisme avéré.

Qui veulent se poser les bonnes questions, prendre le temps de réfléchir et de ne pas céder à une urgence "d’appareil" (je renvoie aussi à la contribution de David Blumenthal publiée ici il y a quelques mois, "La voie étroite", qui traite aussi du même sujet)

Si, comme le dit l’article, les communistes pouvaient voir les mouvements en termes de "régénérescents" plutôt que comme support d’un pouvoir de contrôle hégémonique et autoritaire qui vise à imposer et non pas à composer, pour tirer le meilleur d’un mouvement, nous ferions un grand pas.

Se poser cette question de notre rapport aux mouvements, de notre participation, c’est se poser la question que me présentait un camarade de "mettre fin aux pratiques staliniennes" et peut être même , commencer à mettre fin à ces pratiques.

En d’autres termes, peut être aujourd’hui faut-il savoir préférer les "petits pas", locaux, de proximité, utiles, aux grands sauts inutiles, et comme le dit aussi Badiou, se prendre des points de fixation "à tenir", pour lutter à son échelle humaine contre le pétainisme et pour l’hypothèse du communisme.

Des points d’ancrage réels, locaux, pragmatiques, concrets, au communisme ( i l en donne 8 exemples qui ne doivent rien au hasard et dans lesquels un communiste ne peut que se reconnaitre - pour ma part, j’ai retenu l’Amour et la défense des ouvriers et notamment étrangers et encore plus précisément des sans papiers).

Toutes ces réflexions sont absolument fondamentales et revigorantes, dans la mesure où on est d’accord sur la nécessité , renouvelée, aujourd’hui encore plus forte, de l’hypothèse du communisme comme schéma mental, horizon.

Tant RF que AB posent comme préalable à leurs réflexions, que "ils ne connaissent pas d’autre hypothèses que le communisme comme lutte pour l’émancipation humaine" - si on n’a pas fait le choix de cette hypothèse là, on tombe inévitablement, dans celle du capitalisme - (en d’autres termes, le choix est restreint).

R. Ferrario parle de notre rapport avec la violence et la non violence, à questionner, c’est vrai que c’est une ENORME question - celle de notre rapport au pouvoir et à la notion de "monde" , de "mondialisation" (que pose Badiou) également.

Toutes ces questions sont concomitantes et profondément liées par la définition "en creux" du communisme comme acte de libération, voie vers la liberté.

Pas seulement la lutte des classes et la dictature du prolétariat ( absolument nécessaires) mais in fine ( comme le dit justement un intervenant sur ce fil) l’émancipation de l’humanité, l’absence même de "pouvoir" et "d’Etat" !

A partir de ces constats,de ces idées , de ces questions, on a des décisions simples ( et parfois douloureuses) à prendre, individuelles et collectives, sur des options très basiques : parti ou pas, pcf ou pas, mouvements ou pas, élections ou pas, pouvoir ou pas, comment ? pourquoi ?

Moi, mon choix actuel il est fait et bien fait, pour des tas de raisons, tout à fait liées à ce qui est développé ici et là, et ce n’est pas le lieu d’en reparler ici.

Je suis assez optimiste, en tout cas, j’ai envie de me battre pour ça et je vois bien que je ne suis pas la seule, nous sommes nombreux, nous sommes sur une bonne voie pour l’instant : nous sommes convaincus que le communisme est l’horizon, le seul, nous rejetons l’hypothèse social démocrate ou "pseudo alternative", et nous nous questionnons, donc nous ne sommes pas morts ;-)

A nous de nous "diffuser" de nouveau dans la société civile, avec vitalité et courage, pas forcément avec un fouet et un gourdin, pas forcément non plus en nous compromettant avec les socialistes, les "unitaires" bovéistes etc, dans un but de "captation" de miettes d’un pouvoir fait à la main du Capital.

A nous de nous rendre non pas "acceptables", mais crédibles, compréhensibles pour autrui. Dans cette optique, notre participation aux mouvements est un passage quasi obligé ( mais ce n’est pas le seul), y compris si nous y sommes minoritaires.

ON CONTINUE, donc !

Salutations fraternelles

E. Tuaillon