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PRECISIONS

15 décembre 2007, 18:23

Impossible de tout commenter, discuter sur ce sujet « des communistes, des partis et des mouvements ». En effet, voilà qui réduit ici le communisme à pas grand chose alors qu’il est la seule perspective grandiose aujourd’hui -la seule perspective tout court peut-on dire d’ailleurs… Socialisme ou barbarie, voilà l’alternative. Impossible donc de tout commenter, de tout discuter car si des choses vraies certes ont été dites ici sur ce sujet, ce sont aussi très souvent des choses boiteuses voire carrément fausses.

* En préambule, si je puis dire, il est nécessaire d’affirmer que la politique est une science dont l’enjeu est infiniment crucial pour nous le salariat (dont chômage – dont jeunesse). Non pas que la bourgeoisie, la classe capitaliste, ne soit pas elle, attachée à ses conditions matérielles d’existence (survie du Capital : ils en sont là !), et par conséquent attachée également au pouvoir politique, oh combien !, qui fait tout (ou presque en la matière) : elle en connaît parfaitement l’enjeu ; mais parce que justement l’importance de ce pouvoir politique pour défendre NOS conditions matérielles d’existence, qui sont diamétralement opposées à celles qui précèdent, est gommée pour NOUS à cause de la démoralisation et du déboussolage entraînés par la longue litanie des trahisons et faillites des II°, III° et IV° Internationales ouvrières…

La politique est une science donc, et la rigueur s’impose. Rien de pire que contrevérités, demi vérités, illusions, à-peu-près etc. Rien ne dit d’ailleurs qu’à ce que je dis, il n’y aurait pas à redire aussi. Mais il faut que quelqu’un commence ce que Marx appelait « la critique radicale de tout ce qui existe » (donc de ce qui se dit ici également). Il ajoute ailleurs : « radical, c’est-à-dire à la racine ». C’est pour cela que je me limiterai aux « racines » :

* Le but d’un parti est la conquête du pouvoir.
La Bourgeoisie le sait bien dans le but de le conserver. C’est ainsi la raison pour laquelle elle ne peut qu’interdire les ministères « régaliens » à tous les communistes même au genre Gayssot. La classe capitaliste n’est pas folle. Non pas qu’elle ait peur d’un Gayssot (ou bien d’autres : M.G. Buffet par ex.) qui accepte ce fauteuil Louis XV ; mais parce que au nom du « communisme » les masses se mettent parfois en mouvement et revendiquent. Un ministre communiste montre alors ce qu’il est vraiment. La bourgeoisie tout comme les « communistes » aux fauteuils Louis XV n’ont guère envie de prendre ce risque. Alors que d’un ministre estampillé bourgeois, on sait nécessairement à quoi s’attendre. bourgeoisie comme ouvriers. Voilà qui en dit suffisamment sur la question des gouvernements bourgeois comprenant des ministres des partis issus lointainement du mouvement ouvrier. Il faudrait aussi parler des soi-disant gouvernement « socialistes » qui comportent des ministres bourgeois à la place des Gayssot, Buffet, Fiterman... Ça nous entraînerait loin. Peut-être peut-on dire rapidement qu’il n’y a pas symétrie entre ces gouvernements. Ce qui prouve s’il en était besoin que la luttes des classes est bien « la loi des lois ».

* Le prolétariat est la seule classe révolutionnaire.
Qu’on le veuille ou non, quoi qu’on pense, à juste titre, de son abrutissement, de son faible niveau de mobilisation et de conscience politique… etc. Il y a une raison foncière à ça. Cette raison est totalement oubliée et entraîne pour les bien intentionnés une foultitude d’erreurs qui impuissantent et pour les autres le moyen de dresser les barrages les plus infranchissables à la satisfaction même d’une revendication partielle. Faudrait-il savoir pourquoi la satisfaction de revendications - simplement défensives de surcroît - est systématiquement interdite aux mouvements de masses du salariat (dont chômeurs et jeunesse) ! On objectera… la victoire du CPE. Les faits d’aujourd’hui le démontrent : la jeunesse étudiante n’a pas emporté une réelle victoire en 2006. C’aurait marqué alors un point d’arrêt à l’offensive de la bourgeoisie. Or ce n’est pas cela qui a suivi mais une campagne –on sait laquelle- de S. Royale, la « neutralité » bienveillante des directions syndicales, le silence complice (ou intéressé) des organisations et partis de notre camp à ces deux sujets, un entre-deux tours plus avancé dans le pourrissement politique et syndical GENERAL, puis par conséquent la victoire de Sarkozy qui s’est attaqué en premier lieu à… l’université ! Au droit de grève, au code du travail... On voit le peu de réalité de la « victoire du CPE ».

On cite ici 1968. Mais on "oublie" de parler des 5 millions de grévistes, des occupations d’usine, du mouvement ouvrier qui est parti à la défense de la jeunesse malgré les barrages dressés par les directions syndicales ouvrières et étudiantes, malgré les dénonciations anti-syndicales, anti-ouvrières, les provocations des gauchistes tel un certain Cohn-Bendit, un certain Geismar etc. Ce ne sont pas ces derniers qui "ont fait 1968". Pas même démarrer le mouvement.
Tellement facile de tourner le dos à la classe révolutionnaire. Au lieu de s’organiser, de se positionner de telle manière qu’on l’aide à y voir clair, lui ouvrir une perspective à portée de main…

* Quelque soit le niveau de dégradation du syndicalisme ouvrier, enseignant et étudiant (CGT, CGT-FO, FSU ex.-FEN , SE-ex-FEN et UNEF), le syndicat reste le cadre essentiel pour regrouper les travailleurs et la jeunesse. CAR travailleurs et jeunesse sont pris dans la nasse de cette alternative, un piège : soit d’un côté, ils sont dans l’aveuglement –suicidaire– dans la confiance qu’ils ont d’ailleurs de moins en moins dans les directions syndicales (elles qui ont confisqué de longue date les syndicats pour en faire les courroies de transmission de la politique de régressions et de réaction de la bourgeoisie) ; de l’autre côté, travailleurs et jeunesse -sceptiques, dégoûtés…- se détournent de LEUR syndicat, parfois se tournent vers des syndicats de division dans l’illusion que ceux-ci seraient enfin les bons syndicats dont ils ont besoin. Avec cette deuxième façon, là aussi aveuglement suicidaire car ils n’empêchent pas alors les dirigeants nationaux qui ont ainsi totalement les mains libres de parler au nom des cheminots comme Le Reste ou Thibault, ou au nom des étudiants comme Julliard - et par conséquent facile pour eux de signer des deux mains les accords traîtres qu’ils ont d’ailleurs concoctés en général maintenant en commun. Jamais mieux servi que par soi-même. Même dans l’Histoire récente, la solution a été trouvée pour échapper à ce dilemme.

* On en revient à ce propos à la question du parti : la boucle est bouclée. Le parti, c’est aussi la mémoire de notre classe, tout ce qui assure la permanence et son organisation quelle que soit la situation générale. Peut-il y avoir un autre but que l’émancipation totale du salariat ?

Ainsi le parti de classe se doit de prendre à son compte « le programme » : le renversement du capitalisme et la perspective du socialisme (et non pas « révolutionner le capitalisme » - c’est-à-dire en réalité s’y adapter et s’y soumettre en semant l’illusion que sous ce régime capitaliste il y aurait des solutions aux problèmes auxquels le prolétariat mondial est confronté tout comme la petite bourgeoisie « progressiste » d’ailleurs quant à ses revendications particulières en sus des précédentes). « Programme » qui est devenu pour bien des organisations soit des « gros mots », soit réservé aux dimanches et jours de fête.

Ainsi le parti de classe se doit de s’inscrire dans le cours exact du mouvement historique du prolétariat (et non pas chercher à représenter « une opposition crédible » et pour cela semer l’illusion réformiste que le rapport de forces demeurerait inchangé).

Ainsi le parti de classe se doit d’ouvrir une perspective immédiate sur le terrain de la lutte de classe : non pas « lutter » : la lutte pour la lutte, pour la gloire… c’est-à-dire couvrir en réalité les directions syndicales traîtres seules responsables de la litanie des défaites, des non combats que nous subissons… Mais comment vaincre ?

Une « racine » là encore : l’émancipation du prolétariat sera l’œuvre du prolétariat lui-même. Ou comme le dit aussi « l’Internationale » : « il n’est pas de sauveur suprême : ni dieu, ni César, ni tribun. Travailleurs sauvons-nous, nous-mêmes… » Cependant guidé par son avant-garde qui n’existe pas aujourd’hui. Autre enseignement.

Pour conclure. Une critique en détails aurait été fastidieuse. D’autant qu’il aurait fallu prendre en considération les commentaires également.

On voit j’espère grâce à mon modeste exposé en 5 points comment on peut recentrer certaines questions mal posées - dont la question générale : « les communistes, les partis et les mouvements ». En effet :

Quels « communistes » ? PCF, LCR, LO, trotskystes, libertaires… ? Ou prône-t-on par-là « l’union de TOUS les révolutionnaires » sans distinction de classe, voire avec des révolutionnaires anti-ouvriers ? De tous les communistes alors ? Et le PCF, un parti révolutionnaire ? Voire la LCR !

Et quels « partis » ? De gouvernement ? De masse ? De classe ? Et un parti révolutionnaire, qu’est-ce que ça veut dire concrètement ?

Quels « mouvements » ? Il y en a de la petite bourgeoisie et pas toujours « progressiste » ! Ce sont ces mouvements qu’on voit le plus d’ailleurs. Quelle critique de classe en faire ? Et les mouvements de la classe ouvrière sont-ils toujours à suivre ? Elle ne se tromperait jamais ? Ceux qui se détournent de la classe ouvrière - voire la conspue - quand elle est amorphe, quand elle vote « à côté », contre ses intérêts… sont les premiers à se mettre à la remorque de ses mouvements coûte que coûte. Est-ce cela la tâche d’une avant-garde ouvrière ?

Peut-être que certains lecteurs se rangeront avec moi à cette conclusion qu’il nous manque l’organisation politique dont notre classe a un besoin vital. Celle qui contribuerait à un renouveau du mouvement ouvrier, à un nouveau parti ouvrier révolutionnaire et à une nouvelle internationale ouvrière révolutionnaire qui font défaut de plus en plus durement sur le terrain national comme dans le cadre international, sur les questions syndicales comme sur les questions politiques.

Je pense que beaucoup auront compris qu’il ne peut s’agir du "parti anticapitaliste" de la LCR.

J’espère surtout avoir engager quelque peu à la réflexion et pour cela à la nécessité d’« apprendre, apprendre encore et apprendre sans cesse. »
A commencer par (re)lire le Manifeste du parti communiste peut-être… Dans ce cas, éviter la version « Mille et une nuits » dont l’introduction est celle d’un anti-marxiste, anti-communiste, anti-ouvrier (sic).

le Manifeste du parti communiste

Chacun trouvera la version correcte et gratuite à l’adresse ci-dessous :

http://www.marxists.org/francais/marx/works/1847/00/kmfe18470000.htm

(lire les très nombreuses préfaces plutôt à la fin)