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Avoir ou ne pas avoir une stratégie

23 janvier 2008, 22:46

Le centralisme tel qu’il était conçu était un centralisme anti-démocratique, bureaucratique.

Ce type de centralisme fut ce qui fit énormément de mal à la capacité de renouvèlement des partis de gauche.

Ce phénomène n’est pas l’apanage de l’histoire des PC mais de la mise en route venant de loin de partis privilégiant la soumission des militants au détriment de la libre union.

Il se perçoit dés les années 1910 dans les grandes social-démocraties (qui réunissaient alors tous les marxistes, ou presque) notamment l’allemande , où le hierarchisme se conjugue avec une poussée rapide de la bureaucratie et du nationalisme ...

Ensuite, dans les grands partis de gauche la conjugaison d’un centralisme de soumission se conjugua souvent avec le développement de la bureaucratie (paradoxe).

La question d’une discipline librement consentie, à retrouver, différente des servitudes traditionnelles, et celle du centralisme anti-démocratique des appareils bureaucratisée est un débat toujours entier où il n’y a pas trop lieu là d’opposer les années 60 aux années 2000.

Bien des pratiques perdurent du centralisme bureaucratique alors que la démocratie peine toujours à s’imposer et marche bien moins que ne le fait la démocratie bourgeoise , alors que ça devrait être l’inverse.

La question du centralisme démocratique est effectivement une des questions essentielles d’une organisation, le centralisme est d’abord pour moi une démarche de solidarité, celle qui nous unit dans un combat commun, et qui fait que, avec ou sans directive , le militant demeure debout sur ses deux pattes, bien solide, il a en lui le programme, la stratégie et la tactique, non sous forme de consigne, ni de façon livresque mais dans l’action. La discipline balancée d’en haut est la mère de toutes les défaites

Pour les questions de stratégie, je souhaiterai qu’on se penche plus sur les raisons des excès de l’électoralisme, sur notre incapacité à penser autrement qu’au travers du seul programme social et politique qu’il convient d’appliquer dans une société à la structure organisationnelle inchangée.

Communistes ou anarchistes, nous ne sommes pas là pour avoir comme seuls nirvanas des conquêtes sociales à déverser par le haut après un succès électoral.

Sans poser la question de collectifs de travailleurs se coordonnant et gagnant en forces, imposant un réseau de plus en plus dense sur le territoire et pouvant disputer le pouvoir réel (dans les entreprises, les corps d’état, les quartiers), la stratégie tombe en panne, il n’y a pas d’orientation vers le socialisme, aucune classe candidate à l’autogestion.
Tout succès électoral demeure vide de sens sans préparer, même de très loin, le renforcement de la classe déshéritée dans des organisations démocratiques et anti-bureaucratiques larges .

Un des dispositifs stratégiques essentiels pour aller, en partant de la bataille du quotidien jusqu’à une société de liberté, est la capacité de travailler à reconstruire la classe déshéritée par tous les chemins possibles, toutes les hypothèses, mais méthodiquement.

L’organisation de la montée vers l’autogestion est la seule chose qui donne du sens à un programme social et une éventuelle victoire électorale. C’est donc à mon sens la bataille stratégique la plus importante . Celle-ci nécessite un parti qui y travaille, ce parti n’existe pas encore, mais en a les éléments et les courants nécessaires, potentiellement, dans le PCF, LO, la LCR, les libertaires, etc. Ce sont dans ces courants et leurs bordures qu’existent les forces nécessaires à cette bataille.

Réseaux, travail de réunification du mouvement syndical par des sections communes démocratiques à la base et en remontée unificatrice, poussée méthodique lors de mouvements sociaux de structures démocratiques décisionnelles sur le mouvement et se coordonnant (distinctes de la nature plus réduites de sections syndicales de base) afin de n’avoir qu’une seule force unie apte à discuter et à représenter un mouvement, réhabilitation de bourses du travail unitaires, partagées, points de ralliement des déshérités dans une ville ou un quartier.

A côté et en appui de ce travail, et à côté des tracts et des journaux, il nous faudra constituer des espaces sur le net, articulés, poussant à un journalisme militant , construit sur des témoins dans chaque quartier, chaque rue, chaque ville, chaque pays, imposant un réseau dense de liberté, non enfermant, apte aux débats et à la contestation, solide face aux liberticides (assise internationale) du capitalisme.

Copas