J’ai lu le texte complet (sur le site "à l’encontre" me semble-t-il). Difficile de répondre à cette partie uniquement. Je dirais que tout n’est pas à jeter aux orties. Pour avancer il faut nécessairement valider des acquis issus du débat.
Par ailleurs, la période oblige à trouver des éléments d’alternative. Et si nul n’a la vérité de l’alternative peut-être y a-il au moins le projet de construire un rapport de force qui ne se désagrège pas dès le premier affrontement.
Voici une proposition qui intervient après un débat à Rennes sur le nouveau parti anticapitaliste - NPA .
Christian DELARUE
POUR UNE AUTRE FORCE POLITIQUE HEGEMONIQUE A GAUCHE
Il s’agit de construire une force de contestation et de proposition qui soit hégémonique à gauche ce qui suppose qu’il soit à gauche et qu’il admette une variétée de positions . A gauche signifie le rejet du libéralisme et du socialibéralisme et donc de ce qui constitue le fond de commerce idéologique d’une grande partie du PS mais aussi des Verts . Un tel rejet ne signifie pas refus de participer à un gouvernement des sociolibéraux mais ceux-ci ne doivent pas être en position de donneur d’ordre. La gauche doit pouvoir faire valoir ses choix antilibéraux et anticapitaliste contre le PS et les Verts-roses qui doivent se contenter d’un strapontin. Une telle force, quelqu’en soit la forme -partidaire ou autre - , suppose une méthode de débat qui permette tout à la fois la libre ’expression des différents courants de pensée de la gauche, de l’écologie, de l’antiproductivisme, de l’anticapitalisme, etc.. et l’accord sur une base minimale qui fasse de cette force politique une vraie force qui ne succombe pas aux premières manoeuvres des sociaux-libéraux roses ou verts. Une telle force doit soutenir et prolonger politiquement les luttes contre le sexisme, le racisme, les discriminations, les dégâts écologiques en les articulant aux luttes des travailleurs pour fonder un nouveau un nouveau projet hégémonique à gauche. » La difficulté réside sans doute dans les modalités de cette articulation.
–Hégémonie difficile mais à conquérir.
Je recours à Daniel BENSAID non pour l’argument d’autorité mais simplement pour ses compétences car on ne peut guère parler d’hégémonie de façon trop naïve, simplement en ressortant ce qu’en dit le Larrousse.
Dans la gauche la notion d’hégémonie a été instrumentalisée à des fins diverses qui incitent à l’exploration non dogmatique. Reste qu’il ne s’agit pas pour autant de se taire. Il s’agit d’avancer en admettant de se tromper . Par ailleurs, point d’auteur fétiche, d’autres auteurs peuvent et doivent être sollicités sur cette question .En attendant voici donc ce que j’ai retenu de Daniel BENSAID sur l’hégémonie et Gramsci. Il s’agit d’extraits d’un exposé de formation à l’université d’été de la LCR conservés sous forme de thèses (ou de positions) dégagées des arguments qui les soutiennent.
–
– Au cours des années 1970, la notion d’hégémonie servit de prétexte théorique à l’abandon sans discussion sérieuse de la dictature du prolétariat par la plupart des partis « eurocommunistes ». Comme le rappelait alors Perry Anderson, elle n’élimine pourtant pas, chez Gramsci, la nécessaire rupture révolutionnaire et la transformation de la défensive stratégique (ou guerre d’usure) en offensive stratégique (ou guerre de mouvement).
– Gramsci élargit la question du front unique en lui fixant pour objectif la conquête de l’hégémonie politique et culturelle dans le processus de construction d’une nation moderne. Cette compréhension élargie de la notion d’hégémonie permet de préciser l’idée selon laquelle une situation révolutionnaire est irréductible à l’affrontement corporatif entre deux classes antagoniques.
– En opposant à la dictature du prolétariat une notion d’« hégémonie » réduite à une simple expansion de la démocratie parlementaire ou à une longue marche dans les institutions, les eurcommunisstes édulcoraient la portée des Cahiers de Prison.
– Elargissant le champ de la pensée stratégique, en amont et en aval de l’épreuve de force révolutionnaire, Gramsci articule la dictature du prolétariat à la problématique de l’hégémonie. Dans les sociétés « occidentales », la prise du pouvoir est inconcevable sans une conquête préalable de l’hégémonie, c’est-à-dire sans l’affirmation d’un rôle dominant/dirigeant au sein d’un nouveau bloc historique capable de défendre, non seulement les intérêts corporatifs d’une classe particulière, mais d’apporter une réponse d’ensemble à une crise globale des rapports sociaux.
La notion d’hégémonie implique donc chez Gramsci
* l’articulation d’un bloc historique autour d’une classe dirigeante, et non la simple addition indifférenciée de mécontentements catégoriels.
* la formulation d’un projet politique capable de résoudre une crise historique de la nation et de l’ensemble des rapports sociaux.
Ce sont ces deux idées qui tendent à disparaître aujourd’hui de certains usages peu rigoureux de la notion d’hégémonie.
– La lutte des classes n’est pas soluble dans le kaléidoscope des appartenances identitaires ou communautaires, et l’hégémonie n’est pas soluble dans un inventaire des équivalences à la Prévert.
– Les classes sont hétérogènes, déchirées par des antagonismes intérieurs, et n’arrivent à leurs fins communes que par la lutte des tendances, des groupements et des partis.
– Dans le discours léniniste, l’hégémonie désignait un leadership politique au sein d’une alliance de classes. Mais le champ politique restait conçu comme une représentation ou un reflet directs et univoques d’intérêts sociaux présupposés.
– L’ambiguïté du concept d’hégémonie doit être dénoué, soit dans le sens d’une radicalisation démocratique, soit dans celui d’une pratique autoritaire.
– Dans son acception démocratique, il permet de lier en gerbe une multiplicité d’antagonismes. Il faut alors admettre que les tâches démocratiques ne sont pas réservées à la seule étape bourgeoise du processus révolutionnaire. Dans l’acception autoritaire du concept d’hégémonie, la nature de classe de chaque revendication est au contraire fixée a priori (bourgeoise, petite-bourgeoise, ou prolétarienne) par l’infrastructure économique. La fonction de l’hégémonie se réduit alors à une tactique « opportuniste » d’alliances fluctuant et variant au gré des circonstances. La théorie du développement inégal et combiné obligerait en revanche à « une expansion incessante des tâches hégémoniques » au détriment d’un « socialisme pur ».
– La conception gramscienne de l’hégémonie jette les bases d’une pratique politique démocratique « compatible avec une pluralité de sujets historiques ».
– L’introduction du concept d’hégémonie modifie la vision du rapport entre le projet socialiste et les forces sociales susceptibles de le réaliser. Elle impose de renoncer au mythe d’un grand Sujet l’émancipation. Elle modifie aussi la conception des mouvements sociaux, qui ne sont plus des mouvements « périphériques » subordonnés à la « centralité ouvrière », , mais des acteurs à part entière, dont le rôle spécifiqyue dépend strictement de leur place dans une combinatoire (ou articulation hégémonique) de forces.
– Suivant une « logique de l’hégémonie », dans l’articulation entre anti-racisme, anti-sexisme, anti-capitalisme, les différents fronts sont censés s’épauler et se renforcer les uns les autres, pour construire une hégémonie.
– Pris dans un sens stratégique, le concept d’hégémonie est irréductible à un inventaire ou une à une somme d’antagonismes sociaux équivalents. Chez Gramsci, il est un principe de rassemblement des forces autour dans la lutte de classe. L’articulation des contradictions autour des rapports de classe n’implique pas pour autant leur classement hiérarchique en contradictions principales et secondaires, pas plus que la subordination de mouvements sociaux autonomes (féministes, écologistes, culturels) à la centralité prolétarienne.
Le concept d’hégémonie est particulièrement utile aujourd’hui pour penser l’unité dans la pluralité de mouvement sociaux. Il devient problématique en revanche lorsqu’il s’agit de définir les espaces et les formes de pouvoir qu’il est censé aider à conquérir.
Se reporter au texte intégral pour ne pas se contenter de l’os !
J’ai lu le texte complet (sur le site "à l’encontre" me semble-t-il). Difficile de répondre à cette partie uniquement. Je dirais que tout n’est pas à jeter aux orties. Pour avancer il faut nécessairement valider des acquis issus du débat.
Par ailleurs, la période oblige à trouver des éléments d’alternative. Et si nul n’a la vérité de l’alternative peut-être y a-il au moins le projet de construire un rapport de force qui ne se désagrège pas dès le premier affrontement.
Voici une proposition qui intervient après un débat à Rennes sur le nouveau parti anticapitaliste - NPA .
Christian DELARUE
POUR UNE AUTRE FORCE POLITIQUE HEGEMONIQUE A GAUCHE
Il s’agit de construire une force de contestation et de proposition qui soit hégémonique à gauche ce qui suppose qu’il soit à gauche et qu’il admette une variétée de positions . A gauche signifie le rejet du libéralisme et du socialibéralisme et donc de ce qui constitue le fond de commerce idéologique d’une grande partie du PS mais aussi des Verts . Un tel rejet ne signifie pas refus de participer à un gouvernement des sociolibéraux mais ceux-ci ne doivent pas être en position de donneur d’ordre. La gauche doit pouvoir faire valoir ses choix antilibéraux et anticapitaliste contre le PS et les Verts-roses qui doivent se contenter d’un strapontin. Une telle force, quelqu’en soit la forme -partidaire ou autre - , suppose une méthode de débat qui permette tout à la fois la libre ’expression des différents courants de pensée de la gauche, de l’écologie, de l’antiproductivisme, de l’anticapitalisme, etc.. et l’accord sur une base minimale qui fasse de cette force politique une vraie force qui ne succombe pas aux premières manoeuvres des sociaux-libéraux roses ou verts. Une telle force doit soutenir et prolonger politiquement les luttes contre le sexisme, le racisme, les discriminations, les dégâts écologiques en les articulant aux luttes des travailleurs pour fonder un nouveau un nouveau projet hégémonique à gauche. » La difficulté réside sans doute dans les modalités de cette articulation.
– Hégémonie difficile mais à conquérir.
Je recours à Daniel BENSAID non pour l’argument d’autorité mais simplement pour ses compétences car on ne peut guère parler d’hégémonie de façon trop naïve, simplement en ressortant ce qu’en dit le Larrousse.
Dans la gauche la notion d’hégémonie a été instrumentalisée à des fins diverses qui incitent à l’exploration non dogmatique. Reste qu’il ne s’agit pas pour autant de se taire. Il s’agit d’avancer en admettant de se tromper . Par ailleurs, point d’auteur fétiche, d’autres auteurs peuvent et doivent être sollicités sur cette question .En attendant voici donc ce que j’ai retenu de Daniel BENSAID sur l’hégémonie et Gramsci. Il s’agit d’extraits d’un exposé de formation à l’université d’été de la LCR conservés sous forme de thèses (ou de positions) dégagées des arguments qui les soutiennent.
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– Au cours des années 1970, la notion d’hégémonie servit de prétexte théorique à l’abandon sans discussion sérieuse de la dictature du prolétariat par la plupart des partis « eurocommunistes ». Comme le rappelait alors Perry Anderson, elle n’élimine pourtant pas, chez Gramsci, la nécessaire rupture révolutionnaire et la transformation de la défensive stratégique (ou guerre d’usure) en offensive stratégique (ou guerre de mouvement).
– Gramsci élargit la question du front unique en lui fixant pour objectif la conquête de l’hégémonie politique et culturelle dans le processus de construction d’une nation moderne. Cette compréhension élargie de la notion d’hégémonie permet de préciser l’idée selon laquelle une situation révolutionnaire est irréductible à l’affrontement corporatif entre deux classes antagoniques.
– En opposant à la dictature du prolétariat une notion d’« hégémonie » réduite à une simple expansion de la démocratie parlementaire ou à une longue marche dans les institutions, les eurcommunisstes édulcoraient la portée des Cahiers de Prison.
– Elargissant le champ de la pensée stratégique, en amont et en aval de l’épreuve de force révolutionnaire, Gramsci articule la dictature du prolétariat à la problématique de l’hégémonie. Dans les sociétés « occidentales », la prise du pouvoir est inconcevable sans une conquête préalable de l’hégémonie, c’est-à-dire sans l’affirmation d’un rôle dominant/dirigeant au sein d’un nouveau bloc historique capable de défendre, non seulement les intérêts corporatifs d’une classe particulière, mais d’apporter une réponse d’ensemble à une crise globale des rapports sociaux.
La notion d’hégémonie implique donc chez Gramsci
* l’articulation d’un bloc historique autour d’une classe dirigeante, et non la simple addition indifférenciée de mécontentements catégoriels.
* la formulation d’un projet politique capable de résoudre une crise historique de la nation et de l’ensemble des rapports sociaux.
Ce sont ces deux idées qui tendent à disparaître aujourd’hui de certains usages peu rigoureux de la notion d’hégémonie.
– La lutte des classes n’est pas soluble dans le kaléidoscope des appartenances identitaires ou communautaires, et l’hégémonie n’est pas soluble dans un inventaire des équivalences à la Prévert.
– Les classes sont hétérogènes, déchirées par des antagonismes intérieurs, et n’arrivent à leurs fins communes que par la lutte des tendances, des groupements et des partis.
– Dans le discours léniniste, l’hégémonie désignait un leadership politique au sein d’une alliance de classes. Mais le champ politique restait conçu comme une représentation ou un reflet directs et univoques d’intérêts sociaux présupposés.
– L’ambiguïté du concept d’hégémonie doit être dénoué, soit dans le sens d’une radicalisation démocratique, soit dans celui d’une pratique autoritaire.
– Dans son acception démocratique, il permet de lier en gerbe une multiplicité d’antagonismes. Il faut alors admettre que les tâches démocratiques ne sont pas réservées à la seule étape bourgeoise du processus révolutionnaire. Dans l’acception autoritaire du concept d’hégémonie, la nature de classe de chaque revendication est au contraire fixée a priori (bourgeoise, petite-bourgeoise, ou prolétarienne) par l’infrastructure économique. La fonction de l’hégémonie se réduit alors à une tactique « opportuniste » d’alliances fluctuant et variant au gré des circonstances. La théorie du développement inégal et combiné obligerait en revanche à « une expansion incessante des tâches hégémoniques » au détriment d’un « socialisme pur ».
– La conception gramscienne de l’hégémonie jette les bases d’une pratique politique démocratique « compatible avec une pluralité de sujets historiques ».
– L’introduction du concept d’hégémonie modifie la vision du rapport entre le projet socialiste et les forces sociales susceptibles de le réaliser. Elle impose de renoncer au mythe d’un grand Sujet l’émancipation. Elle modifie aussi la conception des mouvements sociaux, qui ne sont plus des mouvements « périphériques » subordonnés à la « centralité ouvrière », , mais des acteurs à part entière, dont le rôle spécifiqyue dépend strictement de leur place dans une combinatoire (ou articulation hégémonique) de forces.
– Suivant une « logique de l’hégémonie », dans l’articulation entre anti-racisme, anti-sexisme, anti-capitalisme, les différents fronts sont censés s’épauler et se renforcer les uns les autres, pour construire une hégémonie.
– Pris dans un sens stratégique, le concept d’hégémonie est irréductible à un inventaire ou une à une somme d’antagonismes sociaux équivalents. Chez Gramsci, il est un principe de rassemblement des forces autour dans la lutte de classe. L’articulation des contradictions autour des rapports de classe n’implique pas pour autant leur classement hiérarchique en contradictions principales et secondaires, pas plus que la subordination de mouvements sociaux autonomes (féministes, écologistes, culturels) à la centralité prolétarienne.
Le concept d’hégémonie est particulièrement utile aujourd’hui pour penser l’unité dans la pluralité de mouvement sociaux. Il devient problématique en revanche lorsqu’il s’agit de définir les espaces et les formes de pouvoir qu’il est censé aider à conquérir.
Se reporter au texte intégral pour ne pas se contenter de l’os !
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