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Christine Delphy ou la nouvelle Ménie Grégoire du féminisme

22 avril 2008, 22:48

Il faut bien vendre ou acheter pour vivre - pour l’instant. Il faut, pour l’instant , de l’argent, des moyens d’assurer sa subsistance. Et tenir compte du fait que nous sommes dans un monde capitaliste. Ensuite, on peut débattre de ce qui serait "idéal". Mais bon, on est marxiste ou pas. Même avec le cul (surtout avec le cul dirais je ;))

Ni l’homme ni la femme ne sont "des marchandises" mais réduire le débat à cela c’est (faire) croire que vendre du sexe, c’est vendre l’homme ou la femme qui en sont le support. D’ailleurs pour être juste ce n’est même pas le sexe qui est en cause mais il sert de support au fond, à une "prestation de services". Ce qui revient au fond à confondre "partie " et "tout" , ce qui n’est pas forcément mieux.

C’est aussi croire qu’on ne peut pas dissocier l’acte sexuel de ce que représente l’acte sexuel dans certains cas.

Je le prendrais assez mal si mon amoureux me "réduisait " à un sexe, ou s’il avait en public des comportements sexuels sur ma personne alors que je ne l’ai pas sollicité , au motif que "je serais un sexe". Je prendrais tout aussi mal que mon amoureux ignore que je suis AUSSI dotée d’un sexe, avec une sexualité qui ne regarde au fond que moi...et mon (ma, mes) partenaire

Ne pas faire de distinguo dans ce débat c’est comme mettre strictement sur le même plan l’esclavage d’un petit cambodgien qui fabrique des ballons de foot à la chaîne pour un bol de riz par jour et le salarié correctement payé qui jouit (oups pardon ;)) de droits et qui peut les faire valoir ,se défendre etc. Bien sur au fond il y a un pb commun : le capital, le capitalisme et ça on est d’accord, mais mieux vaut être salarié en France qu’esclave en Asie quand même.

Pour la prostitution c’est pareil. J’ai l’impression que certain-e-s confondent l’esclavagisme sexuel à des fins d’exploitation marchande et (les filles et les mecs qu’on force à faire le trottoir) et le choix de certain-e-s de se prostituer.

PErsonnellement c’est un choix que j’ai du mal à comprendre (ou pour être honnête , si je me pose la question, je me vois mal arriver à cette "extrémité" mais je ne suis peut être pas "dans le juste"...) et je crois "préférable" pour des tas de raison s qui n’ont rien à voir avec la morale, de vendre ou d’acheter autre chose que son intimité car la barrière est quand même mince entre le sexe que l’on offre comme support d’une marchandise (qui est une prestation) et celui qui est le siège d’une partie de notre psyché....

Cependant, je me garderais bien de juger celui o u celle qui fait ce choix. En revanche, ce que je trouve répugnant c’est à la fois que des soi disant progressistes refusent ,de par leur comportement un peu dogmatique, d’assurer à celles et ceux qui souhaitent en faire leur métier (après tout ça les regarde), des conditions décentes et sécures pour le pratiquer. Et à la fois ceux qui font en effet commerce des êtres humains pour les prostituer ce qu i est tout à fait différent.

Quand je n’étais pas encore avocate mais juste étudiante, un de mes premiers stages, je l’ai fait chez un avocat qui avait une clientèle de prostituées (notamment d’une rue J... dans le 9ème si ma mémoire ne me fait pas défaut). Il leur faisait du péna l et du fiscal (car on crache sur les travailleurs du cul mais si on peut leur prendre un peu de blé lors d’un bon redressement fa ut pas se gêner l’argent n’est pas sale pour tout le monde faut croire...). Elles venaient au cabinet ou on allait les voir sur place. Certaines de ces dames (il n’y avait pas d’hommes mon souvenir) m’ont donné une ou deux leçons de vie (et non j’ai pas dit "de choses" , o n se calme ;)) et je n’oublierai pas.

Bref, liberté et sécurité pour les travailleurs du sexe, pour leurs client-e-s aussi (et j’irais même jusqu’à dire extension de la possibilité d’avoir recours à des prostitués hommes pour les femmes), ce qui implique des t as de choses sur l’hygiène, la sécurité , la prévention, les lieux de travail etc. bref une vraie politique , enfin, et qui n’ait pas peur de la morale bourgeoise, et pourquoi pas une action syndicale ?

L’utilité sociale, humaine même, de la prostitution (dans les limites définies plus haut sommairement) est une évidence. Au même titre que le dentiste, l’avocat. Qui n’a jamais souffert de la "misère sexuelle" ou vu souffrir un ou une de ses proches de cela ne peut pas comprendre, je l’admets. Mais c’est un autre débat sans doute.

Mais je crois qu’il faut être un peu pervers justement pour ne pas vouloir admettre que le corps et l’âme peuvent souffrir du manque de sexe.

Même "payant" c’est un moyen de rencontrer un autre corps, de se faire toucher, d’être dans une matérialité, de rompre une solitude, d’éprouver du plaisir etc... Sauf à "stigmatiser" le plaisir (bon pas tjs hein ça dépend :))que peut procurer un acte sexuel librement consenti, on ne eput pas nier cela. Il n’y a pas que des tordus psychopathes qui ont recours aux services prostitué-e-s. I l y a aussi des gens seuls, malheureux, mal mariés, incompris, timides, trop moches, handicapés, etc.

On ne va pas voir une prostituée que pour des trucs tarabiscotés que Moumoune ne veut pas vous faire !!! Bcp raconteraient je pense l’étonnante simplicité sinon la platitude, et la rapidité aussi, de la plupart de leurs relations sexuelles.

Franchement je préfère leur souhaiter de croiser de temps à autre un-e prostitué-e responsable, protégé-e et habile, dans de bonnes conditions, que de se gaver de prozac pendant des années et de finir pendu au bout d’une corde.

Fraternellement,

La Louve