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Biocarburants et crise alimentaire

24 avril 2008, 15:30, par gronaze

Et si cette crise était bénéfique pour l’Afrique ?

La problématique posée par la pénurie alimentaire mondiale n’est sans doute pas aussi simple qu’on le pense, pour l’ Afrique en particulier ou le secteur agricole peut profiter de la hausse des prix des céréales.

Certes les consommateurs urbains, ceux que l’on voit sur les images d’émeutes qui tournent en boucle sur les télés et qui effraient le monde occidental, ont beaucoup à perdre d’une telle situation. Leurs revenus n’augmentent pas tandis que le cout de leur alimentation grimpé ces dernières années de manière folle . Leur pouvoir d’achat a donc chuté fortement et les conséquences sociales dans les villes du Sud se font sentir cruellement.

Mais dans les campagnes ? les 3/4 de la population africaine vit de l’agriculture, et en particulier de la production de céréales (riz, mais, mil, sorgho). La hausse des céréales sur le marché mondial tire également vers le haut le cours des céréales africaines, qui deviennent plus compétitives. Le revenu des producteurs africains, qui provient essentiellement de la vente de leurs surplus céréaliers, s’en trouve donc amélioré.

Idem pour les filières animales (lait viande) qui ont été pendant des années concurrencées par la poudre de lait UE subventionnée, les ailes de poulet brésilien ou breton, ou les avant de boeuf congelés. Le cout de ces produits, issus de créréales, augmente egalement sur le marché mondial, et les poulets ou le lait africains redeviennent progressivement compétitifs sur les marchés intérieurs ou régionaux.

Il ne faut surtout pas sous estimer les capacités de l’agriculture africaine. Oublions les clichés misérabilistes ! L’Afrique est le continent dont le potentiel agricole restant à exploiter est le plus important : elle dispose de terres, d’eau, contrairement à ce que l’on pense souvent, et surtout d’une main d’oeuvre abondante et jeune, elle consomme peu de produits pétroliers dont le prix augmente, et surtout, contrairement à l’imagerie sarkozienne du paysan africain ancré dans ses habitudes séculaires, elle possède des capacités d’adaptation remarquables aux aléas et aux changement de contexte. Son développement au cours des dernières décennies a justement été en grande partie freiné et handicapé par la concurrence des agricultures des géants agricoles mondiaux (UE, USA, Brésil, Australie, NZ). Cette crise renverse la tendance, elle permet a l’Afrique de redevenir compétitive, au moins sur son propre marché, et pourquoi pas au delà ?
Dans les années à venir, la production de riz en Afrique, qui progressait lentement du fait de la concurrence des brisures asiatiques, va s’envoler, c’est évident.

Certes le problème reste entier dans les villes du contient, qui ne bénéficieront qu’indirectement et partiellement de la reprise agricole. Il faut trouver des solutions pour ces populations, mais des solutions qui ne soient pas contre productives et ne pénalisent pas les paysans. Augmenter l’aide alimentaire est nécessaire à court terme, mais on connait les effets pervers de cette forme
de soutien. La solution passe donc avant tout par un soutien a l’agriculture du Sud, qui est capable de nourrir décemment ses populations.