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le labyrinthe temporel

9 juillet 2008, 18:28

FOCUS/Banque : oubliée dep. Bear Stearns, crise systémique revient hanter les m.

Paris (AWP/AFX) - Le scénario d’une déstabilisation en chaîne du système bancaire, qui semblait écarté depuis le sauvetage mi-mars de la banque américaine Bear Stearns, ressurgit avec les craintes de faillite de deux acteurs majeurs du refinancement aux Etats-Unis.

La nouvelle poussée de fièvre des Bourses est partie d’une étude de Lehman Brothers, selon laquelle les géants américains du refinancement hypothécaire Freddie Mac et Fannie Mae pourraient être contraints de lever, à eux deux, 75 milliards de dollars pour faire face à leurs engagements.

Cette éventualité inquiète d’autant plus que le succès de nouvelles augmentations de capital est loin d’être assuré, tant les marchés ont été sollicités ces derniers mois, et alors que Fannie Mae a déjà dû différer une levée de fonds de 15 milliards de dollars, rappelle le courtier Aurel.

Or ces deux sociétés sont indispensables au fonctionnement du marché immobilier. Elles rachètent aux banques leurs créances hypothécaires, fournissant des ressources qui leur permettent d’accorder de nouveaux prêts.

Si elles ne peuvent plus assurer leur mission, "le risque de spirale négative est clair", expliquent les analystes d’Aurel, plaçant les banques dans l’obligation de durcir les conditions de crédit aux ménages, donc conduisant à une nouvelle chute de l’activité immobilière, déjà moribonde.

"C’est le problème des bombes à retardement qui existent dans le système financier mondial, notamment aux Etats-Unis, et qui existeront tant qu’on devra purger les excès de prix dans le marché immobilier", résume Romain Boscher, responsable de la gestion actions chez Groupama Asset Management.

Pour lui, "on voit surgir un échelon complémentaire" de la crise, après les défauts sur les prêts à risque dits "subprime", et les difficultés des rehausseurs de crédit comme Ambac ou MBIA, chargés de garantir les titres d’émetteurs moins bien notés qu’eux.

Les encours gérés par les rehausseurs de crédit représentent "environ 2000 milliards de dollars" alors qu’on est "sur des niveaux encore plus importants pour les acteurs du refinancement hypothécaire, de l’ordre de 5000 milliards de dollars", souligne M. Boscher.

C’est bien l’énormité de ces montants qui ravive les inquiétudes de "crise systémique", c’est-à-dire de défaillance en cascade des acteurs financiers, puisqu’elle rend très périlleuse une opération de sauvetage orchestrée par les pouvoirs publics, comme celle de Bear Stearns le 17 mars.

"La seule solution serait une garantie explicite de l’Etat américain, mais il n’est pas dans une situation financière si confortable que cela", souligne le gérant de Groupama.

L’agence Standard and Poor’s a en effet calculé que, dans un contexte de récession sévère et prolongé, le soutien de Washington à Fannie Mae et Freddie Mac pourrait lui coûter entre 3% et 8% du produit intérieur brut, soit entre 415 et 1107 milliards de dollars en prenant comme référence le PIB 2007.

Les Etats-Unis risqueraient de perdre au passage la notation "AAA" de leur dette, réservée aux émetteurs les plus sûrs, ce qui les contraindrait à régler des intérêts bien plus élevés.

A moins qu’ils n’optent pour une solution moins coûteuse, c’est-à-dire modifier la réglementation en réduisant les ratios de solvabilité imposés aux deux refinanceurs, comme l’envisage Aurel.

"Naturellement, cette action est à double tranchant", plaçant Fannie Mae et Freddie Mac à la merci d’un non-remboursement massif des ménages, avertit le courtier.

afx/sm
(AWP/08 juillet 2008 15h00

http://www.romandie.com/infos/news2/200807081500040AWPCH.asp