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Mais non, nous ne félicitons pas Sarkozy pour le RSA !

29 août 2008, 12:41, par angela anaconda

à mon avis, avec le RSA il n’y a qu’un pas pour transformer la force de travail en travail forcé. Le sens du travail industriel est de remplacer le travail humain par la machine, partout où cela est possible. En Europe, nous sommes dans la phase post-industrielle, où les machines construites pas nos prédesseurs ont déjà largement remplacé le travail humain (hormis pays émergeante). La preuve ce sont les licenciements massifs au moment précis où ce remplacement est accompli, où quelques hommes suffissent pour "gérer" la chaîne de production. La fermeture d’usine ou la délocalisation (de ses moyens de production) est le moment précis où les moyens de paiement cessent d’être distribués par la production (qui est automatisée), et les produits commencent à alimenter un autre circuit, celui de l’industrie de la vente des marchandises.

Mais si la production distribue de moins en moins d’argent à de moins en moins de gens, qui est-ce qui va pouvoir acheter les produits, à quel prix et par quels moyens ? Comment une quantité suffisante d’argent peut-elle être maintenue en circulation et comment la réguler ? Obliger les banques à émettre une monnaie locale spécifiquement consacrée au pouvoir d’achat ? Ou introduire la gratuité en revenant à un modèle anachronique, comme le capitalisme d’état par exemple ?

Peu avant sa mort le 25 septembre 2007, André Gorz avait critiqué l’idée d’un revenu de transfert, même inconditionnel : "Penser l’exode de la société du travail et de la marchandise " : http://www.mouvements.info/spip.php?article65

Selon lui, instaurer un revenu de base inconditionnel fondé sur la création monétaire ex nihilo ne suffit pas pour sortir de ce dilemme. L’existence d’un être humain ne peut se réduire à des actes d’achat et de vente. Le talent, autrefois l’équivalent de la force physique faite monnaie dans le Rome de l’Antiquité, est aujourd’hui l’équivalent de la force mentale de faite monnaie (ex. Bill Gates).
Le sens de la vie, est-ce la sujetion mutuelle ou l’apprentissage de la liberté ? La vie humaine ne peut-elle être assurée par d’autres voies que celle de la mise en valeur monétaire ?

Et si l’on se réappropriait de notre propre talent, redevenait mâitres de notre temps, de notre savoir faire, de notre savoir vivre en société, "des forces productives décisives" ? Notre talent, n’est-il pas d’abord à nous, avant d’être au service des autres ?
angela anaconda