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> Revolution.com, comme ca manque de sueur (No One is Innocent)

11 août 2004, 11:39

D’accord et pas d’accord : c’est sûr que l’internet n’a que peu d’influence sur le monde réel. Il suffit de voir le contraste saisissant entre l’activisme politique virtuel et le vide des rues et l’apathie de la population.

Pour le militant, c’est trés certainement une perte de temps et d’énergie et la cause d’une réelle frustration qui se traduit par l’amertume et le discours anti-virtuel de certains.

A côté de ça, pour le citoyen lamba - dont je fais partie - qui ne veut pas ou ne veut plus s’engager dans les associations/partis/mouvements mais qui s’intéresse aux autres et veut s’informer et se cultiver, c’est un formidable outil. Une gigantesque bibliothèque mondiale et gratuite.

Quand je compare l’ouverture culturelle dont je bénéficie aujourd’hui par rapport au début des années 90 (quand le net était réservé à quelques campus), il n’y a pas photo ! Quand je vois la somme d’informations et de connaissances qu’engrangent autour de moi les personnes qui surfent sur les réseaux, je me dis que ce n’est pas si mal.

Exemple : 800000 visiteurs sur Bellaciao, ce ne sont certainement pas 800000 révolutionnaires prêts à descendre demain dans la rue ! Mais ce sont près d’un million de personnes qui ont eu accès à des articles et autres textes alternatifs proposés par toutes sortes de contributeurs anonymes ou pas. Et ça diffuse, ça permet de propager des idées. Rien de spectaculaire, d’immédiat, mais un long travail souterrain. Ca fait évoluer la conscience collective de manière discrète et lente.

Je diffuse régulièrement à mes amis et collègues de travail des articles, des textes politiques ou sociologiques, des liens vers certains sites, par mail. Il y a toujours une petite moitié qui s’en fout, qui ne lit pas, mais il y en a également toujours qui lisent, s’intéressent, commentent, critiquent... Du coup, ça crée du lien, des échanges. Parfois des après-midi de travail se transforment en débats passionnés dans les bureaux - honte à nous travailleurs fainéants -, nous échangeons les expériences, les cultures, les références (beaucoup de mes collègues sont étrangers)... Politiquement, ca ne sert à rien. Socialement, l’impact est invisible. Mais humainement c’est immense.

Et je ne parle pas de toutes ces petites choses interdites comme le téléchargement gratuit de films et de musique.

Pour paraphraser Brassens, je ne crois pas à la Révolution mais plutôt aux petits gestes de la vie quotidienne, à l’exemple que l’on peut donner de sa propre vie et de sa propre attitude. Et l’internet permet de démultiplier les contacts et les occasions. C’est un hypermédia ouvert à tous ceux prêts à faire un certain effort d’apprentissage.

Faut pas être pressé. La rage fait le jeu de ceux d’en Haut.

Zedrx.