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Européenes : quels enjeux ?

22 décembre 2008, 23:19, par paty smith npa 77

samy membre de la direction nationale de la LCR et animateur du NPA dans les bouches du rhone tente de nous expliquer pourquoi le NPA-LCR fera cavalier seul aux européennes.

Bien sur, au milieu de son texte au vitriol contre tout le reste du monde politique à gauche de la gauche, il va se fendre d’une petite phrase très explicite :
Et c’est pour cela que, loin d’un splendide isolement, nous nous déclarons dans la résolution proposée au vote du Congrès en faveur de listes unitaires sur ces bases. Résolument. Et nous allons y travailler. Il convient donc de vérifier, dans les rencontres avec tous les partenaires envisageables, qui peut se situer sur ces bases. Des compromis pour l’unité ? Peut-être. Lesquels ? Sur quoi faudrait-il se taire ? La réponse peut déplaire, or elle va de soi : on ne voit pas.

Mais cette phrase est trés révélatrice d’un congrès du NPA que la direction de la LCR est en train de tranquillement verrouillée. Samy annonce que le texte proposé va se prononcer en faveur de listes unitaires, que le NPA va y travailler mais immédiatement la fin de la récréation est sonnée ... avec qui ... on ne voit pas, ca va de soi (sic) CQFD.

En réalité pour un parti qui ne se veut pas électoraliste, qui se veut le parti des luttes, les échéances électorales n’ont qu’un seul but construire un peu plus le parti, le parti au sens de l’appareil. Pour se faire bien sur, il faut pointer tout ce qui divise. Samy rétorquera surement que lors des municipales, le NPA a fait des alliances avec d’autres forces... juste avec un peu de mauvais esprit mais en connaisseur de cette organisation, s’il n’ y avait pas eu ces alliances, il y aurait eu nettement moins de listes estampillées NPA.

Et pour élever un peu ce débat très politicien, je le reconnais, mais auquel je me suis prêté, je vous glisse un texte de fred vargas qui place les enjeux bien ailleurs...

Nous y sommes par Fred Vargas

Nous y voilà, nous y sommes !
Depuis cinquante ans que cette tourmente menace dans les hauts-fourneaux de l’incurie de l’humanité, nous y sommes.
Dans le mur, au bord du gouffre, comme seul l’homme sait le faire avec brio, qui ne perçoit la réalité que lorsqu’elle lui fait mal. Telle notre bonne vieille cigale à qui nous prêtons nos qualités d’insouciance.
Nous avons chanté, dansé.
Quand je dis « nous », entendons un quart de l’humanité tandis que le reste était à la peine.
Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout du monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés.
On a réussi des trucs carrément épatants, très difficiles, comme faire fondre la banquise, glisser des bestioles génétiquement modifiées sous la terre, déplacer le Gulf Stream, détruire un tiers des espèces vivantes, faire péter l’atome, enfoncer des déchets radioactifs dans le sol, ni vu ni connu.
Franchement on s’est marrés. Franchement on a bien profité.
Et on aimerait bien continuer, tant il va de soi qu’il est plus rigolo de sauter dans un avion avec des tennis lumineuses que de biner des pommes de terre.
Certes.

Mais nous y sommes. A la Troisième Révolution.
Qui a ceci de très différent des deux premières (la Révolution néolithique et la Révolution industrielle, pour mémoire) qu’on ne l’a pas choisie.

« On est obligés de la faire, la Troisième Révolution ? » demanderont quelques esprits réticents et chagrins.
Oui. On n’a pas le choix, elle a déjà commencé, elle ne nous a pas demandé notre avis.
C’est la mère Nature qui l’a décidé, après nous avoir aimablement laissé jouer avec elle depuis des décennies.
La mère Nature, épuisée, souillée, exsangue, nous ferme les robinets.
De pétrole, de gaz, d’uranium, d’air, d’eau.
Son ultimatum est clair et sans pitié : " Sauvez-moi, ou crevez avec moi ! " (à l’exception des fourmis et des araignées qui nous survivront, car très résistantes, et d’ailleurs peu portées sur la danse).
Sauvez-moi, ou crevez avec moi !
Evidemment, dit comme ça, on comprend qu’on n’a pas le choix, on s’exécute illico et, même, si on a le temps, on s’excuse, affolés et honteux.
D’aucuns, un brin rêveurs, tentent d’obtenir un délai, de s’amuser encore avec la croissance.
Peine perdue.
Il y a du boulot, plus que l’humanité n’en eut jamais.
Nettoyer le ciel, laver l’eau, décrasser la terre, abandonner sa voiture, figer le nucléaire, ramasser les ours blancs, éteindre en partant, veiller à la paix, contenir l’avidité, trouver des fraises à côté de chez soi, ne pas sortir la nuit pour les cueillir toutes, en laisser au voisin, relancer la marine à voile, laisser le charbon là où il est, – attention, ne nous laissons pas tenter, laissons ce charbon tranquille – récupérer le c rottin, pisser dans les champs (pour le phosphore, on n’en a plus, on a tout pris dans les mines, on s’est quand même bien marrés).
S’efforcer. Réfléchir, même.
Et, sans vouloir offenser avec un terme tombé en désuétude, être solidaire . Avec le voisin, avec l’Europe, avec le monde. Colossal programme que celui de la Troisième Révolution. Pas d’échappatoire, allons-y.
Encore qu’il faut noter que récupérer du crottin, et tous ceux qui l’ont fait le savent, est une activité foncièrement satisfaisante.
Qui n’empêche en rien de danser le soir venu, ce n’est pas incompatible.
A condition que la paix soit là, à condition que nous contenions le retour de la barbarie – une autre des grandes spécialités de l’homme, sa plus aboutie peut - être.
A ce prix, nous réussirons la Troisième révolution.
A ce prix nous danserons, autrement sans doute, mais nous danserons encore.

Fred Vargas Archéologue et écrivain