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Une crise totale

13 avril 2009, 16:10, par Copas

Dans le cadre de la discussion sur la crise capitaliste, son accentuation inexorable qu’on constate, la place de la riposte de la classe ouvrière sur tous les terrains, se pose.

.... Citation :
".../... Le soutien politique clair et ferme des organisations se réclamant des travailleurs est indispensable. C’est ce qui fait défaut aujourd’hui.../... "

Oui, le soutien politique clair et ferme est indispensable, mais il n’existe pas trop au concret, ce qui fait douter fortement de la nature de ces organisations.

Car les problèmes rencontrés ne se résument pas à des questions d’orientations d’organisations politiques ou syndicales, mais également à des questions de reconstruction.

Tout est à reconstruire, faire main basse sur ce qui marche encore, clopin clopant dans le mouvement ouvrier , syndicats, partis, associations, ... puis restructurer pour mettre tout ça en ordre de bataille.

Les données objectives planétaires indiquent une énorme poussée numérique, et en pourcentage, de la classe ouvrière, au sens large du terme.

Cette poussée est faramineuse et je pense que maintenant cette classe est majoritaire nette sur la planète, la classe paysanne a sérieusement reculée dans les pays qu’on disait du "tiers monde" avant, les autres classes, petite-bourgeoisie, etc, ont été laminées dans la nouvelle poussée d’avidité de la bourgeoisie .

Les couches les plus hautes de la classe ouvrière essuient également le feu de l’avidité de la bourgeoisie et sont prolétarisées ai pas de charge ...

bref, non seulement la classe ouvrière, au sens large du terme, a grossi en proportion de la population au point d’être hégémonique largement, mais toutes les autres classes et morceaux de classes ont subi une coupe jivaro de la part de la bourgeoisie.

La course à l’avidité de la bourgeoisie, sa croyance politique d’être dans le cadre de la fin de l’histoire, que son pouvoir était définitivement assis, l’a conduit à beaucoup de témérité au point de ne plus se rendre compte que pour avoir une base sociale assez large face à la classe ouvrière il lui fallait des concessions à d’autres classes, fragments de classe, ...

Nous sommes dans cette situation où, même dans le cadre des vieux pays industriels, la classe ouvrière, au sens large du terme, a accentué sa progression.

Cette poussée butte maintenant dans le cadre d’une formidable crise capitaliste.
Les deux classes sont de plus en plus face à face, sans médiations, sans couches amortissantes,... Même les nomenclaturas sociales et politiques intermédiaires sont mises en demeure de quitter leurs positions intermédiaires pour rejoindre le camp capitaliste sous peine d’être mises au pain sec et à l’eau.

Détail :
 Il existe un formidable chantage implicite de la part de la bourgeoisie contre les nomenclaturas syndicales , vous vous soumettez où on coupe les vivres ! La bourgeoisie en plus n’a aucun état d’âme , après avoir usé FO, elle est passée à la CFDT et maintenant joue également sur la CGT ;
 L’évolution du PS est également dans ce cadre, une nomenclatura qui ne peut plus rester entre deux classes, se nourrissant d’un côté des prébendes de la bourgeoisie et de l’autre contrôlant les couches sociales par ses capacités à partager des miettes octroyées. Quand les miettes disparaissent, l’existence du PS comme appareil nomenclaturiste intermédiaire ne se justifie plus . C’est ainsi qu’il faut comprendre l’évolution du PS.

Revenons à nos moutons :

La puissance numérique de la classe ouvrière devrait peser de plus en plus mondialement, comme dans chaque état (d’où la concentration des moyens médiatiques et policiers par la bourgeoisie, .... et sa haine du net, qui est un trou dans son contrôle exclusif des pensées des hommes et femmes).

La classe ouvrière moderne, est moins concentrée dans de grandes usines peu automatisées, mais de plus en plus , pour les parties les plus ouvrières, au sens restreint là, dans des productions sur-mécanisées, automatisées à l’extreme, impliquant moins de concentrations humaines et avec une immense productivité.

A l’autre bout, dans les secteurs les moins ouvriers au sens ancien du terme, mais très prolétarisés, la classe ouvrière a gagné en densité géographique ce qu’elle perdait en concentration dans de grandes usines.

Des modes d’organisation renvoyant à une classe plus éparpillée dans des unités sur-productives, des tâches beaucoup plus intellectuelles qu’avant, impliquent une reconstruction entière du mouvement ouvrier dans le feu des batailles sociales pour qu’il puisse d’un côté reconstruire un mouvement ouvrier large, syndical et associatif, secréter des forces politiques en son sein d’un autre côté qui aident les travailleurs dans leur conquête du pouvoir.

Dans les débris de partis des travailleurs que nous avons actuellement , une partie pousse implicitement (et des fois explicitement) à tourner le dos à ces tâches en emmenant les batailles vers des objectifs de l’état bourgeois : tourner les combats de re-mobilisation du prolétariat vers les entonnoirs électoraux.
Les élections, quand elles ne sont plus qu’un but, servent à essayer de faire revivre des frankensteins nomenclaturistes, alors que la bourgeoisie n’en veut plus et que, d’un autre côté, ceux-ci ne peuvent plus servir à la classe ouvrière.

C’est ainsi que la question de savoir si la continuité d’une alliance avec le PS ( cf nomenclatura passée completement du côté de la bourgeoisie et ayant perdu toute utilité d’intermédiaire entre bourgeoisie et prolétariat , du point de vue des deux classes en présence, c’est l’explication de la crise languissante de ce parti depuis la mort de Mitterand) est tolérable ou pas , prend, vu ainsi, une signification particulière.

La question électorale ne peut être sous-estimée, ne serait-ce que parce que les illusions électorales dans le cadre de ce système dans le prolétariat sont encore immenses.

Mais elle prend tournure particulière par rapport aux tâches de reconstruction actuelles.

L’exigence à avoir des partis se réclamant encore du mouvement ouvrier c’est de leur demander de mettre au service de la mobilisation et la reconstruction du mouvement ouvrier leurs campagnes électorales.

Il n’y a pas d’objectif politique supérieur à cela.

Et non que le mouvement social, le mouvement ouvrier servent à la promotion d’une nomenclatura, ou d’appareils agonisants cherchant à se reconstituer nomenclaturas, qui sont une impasse du point de vue des interets de la classe ouvrière comme d’ailleurs ne permettront pas à la bourgeoisie de s’en satisfaire non plus.

Les objectifs de reconstruction d’un mouvement puissant et vaste, expression d’une classe profondément révolutionnée par les restructurations du capitalisme, sont vitaux et se déroulent dans une période de crise extrême provoquée par le capitalisme et son avidité naturelle.

Nous avons déjà eu une série d’indices ces dernières années sur les conditions des batailles, ce qui marche et ne marche pas.

De grosses mobilisations sociales ont commencé à déplacer lentement d’autres couches de la classe ouvrière dans beaucoup de pays, l’expérience inédite du LKP agissant comme un front social soudé, hégémonique de par son influence sur une société , qui, par sa détermination a brisé le front de la bourgeoisie en plusieurs morceaux lors du mouvement, d’énormes couches de la jeunesse ont pris conscience dans de très grands mouvements de leur destin dans une classe (et ce sont mobilisées souvent à ce titre), en France, en Italie, en Espagne, au Portugal, en Grèce, en Irlande, des révoltes explosives en Islande, en Lettonie, en Bulgarie, en Roumanie, la réactivation de l’incroyable d’une occupation d"’usine aux USA (qui attire légitimité dans la population au point où Obama est obligé de se courber devant), des révoltes ouvrières secouent la Chine depuis un moment et, enfin, le mouvement coréen par ce qu’il nous a appris de l’importance de l’existence d’une petite faille dans le dispositif de propagande bourgeois qui fait voler en éclats la légitimité du pouvoir...

Le LKP a prouvé plusieurs choses, notamment qu’une classe ouvrière pouvait être hégémonique, en soi et pour soi , dans une société sans grandes usines et avec une gigantesque armée de réserve en chômeurs. Il faudra certainement autre chose pour aller plus loin, mais déjà cette leçon existe (une partie des précieuses leçons à en tirer sont là).

Cette démonstration est précieuse, il y a la possibilité de mobiliser un énorme mouvement social, sous direction explicite de la classe ouvrière (au sens large du terme) sur des territoires où n’existent pas de grandes usines, ni de grandes concentrations de travailleurs dans un cadre productif particulier.

Une des raisons de la faiblesse du mouvement ouvrier en France vient, outre de ses vieilles habitudes de bureaucratisme , son vieillissement important, du fait qu’il y a des pans entiers nouveaux de la classe ouvrière où il n’est plus, pendant que sa tradition et ses habitudes d’organisation sont marquées par des couches sociales de la classe ouvrière qui n’existent plus (des usines de dizaines de milliers de travailleurs ) et également (paradoxe) pour le PCF par un affaiblissement des appuis ruraux qu’il avait conquis après la résistance par la liquidation de la paysannerie.

L’émergence d’une classe ouvrière précaire, jeune, numériquement énorme, à fort niveau d’instruction, qui s’est frottée déjà dans des mouvements de jeunesse aux batailles de classe (en agissant sur son destin de futurs travailleurs) impose une reconstruction du mouvement ouvrier, de ses organisations syndicales, associatives et politiques, qui tienne compte de cette filiation.

Le débat est ouvert.