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L’île de la Réunion se résume t-elle à Johnny Halliday et la grippe A/H1N1 ?

26 septembre 2009, 10:42, par Géraud Geoffroy

Cher camarade Ferrario,

L’éthique militante minimale me commande de ne pas répondre directement aux dénonciations et injures anonymes des flics, indics, balances et jaunes portant casque colonial, envers des militants qui apparaissent, eux, à visages découvert– technique dont tu m’accorderas qu’elle est proprement fasciste.

C’est donc à toi que s’adresse ce message, que je te demande de considérer autant comme un droit de réponse que comme une invitation au débat entre communistes.

Ce dernier point appelle une question de méthode : comment peux-tu énoncer lapidairement, que le PCR a fait sa « révolution social-démocratique », sans produire une analyse de classe au niveau réunionnais, des rapports de force dans l’aire complexe qui est la notre, de l’histoire de notre peuple, sans questionner la stratégie du PCR ?

Le débat au sein du camp communiste à des règles : j’accepterai de confronter mon point de vue au tien dans la tradition du mouvement communiste…s’il y a échanges d’arguments et confrontation dialectique.

S’agissant de la « voix des sans voix » :

Pour commencer que ce type d’attaque n’est pas nouvelle pour moi : à mes débuts dans ce journal, j’avais proposé à nos lecteurs un tableau article revenant sur le combat des peuples dits « premiers » au Pérou

http://www.temoignages.re/massacre-a-la-courbe-du-diable,37352.html

www.temoignages.re/massacre-a-la-courbe-du-diable,37352.html

J’avais alors reçu -sur ma messagerie privée- toutes sortes d’injures de même ton & de même esprit …et tout aussi anonymes : nos imprécateurs y vont d’autant plus hardiment qu’ils savent fort bien que je n’irai pas leur en demander raison devant la justice de classe.

Les injures d’alors n’étaient pas motivées par l’hostilité aux tribus péruviennes- dont les insulteurs n’ont que faire- mais par la critique de la social-démocratie que portait l’article.

Or, ici, à La Réunion, on voit se démener un groupe plus où moins organisé d’individus, peu nombreux mais mais bruyants, qui navigue étrangement entre compromission social-démocrate et nationalisme esthétisé. Issus d’horizons divers - de l’indépendantisme de droite à la prétendue gauche "culturaliste" et "antitotalitaire", ces hommes et ces femmes enragent littéralement d’être ravalée au second rôle par le mouvement communiste.

Ils enragent plus encore de n’avoir pas pu jouer aux communistes les tours de passe-passe idéologiques dont ont usé ailleurs ses homologues : infantilisation, culturalisation, ethnicisation, etc. des conflits sociaux.

D’où la forme du commentaire N°1, qui n’est qu’un long trépignement de frustration passé sous forme écrite.

D’où surtout l’injonction faite à « Témoignages » de devenir un papier « d’animation » et de « récréation »-mots-clef de la stratégie réformiste de dégradation des luttes sociales.

Stratégie visant à détacher « Témoignages » du PCR, pour en faire un «  éveilleur des consciences », formule fourre-tout qui avoue "avec candeur" l’autosatisfaction du semi-intellectuel se mettant en surplomb des masses qu’il prétend « éveiller ».

Ces gens croient à leurs mythes : il perçoivent dès lors comme un affront à leur narcissisme culturel le fait de traiter de sujets si vils que les usines, les panneaux solaires, les éoliennes , la canne et le prix de la canne, le coûts du carburant, en un mot le monde ouvrier et paysan,… et non des « problèmes de société », qui concentrent la « radicalité » de notre petite bourgeoisie intellectuelle.

Pour cette prétendue gauche « culturelle seule doit exister La Réunion « authentique », éternisée, folklorisée, coincée dans sa misère...

Les tenants de cette humeur idéologique völkisch, reviennent en dernière analyse à la définition coloniale de l’authenticité : la « trahison » du PCR c’est de réaliser dans notre pays des trains, des routes et des musées, et de faire primer le développement.

Voici par quelles ruses de la raison réactionnaire la tonalité coloniale vient à irriguer le commentaire « de gauche » qui nous prend à parti.

l n’est pas insignifiant que l’un des premiers reproches adressés – ici à ma personne- soit de citer Bourdieu : un Réunionnais ne cite pas les d’auteurs ; il se restreint à la « culture de l’oral » : il joue du tambour sur la plage pour l’ethnologue européen, qui a, lui, le droit de lire Bourdieu. Le fait que ces choses aient changé déplaît visiblement à Bwana, - qui voudrait être seul-e à lire des livres afin « d’éveiller » nos « consciences » sous-développées.

Autre attitude typiquement coloniale –celle du flic colonial cette fois- l’auteur(e) du papier veut à tout bout de champ nous « situer » : où étiez-vous ? que faisiez-vous ?

Montrons donc notre pass au caporal colonial : au cours de la période qu’il vise, il se trouve que j’étais…à l’école d’abord, puis sur le terrain d’autres combats, dans les Balkans, particulièrement, où, militant d’une organisation communiste, j’ai participé autant que je le pouvais aux luttes des Rroms en Slovénies, des minorités & des gays en Croatie…et d’autres initiatives aux côtés des travailleurs Serbes. Ne m’étant jamais dissimulé au contraire de Bwana, j’ai laissé assez de traces sur internets pour que mon itinéraire militant puisse être jugé.

Avec mes salutations communistes,

Géraud Geoffroy.