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LES NAUFRAGEURS DE LA VOIE LACTEE

22 septembre 2009, 15:25, par himalove

Auteur du texte, je tiens à me présenter aux responsables paysans qui doutent de mon expérience.

Journaliste de formation, correcteur de presse de métier, j’ai dégringolé l’échelle sociale pour être à présent, depuis trois ans, ouvrier agricole saisonnier, embauché pour les travaux les plus pénibles : taille, épemprage, relevage, vendange, bucheronnage, etc.

J’ai pu vivre de l’intérieur le rapport quasi féodal qu’entretiennent les paysans patrons, propriétaires terriens et viticulteurs, avec leurs ouvriers et valets de ferme.

Exemple de ces moeurs très spéciales :

En trois ans, je n’ai pu entrer dans la maison de la famille paysanne, pour laquelle je travaillais, et prenais mon repas, préparé par mon épouse, dans un pré.

Cela m’a fait penser au traitement des dalits (intouchables) en Inde dont mon épouse est originaire.

J’ai pu voir, par ailleurs, combien dans les coopératives et les villages qui les abritent les ouvriers agricoles étaient exclus.

La cave Jaillance de Die organise, par exemple, l’embauche des vendangeurs mais se contrefout de leurs conditions de travail, même dans la filière bio.

Les paysans pauvres certes existent mais leur sort précaire dépend du bon vouloir des parrains (voisins ayant un oeil sur leurs terres) et des banques comme le Crédit Agricole laquelle doit être un des plus grands propriétaires fonciers de France à l’heure où j’écris.

Il est fort possible connaissant les relations de vassalité entre les pauvres paysans et leurs riches mentors, que les premiers dont le désespoir est réel soient instrumentalisés.

Mon propos n’est pas de dénigrer systématiquement le paysan. Au contraire.

Je considère ce métier comme un des plus beaux. Mais l’ayant connu au Népal et en Inde où j’ai vécu, pendant plusieurs années, j’ai dû mal à le reconnaître chez le paysan industriel qui considère, par exemple, la grève du lait comme un moyen d’éliminer son excédent voire ses concurrents.

En fait, le paysan peint par Jean GIONO, à Châtillon, dans la Drôme n’existe plus.

On a affaire à des hommes d’affaire cyniques et cruels qui se servent de l’ignorance du public quant à la nouvelle paysannerie pour avancer leur intérêt de classe.

Les gens de la FNSEA sont quoiqu’ils en disent très liés à la grande distribution et au gouvernement.

Même s’ils cultivent la Terre et ont une relation avec leurs animaux, leur esprit est complètement habité par les lois du marché, l’industrie agro-alimentaire et le capitalisme.

Leur place n’est pas les pieds dans la glaise mais à Wall Street.

C’est pourquoi je les conjure d’abandonner leurs terres, demeures, animaux et matériel coûteux à leurs ouvriers agricoles...