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> Non au "blanchiment" d’Alain Juppé

12 septembre 2004, 13:21

Je veux juste dire que ce jugement de toutes façon fondé à être inscrit, pourrait, en période révolutinnaire faire partie de l’ordinaire des règlements de compte par le peuple nécessaires. Là pardonne-moi camarade, mais vous donnez par de tels propos, en période contre-révolutionnaire et n’en seriez-vous pas vous-même, dans le populisme.

Or les opérations "faire propre" réclamées dans l’agora en période contre-révolutionnaire n’ont jamais été annonciatrices de lendemains libérateurs, bien au contraire. N’as-tu pas remarqué, camarade, comme le reserrement de notre président sur les industriels de l’armement et de l’Afrique relookés par l’entertainment et ré-armés virtuellement de l’édition, auxquels il a fait toutes les concessions depuis un an (dont la question des réfugiés politiques italiens liée entre autre à des marchandages financiers en Italie) remonte étrangement aux commencements de l’affaire Jupé, qui le menace sans doute au point qu’il put imaginer structurer autour de lui une assemblée de juristes experts pour en juger face aux tribunaux ?

As-tu remarqué, camarade, comme la peur de perdre le pouvoir pourrait autant que les arguments financiers expliquer nombre de lois françaises parmi les plus dures pour exécuter le plan Schengen et même l’outrepassant dans tous les domaines, et du coup renforçant la cohérence des domaines voisins : sécurité, Internet, droits d’auteurs, concentration des medias, numerus clausus des agences de Presse, intermittents, propriété industrielle, etc... depuis un an ? tant de zèle pour la réinterprétation de l’OMC loin de la loi sur la libre concurrence ne te semble t’elle pas étrange pour des libéraux ?

Il est des cheminements de traverse ou obscurs, ou encore des privilèges parfois, selon Machiavel, (qui en réalité pensait la république pour le peuple stratégique face au tyran), devant hélas faire l’objet de pesée du pour et du contre au regard de l’action et de l’environnement en voie de dégradation, et peut-être... Crois-tu réellement à la transparence du politique et de la justice comme on croit en Dieu, et quelque soit le système politique en place ? La justice qui se révulse sur son propre pacte républicain à propos de Battisti : est-elle digne qu’un peuple libre (libre en droit et libre dans sa faculté de juger) en appelle à elle pour faire valoir ses droits civiques, ou ne la renforcerons-nous pas alors, dans la légitimité de ses abus au lieu de les combattre dans ses faiblesses ?

Elias Canetti observant la montée d’Hitler et le comportement des masses en Allemagne, a défini dans son ouvrage "Masses et puissance" le dictateur non comme l’empereur mais comme le survivant. En matière de stratégie politique nous ne devrions jamais oublier de savoir que le dictateur est le survivant. Autrement dit ici : faut-il par assauts successifs situer le dirigeant politique dans le territoire du survivant alors que de toutes façons sauf émeute vers l’Elysée et tête en pic, il ne peut être destitué par la protection de son statut - et donc ne viser qu’a faire reculer l’échéance ? Mais il est petu-être déjà trop tard, me diras-tu ? Nous aurions du penser à tout cela avant le plébiscite - ou juste après - et n’y aurions-nous pas concourru.

L’affaire Jupé est l’affaire Chirac pourrait-on dire. Mais je m’affole autant à entendre J. Lang préconiser un régime présidentiel à l’américaine sans dualisme critique infra-gouvernemental, car à voir le désastre de la convivialité unitaire de messieurs Raffarin et Chirac, (à comprendre plutôt du côté de la soumission du Premier ministre moyennant quelques espaces lui restant pour ses propres galops), on peut entendre le son de la future catastrophe annoncée par une telle réforme, si elle devqait avoir lieu, empêchant à jamais de nouvelles cohabitations possibles : ressort découvert par Mitterand constituant un des dispositifs de secours de la 5è république présidentielle.

Les gouvernements sans conteste ne sont pas prédictifs des avenirs sereins. S’il n’y avait eu, car les rôles s’inversent en matière duelle, veto du roi sur la question des pouvoirs spéciaux opposé au gouvernement de Aznar, après les attentats de Madrid, où en serait la démocratie Espagnole aujourd’hui ? Mais de là même façon, un premier ministre opposant peut aussi sauver une République.

Je ne pense pas particulièrement intéressant, si noir et épouvantable soit la grande barbouze et marchand d’armes Marchiani, qui ne tient certainement pas que la responsabilité des crimes d’argent et qui commença autrement que dans l’international, se retrouve emprisonné au nom du recel de l’argent avec lequel il permit autrefois la libération des otages du Liban. Franchement... Ne pouvait-on lui réserver un autre sort, une autre forme de surveillance liée à une criminalité duelle que l’emprisonnement - à voir comment les services secrets tiennent les intérêts internationaux en chantage par le biais des otages en Irak... (n’oublie pas que Negroponte surement n’a pas été nommé pour rien), alors tu commenceras peut-être à te dire, comme moi, que rien n’est clair (au cas où tu ne l’aurais pas encore admis depuis l’Afghanistan des années 90 puis le 11 septembre 2001)...

Personnellement je trouve également l’évolution du parti socialiste inquiétante : "faire propre" partout chez soi en montant par les compromis vers l’Europe, par ex en récusant le devoir d’insoumission en France, à propos de la cavale de Battisti instrumenté par un harcèlement depuis le gouvernement européen de Bruxelles il y a un an, qu’ils désavouent après avoir dit aider le bonhomme hier, n’est guère rassurant.

En effet, le devoir d’insoumission demeure attaché en texte à la charte des fonctionnaires, des serviteurs et des contractuels de l’Etat français - devoir qui ne serait donc même plus l’objet des députés et des sénateurs socialistes alors qu’ils devraient, en tant que représentants du peuple, le défendre au premier plan d’une "saine" vitrine de la république ?

Compromis avec le gouvernement actuel sur les réformes de la santé publique de l’assurance maladie au nom du clin d’oeil euthanasien - qui devrait être un droit sur soi-même (un droit sur soi-même seulement et pas prescrit par les familles ni les proches ni par le personnel hospitalier, rédigé dans une déclaration au moment de sa "bonne" vie comme les testaments ou les successions (!) -un droit pour tous les malades et non seulement pour les personnes en fin de vie, s’il était un choix éthique mais loin de là... En arrière plan : moins il y aura de malades mieux s’en portera l’assurance maladie et ce n’est pas pour déplaire à certains syndicats qui leur fournissent des cadres, ni à certains partis soucieux de bonne économie, comme la vie des vieux est improductive : optons pour les éliminer ! Mais qui récupèrera leurs fonds de retraite résiduels ?.... Eugénisme économique - en réalité.

Compromis au niveau de la constitution européenne de toutes les trahisons du pouvoir du peuple et de sa représentation, et mouillée de religion discriminatoire, etc...

Souviens-toi de monsieur Charasse, le seul homme, ancien ministre du budget, celui de tous les scandales financiers au temps de Beregovoy ministre des finances qui n’était que son subalterne et qui rendit l’âme pour permettre au parti d’en sortir indemne, sans doute, lui qui, sauf l’exception d’une seule fois, ne s’est jamais présenté devant les juges à leur appel, et tandis qu’il porte sur lui la gestion du trésor Mitterand. Ceux du PS qui font propre aujourd’hui lui attribuent-ils une seule flèche ?

Ce qui se passe en France est grave. Personnellement je trouve regrettable qu’on ne soit pas capable d’organiser de kermesse nationale sur la question de l’explosion des sanctuaires symboliques attachés au droit républicain révolutionnaire à propos de la cavale de Battisti, avant le jugement de la cour de cassation le 29 septembre... pendant que les dignitaires malgaches roulent en rolls (enfin façon de parler et je ne le déplorerais même pas s’il n’y avait pas deux lois et deux mesures).

Ce devoir est le dernier droit révolutionnaire allié à indivisibilité de l’égalité de la liberté et de la fraternité qui reste en France, en république modérée par l’amnistie, c’est justement l’insoumission. Avec la même énergie, alors que l’autre a fui et pour cause, n’étant pas "le dictateur", et quand il en existe une centraine derrière lui, plongés dans l’incertitude, ne pourrions-nous au lieu de dilapider notre énergie festive sur l’affaire Jupé, nous préparer à une manifestation nationale délocalisée spectaculaire ?

Maintenant, on va même trouver dans sa fuite un argument contre ou un marchandage pour les autres réfugiés ? tous ces marchandages et ces évaluations officielles et alternatives ne te semblent-ils pas odieux ?

Pardon et ne le prends pas mal : je ne fais pas partie du parti de monsieur Jupé, je ne fais partie d’aucun parti, mais je réfléchis comme d’autres, à la question de l’autonomie dont celle du libre jugement, penses-le bien, et je ne propose pas une capitualtion liquidatrice mais de se retourner plutôt vers les droits fondamentaux et les réformes gravissimes visant à les faire disparaître, tels qu’ils nous accablent, parce qu’on se réjouit de se tromper de cible serait-elle énorme (peut-être torp énorme pour ne pas être un leurre distrayant de la piste, d’ailleurs).

Je ne connais pas la solution pour résoudre la question des abus ou crimes des Jupés s’appelleraient-ils Chirac ou Charasse, Mitterrand, ou même Marchiani, franchement oui, on ne peut laisser passer cela. Mais n’est-ce pas précisément ailleurs que nous devrions battre le pavé ces jours-ci, sachant que cette affaire étant de pouvoir se règlera de toutes façons comme une affaire de pouvoir et entre les pouvoirs, tandis que les citoyens deviennent les otages du populisme aidant une justice qui en fait la monnaie du pouvoir européen à l’image des medias italiens à propos des années de plomb : mais cette fois, cela se passe ici même, à Paris, où monsieur Perben il y a un peu plus de trois mois a fini par changer l’autorité du parquet nommée, pour y parvenir sans entrave... ça, c’est un vrai problème pour les citoyens qui s’intéressent à leur sort, l’ingérence de l’exécutif dans la séparation des pouvoirs, pour briser l’indivisibilité politique qui est attachée à chacun.

Cordialement,

Orphée