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Hier, pour la venue de susan georges à montpellier, des individu-es sont
venus troubler la messe.
Tout d’abord en proposant gratuitement dans un infokiosque spécialement
sélectionné des brochures contre le citoyennisme et sur les contre-sommets
du point de vue de celleux qui ne se répandent pas dans les médias pour
dire que la violence c’est mal.
Et puis il y avait aussi un tract (A4 plié en deux) édité pour l’occasion
(j’en reproduit le contenu à la fin du message et je joins le document
imprimable au message)
Et puis quand la messe a commençé, le speech georgien agaçait profondément
les contestataires qui le faisaient remarquer de plus en plus bruyamment.
La dame pinaillait sur les détails des accords discutés à l’OMC en disant
que ce serait mieux si les pays pauvres étaient moins dominés...
A force de grognements, d’exclamations et d’interpellations venues du fond
de la salle des courageux se sont levés pour prier les emmerdeureuses de
sortir. C’est alors qu’un petit fumigène artisanal fut lancé dans
l’hilarité des un-es et la surprise des autres.
Le groupe, avant de partir, lance tout de même à l’attention de susan
qu’elle nous emmerde à présenter l’OMC comme le lieu d’un rapport de force
entre des états qui, fondamentalement, sont d’accord pour être là, pour
faire plus de commerce, faire plus de profits...
Alors que les joyeuxes perturbateurices sont sortis, c’est l’alarme
incendie qui se déclenche...
Voili voilou.
Après, le reste des brochures fut donné sur une place de la ville où se
retrouvent les jeunes et les paumé-es jusque tard dans la nuit, lesquels
ont apprécié particulièrement "actions, mode d’emploi".
Ptet que d’autres gens s’amuseront à l’avenir à troubler les messes
d’attac. Ce serait bien, parce que celleux d’hier ils sont maintenant
grillé-es...
(A bas le) PS : Comme promis, le texte du tract (à lire en n’oubliant pas
qu’il s’adressait à des gens particuliers et que donc il se veut plutôt
diplomate) :
Contre l’élitisme dans le mouvement social
(Texte écrit à l’occasion de la venue de Susan Georges à Montpellier en
octobre 2005. Il aurait pu en être pareillement pour la venue de n’importe
quel leader médiatique autoproclamé porte-parole du mouvement
altermondialiste : Bernard Cassen, José Bové, Antonio Negri, Olivier
Besancenot, Bernard Thibault Il est fortement recommandé de distribuer ce
tract avant ou après l’entartage)
Il n’était pas possible de laisser Susan Georges venir tranquillement dire
ce qu’il faut penser de la situation politico-économique actuelle sans
rappeler que de nombreuses personnes contestent l’hégémonie de quelques
intellectuel-les (dont elle fait partie) sur l’ensemble du mouvement de
contestation de l’ordre capitaliste. Le mouvement altermondialiste se
divise, est divisé, reproduisant encore une fois l’erreur historique faite
au XIXe siècle.
A partir du moment où l’on est d’accord sur l’ennemi à combattre, qui a
raison sur le meilleur moyen de combattre ? Personne.
Mais Susan Georges et ses comparses ne l’entendent pas ainsi. Pour eux,
il s’agit de gagner sur le plan des idées afin de convaincre l’opinion
publique et le pouvoir politique (ce qui est la même chose). Il n’est
demandé à cette opinion publique que de venir aux débats organisés pour
cette élite, de répondre aux sondages selon leur point de vue, de voter
pour la gauche anti-libérale et de défiler avec les banderoles des
organisations quilles dirigent.
C’est tout.
Dans ce contexte, le pouvoir jugera de l’opportunité de considérer ces
intellectuel-les selon leur capacité à contrôler l’opinion pour quelle
reste réformiste, en position de demande face à lui, ce qui a pour effet
sympathique de le conforter dans sa position d’institution indépassable.
C’est ainsi que l’on peut désobéir, mais à visage découvert.
C’est ainsi que l’on peut affronter le pouvoir mais sans violence.
De manière symbolique.
Parce que ce qui compte c’est l’image médiatique qui sera renvoyée par les
médias à l’opinion publique et au pouvoir (c’est la même chose). Ainsi, en
2012, lorsque la gauche arrivera au pouvoir (il ne faut pas rêver pour
2007), Susan Georges et ses ami-es auront de bonnes chances d’obtenir des
postes de ministres. Face à l’absence généralisée de protection sociale
dans le monde et au nivellement des revenus que n’aura pas manqué de
produire la mondialisation néolibérale, la nouvelle élite au pouvoir agira
afin d’instituer un revenu mondial minimum permettant d’accéder à ce que
furent les services publics, mais cette fois dans le cadre du marché.
Pourquoi pas.
Mais il existe des gens qui pensent différemment.
Qui ne veulent pas de reconnaissance de la part du pouvoir.
Qui pensent qu’agir à visage découvert c’est faire le jeu du pouvoir,
qu’être non-violent face à des forces policières et militaires violentes
c’est se tirer une balle dans le pied, que casser la vitrine d’une banque
ou saboter les chantiers de construction de prisons c’est porter atteinte
concrètement au développement sans fin du contrôle social, de l’aliénation
généralisée.
Pourquoi pas ?
C’est alors que Susan Georges et ses ami-es se répandent dans les médias
pour se désolidariser de cette seconde manière de voir les choses.
Cela décrédibiliserait le mouvement.
En réalité, c’est seulement leur position d’interlocuteur-trices qui est
décrédibilisée.
En effet, le pouvoir ne discute qu’avec des gens raisonnables,
c’est-à-dire qui ne remettent pas fondamentalement en cause leur position,
mais seulement la manière dont ils occupent cette position.
Susan Georges et ses ami-es sont raisonnables.
Ils partagent avec le pouvoir le point de vue élitiste, méritocratique.
Après tout, si Susan Georges et autres intellectuel-les de la gauche sont
reconnu-es par les médias et l’opinion, c’est qu’ils le méritent, parce
qu’ils ont de bonnes idées, qu’ils sont plus intelligent-es, qu’il
faut les écouter.
Partant de là, il leur est impossible d’accepter une contestation
anti-élitiste, une contestation qui ne présente pas de leader, qui n’en
veut pas, pour la seule et simple raison que cette contestation reconnaît
dans l’élitisme les mêmes dominations qu’entre patron-ne et employé-e,
propriétaire et locataire, dirigeant-e et dirigé-e, homme et femme
Certain-es pensent que pour combattre ces dominations il ne faut pas
renverser ces rapports de force mais qu’il faut en sortir.
Se faire chomeureuses, squatteureuses, autogéré-es, dégenré-es
Partant de là, la question de la violence est une diversion.
Il sagit d’adopter le point de vue des médias (qui nest autre que celui
du pouvoir) en considérant qu’il sagit de celui de l’opinion publique. La
propagande sur les dispositifs policiers achève d’’entretenir le sentiment
d’impuissance. Pourtant, ce dernier nest pas infaillible, il a toujours
été mis en danger par la minorité qui ne se laissait pas impressionner par
le spectacle de la peur. Il faut savoir que les manifestant-es sont en
général des dizaines de fois plus nombreuxes que les effectifs policiers,
le déficit en équipement pouvant se combler par la mobilité,
l’ingéniosité, la détermination, le nombre.
Dans l’histoire, les soulèvements ont le plus souvent été écrasés parce
que leurs forces étaient divisées, parce que les gens faisaient confiance
à des élites qui se disputaient la légitimité du pouvoir, voulaient
définir des priorités alors qu’il suffisait de laisser chacun-e prendre sa
liberté comme ils l’entendaient.
Et puis peu importe de discutailler sur l’utilité concrète de la violence
ou pas (en manifestation ou en dehors), puisque en définitive on ne le
sait pas.
Ca n’a jamais marché ?
Elle n’a toujours été l’oeuvre que d’une minorité.
Que savons-nous de ce qu’il adviendrait si elle prenait de l’ampleur ?
Rien.
Du reste, il faut reconnaître que les mouvements avec violence ont été
plus efficaces que ceux qui restaient pacifiques. D’un côté 68, 86, 95 ou
l’an passé le mouvement lycéen qui ont tous obtenu le retrait des projets
de loi ou des avancées. De l’autre les manifestations contre la guerre,
contre la réforme des retraites, contre la réforme du régime des
intermittents tous absolument pacifiques et impuissants.
La différence ?
A un moment les élites intellectuelles de gauche ne contrôlent plus rien.
Le pouvoir a peur. Il recule.
Certes, cette lecture de l’utilité de la violence est biaisée. Mais elle a
sa logique.
Cette lecture vaut bien celle qui conclut à linutilité de la violence,
biaisée par l’ambition de celleux qui veulent apparaître comme
interlocuteur-trices du pouvoir.
Il serait d’ailleurs intéressant de s’attarder sur d’autres points de vue
comme, par exemple, celui qui serait à la fois non-élitiste et
non-violent. Il s’agirait de refuser de participer à toute institution
dominatrice : élections, manifestations (qui, en définitive, quelles soit
violentes ou non, s’adressent au pouvoir et donc le renforcent dans sa
position légitime), école, famille, argent
Il s’agirait de subvenir nous-même à nos besoins, gratuitement en se
passant au quotidien du marché et de l’Etat.
Objectif impossible à atteindre ?
Il est néanmoins possible de s’en rapprocher, à condition de ne pas perdre
son temps à travailler pour un patron, pour de l’argent.
Il est possible de faire une guérilla douce à l’Etat en devenant
assisté-es, en le ruinant.
Cela légitimerait la casse des services publics ?
L’argument de l’assistanat est déjà utilisé, il est trop tard pour sauver
les services publics.
Par contre, il est possible de mettre en place des systèmes d’entraide
pour une éducation émancipatrice, des soins non chimiques, une sécurité
qui implique tout le monde et non pas un corps spécialisé
Et là on voit bien que la question de la violence passe au second plan.
Est-ce quil n’est pas plus violent d’envoyer son enfant à l’école que
casser la vitrine d’une multinationale ?
Est-ce quil n’est pas plus violent de mentir consciemment dans les grands
médias à propos d’une frange du mouvement altermondialiste (en accréditant
l’amalgame avec des terroristes qui mettent des bombes dans les transports
en commun), que faire sauter la ligne à haute tension qui transporte de
l’énergie nucléaire ?
En conclusion, personne n’a la vérité. Le prétendre c’est mentir.
Dès lors, il faut se satisfaire de toutes les formes de lutte.
Que des intellectuel-les diffusent une conscience anti-capitaliste, c’est
tant mieux.
Que des enragé-es détruisent matériellement les outils du Capital, c’est
tant mieux.
Que des individualistes se retranchent au quotidien dans des pratiques non
marchandes et non-dominatrices, c’est tant mieux.
On peut l’illustrer par l’exemple du référendum sur la Constitution
européenne. Fallait-il voter oui, non ou s’abstenir ? Les trois démarches
pouvaient se justifier d’un point de vue de gauche anti-capitaliste.
Voter non pour exprimer le rejet de la politique exprimée par ce Traité.
Voter oui pour figer à un certain point l’efficacité des moyens policiers
et militaires.
S’abstenir parce que voter légitime des institutions mortifères, que le
choix proposé était biaisé.
C’est à chacun de se faire sa propre opinion.
Le Capitalisme n’est pas immortel. Il tombera plus ou moins tôt ou trop
tard selon le nombre des actions qui lui porteront atteinte. Peu importe
la nature des actions. Le problème tient plus à leur rareté qu’à leur
prétendue inefficacité.
Il y a tant de gens qui ne font rien. Il y a tant de militant-es du
dimanche qui ont peur de quitter leur travail, de perdre leur confort.
Prenons ce temps !
Vivons pauvres mais libres. Nous en serons que plus heureux !
Messages
1. > susan georges à montpellier..., 31 octobre 2005, 19:55
"Il n’était pas possible de laisser S.G. venir tranquillement nous dire ce qu’il faut penser de la situation politico-économique actuelle.."
Et pourquoi est-il possible de laisser Raymond...ramener tranquillement et longuement sa science ici pour nous débiter un tissu de contradictions et de débilités qui ne méritent même pas qu’on y réponde ? Un texte absolument navrant quant au niveau de son contenu.
1. > susan georges à montpellier..., 31 octobre 2005, 20:17
"HEUREUX LES SIMPLES D’ESPRIT CAR LE ROYAUME DES CIEUX LEUR APARTIENT"...
Déjà pas d’accord pour empêcher Susan Georges de dire ce qu’elle a à dire, mais en plus...
le reste !!!
Bien d’accord avec le commentaire :
La conclusion est une apothéose dans la débilité de cette pensée "vivons pauvres mais libres" !!!
Quand on voit chaque jour à la bourse ce que les riches nous volent et que nous avons produit nous, vivons pauvres et libres est une énorme connerie ou une provocation !
En tout cas çà ne peut pas être un mot d’ordre de gauche !
NOSE
2. > susan georges à montpellier..., 7 novembre 2005, 16:00
Bonjour,
J’étais présent à la conférence de Susan George en tant que militant d’Attac Montpellier et j’avoue ne pas avoir bien compris le sens de cette « perturbation militante ». Je suis convaincu qu’il existe plusieurs approches possibles et positions sur un sujet comme l’OMC mais ce qui est intéressant c’est de les confronter. Après toute conférence, il y a un temps pour le débat et je regrette que ces personnes, ne soient pas restées afin de nous faire part de leur vision. Dommage car ils avaient peut-être des infos pertinentes à nous communiquer …
Fred
1. > susan georges à montpellier..., 9 novembre 2005, 04:21
y’avait quand même quelques dizaines de brochures gratuites autour du sujet... Quant au discours de suzanne il n’est pas très original. Surtout si c’est pour dire : il faut laisser les pays pauvres faire plus de commerce ! Désolé pour les petits bourgeois, mais oui, il va falloir penser sérieusement à vivre avec un niveau de vie plus faible : il suffit d’imaginer à quoi correspond "ni pétrole ni nucléaire".
A la limite je veux bien être d’accord avec le mauvais emploi du mot "pauvre", parce que ce n’est pas parce qu’on n’utilise pas d’argent qu’on ne peut pas avoir une vie riche...
Plus fondamentalement, je ne crois pas qu’attac soit autre chose qu’une énième organisation réformiste et que si on veut résoudre les problèmes actuels, cela ne se fera pas avec un commerce "éthique", une police "républicaine" ou un gouvernement attentif aux problèmes écologiques.
Tout le monde travaille, tout le monde ne peut pas se révolter plus (du genre quitter son boulot aliénant) parce qu’il a une "famille à nourir", tout le monde veut pas qu’on touche aux services publics nationaux. "Travail, famille, patrie". C’était Vichy, et c’est pas la libération qui a mis en cause ces modes de pensée.
Par exemple, sur le mode "famille", la pensée d’attac pose justement le problème d’un regard paternaliste sur les pays du tiers monde.
Non ! Ce dont ils ont besoin, ce n’est pas de développement économique. Ils ont besoin qu’on leur foute la paix, qu’ils ne soient pas obligés de se mettre en conformité avec le modèle occidental.
3. > susan georges à montpellier..., 10 novembre 2005, 11:32
Il y a du vrai dans ce qui est dit. Même si Susan Georges est une personne précieuse dans le mouvement altermondialiste, la lutte ne peut pas se jouer que sur le plan de la négociation et de l’éducation populaire. Nous sommes dans un contexte d’urgence qui implique des actions concrètes porteuses d’une certaine violence. On le voit dans le cas des OGM (et ce n’est pas José Bové, qui joue aussi bien qu’il le peut le rôle qui lui est échu, qui dit le contraire !) : il est nécessaire d’en venir à une résistance de type « sabotage ».
La justesse de cette réflexion est qu’il faut promouvoir plusieurs modes d’actions qui se déclinent de la négociation en « haut lieu » jusqu’au sabotage quotidien, en passant par la diffusion des idées claires.
Son travers est de tenter à nouveau de se tirer la couverture aux détriments des autres modes.
Multiplions les fronts, soyons solidaires, ayons l’humilité de penser que les autres ont des choses à dire et à faire qui valent ce que nous avons à dire et à faire.
La violence qui s’exprime aujourd’hui dans les banlieues est un SOS face à la dégradation des conditions de vie et aux promesses non tenues. La réussite sociale n’est pas promise à tout le monde – encore moins aux populations de culture africaine dans un système néolibéral (de privilégiés). Ce sursaut est salutaire, car il reste globalement supportable (il ne s’agit pas d’une prise d’armes qui cherchent à faire des victimes humaines). Réjouissons-nous que l’urgence n’implique pas encore une résistance armée ! Et ayons du crédit pour ce sursaut qui est une alerte ultime.
Le fait que ce soit des jeunes pas toujours lucides (mais souvent pourtant) qui en soient les acteurs ne doit pas nous faire oublier que des adultes aimeraient bien en faire autant mais qu’ils se sentent trop impliqués socialement pour oser.
Réagir est nécessaire, réagir tôt est salutaire, réagir à la mesure du problème est légitime.
Acis