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2004 a été l’année des désastres, qui ont coûté plus de 100 milliards de dollars

Publie le dimanche 9 janvier 2005 par Open-Publishing


En douze mois, les catastrophes naturelles, d’origine naturelle ou provoquées
par l’homme, sont environ 300.
Les cataclysmes ont causé la mort de plus de 21 000 personnes


de RICCARDO STAGLIANO

Tant qu’il s’agissait de cabanes aux toits arrachés et de campagnes inondées, à des
latitudes géopolitiquement reculées, les politiciens pouvaient faire mine de
rien et dire que contre la fureur de la nature il n’y avait rien à faire. Au
moment où la facture de ces désastres a passé toutes les bornes en dépassant
les 100 milliards de dollars de pertes économiques, il vont peut-être commencer à considérer
si vraiment on ne peut pas inventer quelque chose pour prévenir ou réduire les effets de ces cataclysmes.

C’est au moins ce qu’espèrent les différentes associations écologistes, l’unique effet collatéral positif qu’elles arrivent à imaginer en commentant les données, par ailleurs épouvantables, fournies par Swiss Re, la plus grande société de réassurance du monde : en 2004, calcule le groupe de Zürich, plus de 21 000 personnes sont mortes à la suite de catastrophes naturelles ou causées par l’homme, les dommages économiques globaux atteignent 105 milliards de dollars, dont 42 sont ou vont devenir des demandes de dédommagement. Une addition sans précédent, bien pire que celle de 2001, quand les attentats aux Tours jumelles firent monter le total.

Les scientifiques sont très prudents dans le rapport qu’ils établissent entre l’intensification des désastres naturels et l’effet de serre ou d’autres altérations de l’écosystème causées par l’homme. Un graphique des chercheurs suisses met cependant bien en évidence une coïncidence pour le moins suspecte : depuis 1990, l’ année même où le phénomène du réchauffement du climat est devenu plus significatif, le taux de catastrophes naturelles est monté en flèche. Mais cette année tous les records précédents ont été balayés, comme les voitures renversées dans les flots des raz-de-marée asiatiques. En 1992, l’année du spectaculaire ouragan Andrew, les dommages se chiffraient aux alentours de 38 milliards de dollars. En 1999, avec les tempêtes hivernales Lothar et Martin, l’addition fut de 36 milliards. Et en 2001, le 11 septembre représenta une bonne partie de la facture de 37 milliards. En 2004, il n’y a pas eu de trêve, surtout pour les Etats-Unis et le Japon.

Quatre ouragans ont frappé la Floride en succession rapprochée : Charley, le plus violent, a laissé à lui seul des destructions chiffrées 16 milliards. Et après est arrivé le tsunami. Sur la connexion homme désastre, il y en a qui n’ont pas de doutes, comme Stephen Tindale, directeur de Greenpeace britannique : "Pour l’organisation mondiale de la santé - a-t-il déclaré à l’Independent - 150 000 personnes meurent déjà chaque année à la suite de changements du climat. Cela n’a pas suffi pour faire en sorte que les leaders mondiaux s’assoient pour en discuter, mais peut-être une addition de 100 milliards les convaincra-t-elle. Et comme il s’agit de dollars, ce langage pourrait être compris même par George Bush". Un souhait répété par Gianfranco Bologna, directeur scientifique de Wwf Italie : "Espérons que ceux qui nous gouvernent commencent à tenir compte de la nature. Ils disent que Kyoto (le traité sur le climat, ndr) coûte cher ? C’est un bobard : ce qu’on dépense déjà à cause des effets nocifs de notre système de transports (cancers et maladies respiratoires causés par les véhicules, par exemple) est un préjudice économique bien plus grave, aux alentours de 5 - 10 % du PIB".

C’est le paradoxe, de plus en plus typique, de quelques coups tordus de la globalisation, qui fait que ceux qui sont moins responsables du problème sont ceux qui payent un prix plus élevé. Des 21 000 victimes de désastres naturels enregistrés cette année par les analystes de Swiss Re, au moins la moitié habitait entre l’Afrique et l’Asie, qui ne sont certainement pas les plus grands producteurs d’oxyde de carbone. Mais comme 95% des demandes de dédommagement a quelque chose à faire avec les désastres naturels, on peut parier que leur gestion va devenir une priorité dans le puissant lobby des assureurs, prochains partenaires involontaires des Cassandres écologistes.

Traduit de l’italien par Karl & Rosa de Bellaciao

http://www.repubblica.it/2004/l/sez...