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ANNEXION DE MAYOTTE : UN AUTRE COUP D’EPEE DANS L’EAU

Publie le vendredi 27 mars 2009 par Open-Publishing
2 commentaires

Tentative d’institutionnalisation de l’annexion de Maore. 29 mars : Un autre coup d’épée dans l’eau

Durant plus d’un tiers, le pays des doits de l’homme n’est jamais parvenu à faire valoir auprès d’aucune organisation internationale, d’aucun organisme, d’aucune association de quelque nature que ce soit, la primauté de sa version singulière du Droit des peuples à disposer d’eux-mêmes” sur le sacro-saint principe du respect intangible des frontières héritées de la colonisation. Pace que, tout simplement, les quatre îles formant un seul peuple, ont voté à plus de 94% pour l’indépendance des Comores. La France a opté pour le détournement de la volonté souveraine du peuple comorien en optant pour un décompte île par île du référendum d’autodétermination, violant ainsi toute la logique de la décolonisation que la République française avait elle-même engagée.

La France cherche dimanche 29 mars prochain à institutionnaliser l’annexion d’une partie du territoire des Comores, en offrant à la population de l’île, la possibilité de devenir le 101ème département français. Il a fallu à la France plus de trente-quatre ans de séparation forcée et une trentaine de tentatives de déstabilisation menée contre les Comores indépendantes pour forger de toutes pièces une opinion mahoraise farouchement hostile à l’intégration de l’île comorienne dans son giron naturel. Durant ces trente quatre ans, la France n’est jamais parvenu à faire valoir auprès des Nations unies encore moins de l’Union africaine la primauté du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes sur le sacro-saint principe du respect intangible des frontières héritées de la colonisation. Pace que, tout simplement, les quatre îles formant un seul peuple, ont voté à plus de 94% pour l’indépendance des Comores et la France choisit de détourner la souveraineté de la population des Comores en optant pour un décompte île par île, violant ainsi toute la logique de la décolonisation que la République française avait elle-même engagée.

Le monde entier s’est focalisé sur ce petit archipel sans enjeux économiques, mais victimes de coups d’Etat à répétition, fomentés pour la plupart depuis la capitale française, Paris. Le Monde assiste médusé, pas plus tard qu’en 1995, à la déportation d’un président élu, vers l’île française de la Réunion, là où il y a un siècle, la France coloniale déportait ses “prisonniers”.

Depuis l’accession des Comores à l’indépendance, la France a essuyé au moins vingt résolutions des Nations unies lui intimant de stopper les consultations à Mayotte, considérés comme nulles et non avenues, exigeant l’ouverture des négociations avec les Comores pour préparer les conditions de la réintégration de Mayotte. La France prend le risque d’être pointée du doigt, se rangeant au coté des Nations qui violent le droit international. Elle adopte de surcroît une attitude négative, refusant toute piste conduisant à la résolution du contentieux territorial.
L’île de Mayotte sera maintenue sous perfusion financière de Paris, l’économie de l’île dépendant entièrement des subsides budgétaires de la France pour marquer une différence de développement avec les îles sœurs. 635 millions d’euros par an est le budget octroyé à l’île de Mayotte par la France, 13 fois le budget des trois autres îles des Comores, à la seule grande différence, que cette manne d’argent est injectée par la France alors que celui des Comores provient des contribuables comoriens, d’une économie en construction.

Le maître d’œuvre de cette départementalisation, Yves Jego, annonce que la départementalisation coûtera 40 millions de plus l’an prochain et 200 millions de plus maximum par an dans 20 ans. L’île bénéficiera à partir de 2012 de nouvelles prestations sociales, le Revenu de solidarité active (RSA) à 25% dans un premier temps.

Avec ses 186.452 habitants enregistrés au 31 juillet 2007, Mayotte compte près de 50% de chômeurs, qui espèrent le demeurer encore longtemps. Car plus que les Comoriens des autres îles, les Mahorais pensent que la France doit continuer à régler la facture de sa présence illégale dans l’île, aussi longtemps qu’ils resteront indifférents à l’appel de leurs frères des Comores.

De nombreuses options proposées pour sortir de cet imbroglio politico-juridique, elles ont un dénominateur commun : elles reconnaissent la propension de Mayotte à réintégrer les Comores. Seules les formes du nouvel ensemble de l’archipel et les échéances pour y parvenir diffèrent. Le temps ne pourra jamais jouer en faveur de la France, bien au contraire. Les Mahorais achètent des terrains en Grande-Comore, à Mohéli et à Anjouan pour y vivre, passer leur retraite, et pour leurs enfants. Personne n’y peut rien. Comme personne ne peut empêcher les Comoriens des autres îles de se rendre à Mayotte par tous les moyens et souvent au péril de leur vie.

Le référendum du 29 mars, n’est rien d’autre qu’un autre coup d’épée français dans l’eau.

Ahmed Ali Amir

Lire notre Spéciale “Le document qui accuse” dans version Pdf de l’édition du 27/03/09 :

http://www.alwatwan.net/pdf/27032009.pdf

Source : Al-watwan N° 1284 du 27 mars 2009

Messages

  • Comme personne ne peut empêcher les Comoriens des autres îles de se rendre à Mayotte par tous les moyens et souvent au péril de leur vie. Le référendum du 29 mars, n’est rien d’autre qu’un autre coup d’épée français dans l’eau.

    Ben voilà, ce que gagnera Mayotte dimanche soir, c’est que les Mahori seront coupés de leurs familles sur les autres îles, grâce à l’intervention "musclée" de Besson, dans la continuité de son prédecesseur Hortefeux (vu des images de reconduite de comoriens, pris à Mayotte.

    Ce qui me fait c. c’est comment un état arrive à acheter un ou partie de peuple pour ses propres intérêts personnels ! Mais qu’est-ce qu’il y a à Mayotte qui intéresse tant que ça la France ? Du pétrole ? des diamants ? de l’or ? de l’uranium ? un point stratégique d’une route commerciale ?

    • Ben voilà, ce que gagnera Mayotte dimanche soir, c’est que les Mahori seront coupés de leurs familles sur les autres îles, grâce à l’intervention "musclée" de Besson, dans la continuité de son prédecesseur Hortefeux (vu des images de reconduite de comoriens, pris à Mayotte.

      1)
      Pour ceux qui ne le savent pas , ça fait un moment que les familles sont déchirées entre ceux habitant l’Union des Comores et ceux qui habitent Mayotte.

      C’est bien de le découvrir enfin, mais ça n’a rien à voir avec la départementalisation.

      La montée progressive du flicage des populations construite sur un processus de décolonisation incomplet a déchiré les familles comoriennes en mettant de plus en plus de flics entre comoriens pour séparer ceux qui habitaient à Mayotte des autres.
      Ce flicage n’a jamais cessé de monter en pression sous les rages sécuritaires et chauvines de la gauche puis de la droite françaises.

      L’état français applique la même évolution qui le conduit à dresser des barrières de plus en plus monstrueuses entre les hommes et femmes.

      Des hommes et des femmes, poussés par la misère, essayent de rentrer dans la partie française des Comores et meurent en mer, comme d’autres meurent en mer en Méditerranée pour les mêmes raisons .

      2)
      C’est la délégation métropolitaine française du PCF qui s’est fait huer à son arrivée à Mayotte pas le PC de Mayotte qui s’est séparé du premier.

      Ca ne change rien à la question du fond .

      3)
      La France a une attitude coloniale géo-politique sur la zone. C’est cela qui explique sa volonté de demeurer sur une des iles des Comores, Mayotte.
      C’est le contrôle du canal du Mozambique et être en face du Mozambique (une situation distincte de sa position à la Réunion).

      4)
      Sur le parcours de Mayotte, fruit d’une décolonisation boiteuse qui laisse l’indépendance à 3 des 4 Îles des Comores en laissant Mayotte dans le giron de la France, elle fut d’abord un monstre juridique avec des habitants de Mayotte en sous-droits :

      - Une Collectivité territoriale.

      La majorité de gauche, en fit par le vote du 26 Juin 2001, un autre monstre appelé "Collectivité départementale" , c’est à dire une porte d’entrée royale vers la départementalisation.

      C’est bien à ce moment là que le processus de départementalisation fut enclenchée.

      5)
      Il existe une énorme difference de niveau de vie entre Mayotte et l’Union des Comores et c’est surtout ça qui rend difficile le discours du PC de Métropole pour une grande partie des habitants de Mayotte.

      D’autre part une partie importante de l’Union des Comores a exprimé à plusieurs reprises son désir d’être rattachée à nouveau à la France (2 iles sur 3 ont été secouées en ce sens).

      Anjouan et Mohéli furent dans cette situation en quasi état de sécession. La France n’en voulut pas. Elle voulait bien un pied à cet endroit mais pas toutes les Commores...

      Ces très grosses secousses, la misère et la corruption ont créé une situation ou Mayotte "française" parait être une sauvegarde tant pour les habitants de l’Union des Comores que pour les habitants de Mayotte.

      C’est de tout cela qu’il faut tenir compte dans cette affaire en exigeant que les voix puissent se faire entendre librement.