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BOLKESTEIN, le retour !

Publie le jeudi 27 décembre 2007 par Open-Publishing
8 commentaires

de Michel MENGNEAU

Pour beaucoup la directive Bolkestein était enterrée. Le NON français et néerlandais qu’elle avait en partie suscité laissait à supposer que cette direction ultralibérale de la construction européenne n’était qu’un épisode malheureux. Eh bien non, le feu n’était pas éteint et couvait sous la cendre…

Vers la mi-décembre la cour européenne de justice a rendu un jugement qui a réveillé le spectre du plombier polonais. Jugement qui à n’en pas douter risque de faire jurisprudence tant il est avantageux pour les intérêts des capitalistes.

En effet, en 2004 l’entreprise lettone Laval avait été mandatée pour construire une école en Suède. En y amenant ses travailleurs lettons payés au tarif de leur pays d’origine, cela avait soulevé le tollé du syndicat des travailleurs du bâtiment suédois qui avait bloqué le chantier en raison du fait que ces ouvriers étaient rémunérés moins cher que le minimum garanti instauré par leur convention collective.

Résultats, recours de la société lettone auprès de la cour européenne qui, sans barguignée, a estimé que le syndicat avait entravé la libre prestation des services au sein du marché unique. Nous y voilà, d’une manière différente est réintroduit le principe du pays d’origine qui avait à l’époque du projet de la directive Bolkestein alerté les populations.

Faisant fi des désidératas, des avis des citoyens, par tous les moyens le principe ultralibéral des dirigeants européens se met en place. Nous avons donc affaire de plus en plus à une hypocrisie monstre pilotée par des capitalistes sans vergogne.

D’ailleurs, déjà, dès le mois de juin, les prémices de la résurgence de cette directive était annoncé puisque le très libéral Toine Manders avait tenté d’ouvrir le marché des soins à toute l’Europe afin de favoriser la concurrence dans ce secteur. Pourtant, « Les services de santé » faisaient partie des exclusions du champ d’application dudit projet modifié.

En concomitance, on comprend mieux les précipitations du président français, Sarko Ier -croisons les doigts pour qu’il n’y ait pas Sarko II-, qui n’ayant rien inventé veut faire avaler par le biais de son troupeau d’inconditionnel (entre parenthèse, si quelqu’un peut me renseigner sur le nom du premier ministre je lui en serais gré) un certain nombre de mesures iniques. A savoir, cela est déjà fait, une refonte complètement aberrante du code du travail ce qui accompagnera la déréglementation européenne, puis à venir, la franchise médicale, dont le principe va mener la protection social de santé vers les assurances privées, tout ceci sans parler de la prise en main des universités par les entreprises, j’en passe et des pires tant la liste s’allonge…

On comprend mieux pourquoi l’insistance des dirigeants libéraux européens à vouloir que le Traité de Lisbonne se concrétise en catimini, dont leur mauvaise foi l’a agencé en un embrouillamini volontairement illisible pour le simple citoyen. Peuple tais-toi ! Cela ne te regarde pas, tu n’est qu’une masse de prolétaires taillables et corvéables à merci – pour ceux qui verraient parfois dans le mot prolétaire une quelconque connotation péjorative, je remémore la définition « Laroussiènne » : Personne qui ne peut attendre de ressources que de la rémunération que lui alloue celui auquel il loue ou vend sa force de travail.

N’empêche que l’on a notre mot à dire ! Certes, il faut signer des deux mains les pétitions exigeants un référendum, voire participer à d’autres formes d’actions. Mais avant tout, il faut faire pression sur nos élus qui vont devoir accepter ou pas la modification de la constitution permettant de ratifier ledit traité.

Les municipales à venir sont l’un des moyens d’actions car en refusant les compromis, les alliances avec ceux qui sont favorables à ce que le peuple ne soit pas consulté, des élus sentant leur élection compromise vont réviser leurs positions. Certain vont dire, quel est le rapport entre les municipales et l’Europe ? La raison est simple, n’oublions pas que les citoyens de la communauté qui travaillent et habitent depuis quelques années sur le territoire français sont aussi des électeurs potentiels dans les communes où ils sont résidants.

L’Europe fait partie de notre avenir, même à l’échelon local, il est donc urgent de se mobiliser pour empêcher un déni de démocratie si l’on ne veut pas devenir que des serviteurs ballotés au gré du bon vouloir d’une classe privilégiée.

Messages

  • voir l’article passé sur la sté suédoise laval ...il y a qq jours...
    europe piège à cons !
    REFERENDUM !

    • BOLKEINSTEIN m’a effrayé, dans les années 1960, ce savant fou, du moins le percevais-je comme tel, peuplait mes cauchemars. Ce savant fou, créait à partir de cadavres une immonde créature dont l’histoire connaissait un dénouement sanglant et tragique. Dites-moi, il s’agissait bien du même personnage ? Pourquoi, ce personnage sans âge se retrouve t-il au parlement européen alors q’il était au 19ème siècle réputé avoir disparu avec sa créature... Peut-être que que je confonds avec Frankeistein.

  • Pour mieux saisir l’enjeu de ce jugement je fais passer un extrait de l’analyse de Pierre Khalfa qui illustre bien la galère sociale auxquelles nous allons être confrontés.

    "La cour va encore plus loin dans la condamnation de l’action collective puisqu’elle considère comme une discrimination le fait de traiter de la même façon les entreprises suédoises qui
    n’ont pas conclu de convention collective - et donc contre lesquelles le droit suédois autorise
    les actions collectives -, et des entreprises étrangères qui sont soumises à des conventions
    collectives dans leur pays d’origine (point 116). Ainsi, la Cour considère qu’à partir du
    moment où une entreprise étrangère a signé une convention collective dans son pays
    d’origine, lui demander d’adhérer à une convention collective du pays d’accueil serait
    discriminatoire !"

    M.M.

  • 1 : La directive Bolkestein n’a rien du tout à voir avec le NON FR et NL qui portait sur le Traité établissant une constitution pour l’UE.

    3 : La CJCE ne rend pas des jugements, mais des arrêts.

    4 : Lors de la libre prestation de services c’est toujours le droit du travail du pays de destination qui s’applique. S’il n’existe pas dans ce pays de règles pour un secteur donné, il faut bien protéger les travailleurs, alors on aplique le droit du pays d’origine. C’est pas sorcier.

    Il faudrait s’instruitre un peu avant d’écrire des âneries pareilles.

    • Si on lit bien, il y a écrit ; "qu’elle avait en partie suscité !" Car effectivement. le battage fait autour du projet de cette directive controversée avait alors ému les populations et donné du grain à moudre à ceux qui ne voulaient pas d’une constitution trop libérale, et maintenant à ceux qui ne veulent pas d’un Traité de Lisbonne du même acabit.

      Le terme jugement peu paraitre inapproprié car en l’occurrence il s’agit de "l’Arrêt Vaxholm", mais par les temps qui courrent cette façon de faire pourrait faire office de jugement rédhibitoire.

      M.M.

    • Sauf que en Suède il y a un droit du travail (certes pas une loi mais une convention collective) et que la CJE ne la pas jugée applicable à ces travailleurs lettons.

      Ne pas écrire des âneries d’accord, mais ne pas voir que la CJ est aux services des entreprises qui pratiquent le dumping social au nom de la "concurrence libre et non faussée" c’est faire comme le singe qui ne veut pas voir ...

      Fredo de Lannion (22)

    • Je n’ai pas lu l’arrêt dont question, ni la convention collective lettone ni la suédoise, mais je suis tenté de dire qu’en droit du travail le régime le plus protecteur doit primer. Or en l’état, si le droit letton est plus protecteur, rien ne s’oppose à ce que la CJCE autorise son application au détriment du droit suédois.

  • Bah ouai mais le "principe du pays d’origine" a été remplacé par un "rien". Alors qu’il fallait exiger "le principe du pays d’accueil"..

    Et puis avec la commission européenne barbouze faut dire que leur sens du pays d’accueil frôle ou le pré-facisme ou le capitalisme outrancié tellement qu’il est grotesque !