Bertinotti : "Pour le 2 juin je préférerais l’uniforme de la paix"

de Frida Nacinovich traduit de l’italien par karl&rosa

Le président de la Chambre des Députés : "Toutes les cérémonies officielles me voient engagé, car je représente tout le monde"

Est-il possible de fêter la République sans aucune parade militaire ? Les libertés sont aux anges. Forza Italia, Udc et, naturellement, An répondent : "Horreur". Impossible de faire passer un 2 Juin sans défilés de l’armée, fanfares et harmonies des carabiniers. "Bertinotti offense nos soldats", invective Isabella Bertolini, qui depuis quelque temps est en train de s’affirmer comme la voix féminine (du patron) de Forza Italia. Bondi, fais gaffe.

"Bertinotti cligne de l’œil aux pacifistes et aux alter mondialistes", ajoute Luca Volonté de l’Udc. Pour Ignazio La Russa l’expression suffit, son visage est celui d’un national - indigné. A ce point. Tant d’indignation seulement parce que Refondation communiste, mais aussi les Verts et le Pdci, ont demandé de changer de ton. Franco Giordano voudrait que la culture de la paix se superpose, remplace, efface la guerre. "Quel sens cela a-t-il de fêter la République et sa Constitution qui refuse la guerre par des parades traditionnelles d’armes et de soldats ?", se demandent Gennaro Migliore et Giovanni Russo Spena, les chefs des groupes parlementaires du Prc à la Chambre des Députés et au Sénat. L’interrogatif est rhétorique. La réponse est sous les yeux de tout le monde.

Revenons à la droite qui déclare la guerre aux pacifistes et à toutes leurs idées "étranges". Le président de la Chambre des Députés confirme sa présence à la parade militaire du 2 Juin. "Si, ensuite, on me demandait si je préfère personnellement que la fête de la République se déroule avec un uniforme de paix, bien sûr que je préfère", explique Bertinotti. Ensuite, il ajoute : "Je suis le président de la Chambre des députés, en ce moment toutes les cérémonies officielles me voient engagé parce que je représente tout le monde. Et puisque la cérémonie est organisée ainsi, il est de mon devoir d’être présent en toute loyauté". Des phrases que Elio Vito (Forza Italia) fait semblant de ne pas entendre.

"Il est grave que le président de la Chambre des députés, Bertinotti, puisse faire en sorte que le doute que les forces armées italiennes ne soient pas engagées dans des missions de paix traverse l’esprit". Missions militaires de paix serait apparu il y a quelques années comme une contradiction dans les termes. Ensuite les "guerres justes", les "bombes intelligentes", "les nécessités contingentes" et le "sens de responsabilité" ont commencé à arriver. Et nous sommes arrivés jusqu’à aujourd’hui. Nous sommes arrivés à Vito qui hurle au crime de lèse-majesté (de l’armée, bien entendu), à Volonté qui ne perd pas une occasion de signaler le lien entre le président de la Chambre des députés et le mouvement alter mondialiste (parce qu’on naît démocrate-chrétien).

Nous sommes arrivés à Ignazio La Russa qui, s’il le pouvait, défilerait lui aussi. Etant donnés les prémisses et le ton de la discussion, le Vert Paolo Cento - le vice-ministre Cento - trouve une réponse qui colle bien : "Je n’y serai pas, je n’ai jamais participé à aucune parade militaire". "J’ai beaucoup de respect pour nos militaires et je considère la fête de la République comme un grand évènement démocratique et populaire - ajoute Cento - mais je n’assisterai pas à la parade parce que je pense que cette journée n’a pas besoin d’être rappelée par un défilé de moyens militaires au cœur de Rome".

Au contraire, aux manifestations en défense de la Constitution, Cento a toujours été présent. Avec toute la gauche, avec l’Union qui se prépare aujourd’hui au rendez-vous du 25 Juin. Une autre date qui risque de devenir historique parce qu’il y a à sauver la Constitution républicaine de 1948, celle où est clairement écrit - avec tant de très bons principes - que l’Italie refuse la guerre. "Le 2 Juin 1946 - rappelle Migliore, les femmes votèrent au référendum institutionnel, marquant ainsi un virage culturel et civil pour le pays. Donc, la fête de la République est une partie de notre mémoire historique : une fête de démocratie et de civilisation qui voit entraîné tout le peuple italien au nom des plus hautes valeurs de la dictée constitutionnelle, du refus de la guerre aussi".

La droite, qui a promis un chien de sa chienne à Romano Prodi, à toute l’Union, depuis hier aux sénateurs à vie et même à Giulio Andreotti, indiqué il y a à peine une semaine à la présidence du Sénat, voué et peint comme un authentique père de la patrie, regarde elle aussi à la date du 25 Juin. Les paroles du leader unique et indiscuté du centre-droit berlusconien valent pour toutes. Silvio Berlusconi, justement. "Les sénateurs à vie ont fait quelque chose de profondément immoral selon la conscience de notre vie politique". Le gouvernement Prodi vient d’obtenir la confiance avec 165 voix contre 155. "Pour moi, les sénateurs à vie auraient dû s’abstenir - dit encore l’ex premier ministre - en ce qui concerne Ciampi, je me serais exprimé d’une façon différente". Croire, obéir, combattre. Au contraire, seulement les siens ont obéi au Cavaliere. Cela n’a pas suffi. Vive la République, vive la démocratie.

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