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COMORES / FRANCE - GTHN : LES DISCUSSIONS SE POURSUIVENT EN CATIMINI A PARIS

Publie le samedi 2 mai 2009 par Open-Publishing

C’est le chaud et le froid entre Paris et Moroni. Mais en douce et malgré des déclarations hautes en couleurs, les deux parties continuent de discuter.

Les relations entre la France et les Comores ces derniers temps, c’est un peu un condensé de ce que signifie la notion de chaud et de froid. Tantôt tout va bien, tantôt c’est la « guerre ».

A première vue, on pourrait croire que tout va mal entre Paris et Moroni. Les discussions dans le cadre du Groupe de travail de haut-niveau (GHTN) franco-comorien sont suspendues depuis la dernière rencontre à Moroni en décembre, « compte tenu du contexte politique », explique l’ambassadeur français aux Comores, Luc Hallade. La consultation des Mahorais a envenimé un peu plus encore les relations entre les deux pays : Alain Joyandet, le secrétaire d’Etat français à la coopération francophonie, s’est ainsi pris une volée de bois vert lorsqu’il s’est rendu à Moroni, le 4 avril. Ahmed Jaffar, le ministre comorien des Relations extérieures, lui a lancé en pleine poire lors d’une réunion de la COI que la consultation des Mahorais était « un acte inamical » envers les Comores ; un « fait accompli » que Moroni « ne reconnaitra jamais ». Le vice-président de l’Union, Idi Nadhoim, y serait lui aussi allé de son couplet, affirme un participant.

Des attaques qui ont fait se tortiller sur sa chaise Joyandet, rapporte la lettre de l’océan Indien. Le secrétaire d’Etat se serait même demandé s’il n’était pas de son devoir de quitter la salle. Il ne l’a finalement pas fait. Jaffar en a ensuite remis une couche quelques minutes plus tard. Après l’annonce d’un tel affront fait à la France, certains se sont réjoui. Le Comité Maoré s’est félicité dans un communiqué le 9 avril que pour la première fois, le tapis rouge ne fut pas déroulé sous les pieds des représentants de la France ; il a également appelé les autorités du pays à saisir la Cour Pénale Internationale contre la France « pour déplacement forcé de population » et refuser « d’accueillir les déplacés de Mayotte ».

Certains, parmi les hauts fonctionnaires des ministres concernés, sont même allés jusqu’à prôner la rupture des relations bilatérales – ce qui serait une première.

Il n’en est rien, en fait. En bon diplomate, Jaffar a assuré ses arrières. « Dès la fin de la conférence de la CIO, il m’a confirmé que les Comores restent attachées à de bonnes relations avec la France », a déclaré Hallade le 23 avril, lors d’un séjour à Mayotte. Selon lui, « il n’a jamais été question d’une quelconque rupture ». Au contraire, « les discussions dans le cadre du GHTN devraient reprendre dans les semaines à venir, m’a-t-on indiqué au ministère des Relations extérieures »- certainement après le referendum organisé le 17 mai dans les trois îles de l’Union.

Des réunions informelles à Paris

Une information confirmée à Paris. Selon un haut fonctionnaire du ministère des Affaires étrangères qui a tenu à conserver l’anonymat, « les travaux devraient bientôt reprendre de manière formelle » - l’objectif étant toujours « d’obtenir à un accord avant la fin de cette année ».
A vrai dire, les négociations semblent ne jamais avoir été suspendues. « Le gel des négociations en janvier ne nous a pas empêché de nous rencontrer [diplomates comoriens et français, ndlr] dans les réunions informelles régulières à Paris », assure ce haut fonctionnaire.

A ce jeu-là, on comprend que le tapis rouge ne soit plus de mise entre l’Union des Comores et la France : pas très complémentaire avec les portes dérobées. C’est le Comité Maoré qui va être ravi…

Rémi Carayol

Source : http://wongo.skyrock.com/