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César-Alexandre-Napoléon Sarkozy

Publie le lundi 20 octobre 2008 par Open-Publishing
3 commentaires

de Pierre Marcelle

Formidable sidération

Au rythme des oscillations de leurs valeurs en Bourse, des voleurs nous demandent de leur faire confiance et, en tremblant, de n’avoir pas peur, dans des incantations qui valent exactement ce que vaut leur institutionnelle fausse monnaie.

Mais tout au fond de nous, nous savons bien que, de la banqueroute que depuis des lustres leur agiotage "systémique" organisa librement et libéralement, les pauvres - je veux dire les travailleurs et les chômeurs — paieront pour longtemps les dividendes récessifs.

Qu’ils parviennent ou non, les G4, G7, G15 (dit Eurogroupe), G20 et autres G27, à ravaler la façade pourrie de leur capitalisme en y appliquant un vernis de FMI "éthique" ou un crépi de "nouveau Bretton Woods", nous savons que le pire est le plus sûr, et qu’il reste à venir.

Ce séisme annoncé, c’est une guerre sociale qui n’ose se dire, comme si son seul énoncé allait la déclarer. Tel un personnage de Tex Avery galopant bien au-delà de la falaise, un monde n’attend pour chuter que la conscience du vide sur quoi il repose. Et l’écroulement prétendument imprévisible des temples de la finance imperturbablement « régulée » le laisse dans un état de passive sidération.

Mercredi, les indices redevenus négatifs marquaient l’entrée en jeu de la fameuse « économie réelle », plus bruyante que des sifflets dans un stade de foot. (L’économie réelle aussi, on a le droit de la siffler.)

Formidable révélateur

Tous acteurs économiques révélés impuissants, c’est aux marges du social et du politique que tout se joue et se jouera ; et c’est ici, sur les terrains de l’idéologie ligotée dans les belliqueux appels à l’union nationale et au travail dominical, que « l’affaire Rouillan » se révèle exemplaire. Depuis quelque trois semaines que l’ancien terroriste d’Action directe a été réincarcéré pour des propos qu’il n’a pas tenus (1), chacun qui y réagit pressent confusément que le problème ne réside pas dans un très hypothétique redevenir terroriste de Jean-Marc Rouillan. Le problème réside dans le devenir de l’Etat de droit, dont on sait que les crises ne lui vont pas bien au teint. Et Rouillan fait un admirable dérivatif à « la crise » : diaboliser Rouillan, c’est affirmer que, en se serrant les coudes, en n’ayant pas peur, en faisant confiance, nous conservons le bien commun miraculeusement immuable (il suffit de le croire) d’une civilisation que « la crise » ne saurait abattre (il suffirait de s’en persuader).

Et tant pis si, au nom du droit, les principes du droit sont quotidiennement foulés au pied. En brandissant dans Rouillan le symbole de la barbarie - et derrière lui, via Besancenot, le spectre de la guerre civile -, on fera mieux oublier les attentats perpétrés par la garde des Sceaux contre la justice des mineurs ; et la surpopulation pénale ; et l’augmentation vertigineuse des suicides en milieu carcéral ; et l’expulsion de la Cimade des centres de rétention… Et, pour réduire toute velléité de contestation d’une société sidérée, la démultiplication des procès pour « outrage » (2).

Sur celui, inepte autant que raciste, fait aux siffleurs de Marseillaise, on reviendra.

Formidable opportunisme

D’aucuns répliqueront qu’en sa clairvoyante munificence, notre Président tout puissant et magnanime cependant, quand il ne fonde l’Europe des armes ou ne fédère celle des marchés, trouve encore le temps de dénicher dans les lois certaine « clause humanitaire » bien planquée au creux des procédures d’extradition, qui le fit envoyer son épouse à l’hôpital Sainte-Anne signifier à la moribonde Marina Petrella que ça irait pour cette fois.

A ceci, on rétorquera que le même était ministre en 2002 lorsque fut mise à bas la « jurisprudence Mitterrand » dont bénéficiaient, depuis 1985, les ex-terroristes italiens ; pour le plus grand bien de la paix civile et de l’esprit des lois. Et que, Rouillan par-ci, Petrella par-là, on a parfois quelque difficulté à voir clair dans la godilleuse et, quoi qu’il en dise, toujours régalienne politique pénale de « notre Président ».

Formidable président

Notre Président qui, outre tout ceci et tout cela, il a encore, en ces temps agités, signé un avant-propos au catalogue de l’exposition « Picasso et les maîtres » (Réunion des musées nationaux, 368p., 45 €.). Quel nègre flagorneur ou quel courtisan zélé a pu écrire de l’ibérique génie pictural : « parfois violent, toujours génial, au-delà des frontières connues, Picasso exprime sa puissance et sa force (sic) à travers tous les motifs et tous les thèmes. Aucun code ne vaut pour l’homme de toutes les libertés. », sans songer à tirer le portrait de Nicolas Sarkozy ?

Par Pierre Marcelle
Libération 17 10 08

(1) Comme par hasard, on découvre dans l’instruction du procès d’intention que lui font des vertueux les mêmes mécanismes que ceux utilisés contre Siné, dans la négation du contexte textuel et historique à coups de citations apocryphes ou tronçonnées. (Siné dont, soit dit en passant, l’hebdo empirique va son chemin surprenant et s’améliore de semaine en semaine.) (2) A ce propos… Débouté en septembre dans sa poursuite de Maria Vuillet qui l’interpella dans une manifestation pour préserver contre Sarkozy la mémoire de Guy Môquet (voir Libération du 5 septembre), le préfet Lacave s’est pourvu en appel. Et le parquet aussi.

Messages

  • Bien que depuis mon jeune âge,j’aie appris(cours de latin mêlés d’histoire de Rome)que les chefs aient été souvent des minus(intellectuellement et psy),il m’est difficile d’intégrer le fait que le Peuple Français se soit "donné" un tel Président...
     attention:préparons-nous à Mac Cain élu prochainement....
     PPDA sur tous les plateaux(réfection de virginité ?) !
     Marseille pontifiant (et pas que sur Cdans l’air)

    Etc...
     soeur E... me gonfle.
     le rapport ?" les idées reçues....

    • Tel un personnage de Tex Avery galopant bien au-delà de la falaise, un monde n’attend pour chuter que la conscience du vide sur quoi il repose.

      L’image d’autant plus parfaite que le monde finit toujours par se relever et recommencer les conneries ! :)

      Brunz

      ps : effectivement, le bombardement à base de soeurs E. massives est gonflantissime... Comme disait l’autre, ce n’est plus une redevance,mais un denier du culte !

    • Cesar ou d’autres ,la veritable question est comment s’en debarasser ?
      La crise est là ,la question est :que faire pour resister solidairement à ce qui va nous tomber sur les orteils ?.
      Soeur Emmanuelle ,paix à son ame, la reponse :si vous ne supportez plus le matraquage,ne regardez plus la telé,mieux debarrassez-vous en.
      Ici dans les cevennes,on est prets depuis 20 ans,pas de telé,pas de credit,
      un bon jardin,des chataignes ,chauffage au bois et on les emmerde tous ,il y a de la place pour tous ceux et celles qui ont de l’espoir et le courrage de travailler la terre . Ici ou ailleurs le pays et grand ,l’avenir c’est l’exode urbain
      REMUEZ-VOUS si nondans les villes vous allez bientot manger du chat.