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Dati refuse de prendre position sur l’affaire des présidents africains
Publie le mercredi 6 mai 2009 par Open-PublishingLe parquet a lancé mardi un appel contre l’ouverture d’une enquête impliquant trois présidents africains et visant leurs biens détenus en France. Rachida Dati a refusé de se prononcer, en soutien ou non, à l’appel du parquet.
"Je ne suis pas partie à l’affaire, je m’exprime en tant que garde des Sceaux. La plainte a été jugée recevable par la juge d’instruction, le parquet fera des réquisitions", a-t-elle dit mercredi sur RMC et BFM TV. "Même s’il est sous l’autorité du procureur général et du garde des Sceaux, il y aussi une opportunité (ndlr, dans la démarche du parquet). Je ne vais pas prendre une position", a-t-elle ajouté.
Ce dossier est diplomatiquement explosif puisque les trois pays concernés, le Gabon, le Congo-Brazaville et la Guinée équatoriale, sont des producteurs de pétrole, fiefs de Total, première société française. Jugeant recevable une plainte déposée par l’association anti-corruption Transparency France, la juge d’instruction Françoise Desset a décidé mardi d’ouvrir une information judiciaire.
La plainte déposée pour "recel de détournement de fonds publics, blanchiment, abus de biens sociaux, abus de confiance" concerne le patrimoine immobilier luxueux détenu en France par les présidents de ces trois pays et leurs proches. Des poursuites sont donc susceptibles d’être déclenchées concernant les 39 propriétés et 70 comptes bancaires détenus en France par Omar Bongo, président du Gabon, et ses proches, et les 24 propriétés et 112 comptes bancaires du président du Congo-Brazzaville Denis Sassou-Nguesso. Le dossier concerne aussi les limousines achetées à Paris pour plus de 4 millions d’euros par le président de la Guinée équatoriale, Teodoro Obiang, et ses proches.
1ère enquête sur trois présidents en exercice
Le parquet demandait un refus d’informer, jugeant irrecevables les plaintes déposées et devrait donc faire appel. Dans ce cas, la chambre de l’instruction devra trancher et dans l’attente de son arrêt, il n’y aurait pas d’investigations.
L’avocat des plaignants, Me William Bourdon, a salué mardi soir la décision. "C’est une décision sans précédent parce que c’est la première fois qu’une enquête judiciaire est ouverte concernant le détournement d’argent public imputé à des chefs d’Etat en exercice. Est désormais possible l’identification et la poursuite de ceux qui, inlassablement et sournoisement, appauvrissent leurs pays", a-t-il dit.
Les fonds ne peuvent venir, pour les plaignants, des salaires des présidents, mais ont forcément, à leurs yeux, été acquis avec de l’argent public détourné. Ils soulignent que le procès Elf à Paris en 2003 a démontré que les revenus tirés de l’"or noir" profitaient personnellement aux chefs d’Etat en question.
Ces derniers nient toute malversation. Mais Omar Bongo n’a pas engagé à ce jour les poursuites en diffamation qu’annonçait son avocat, Me Patrick Maisonneuve.