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ELECTION INDIRECTE : Paris, le nouveau Sénat est vieux

Publie le mercredi 29 septembre 2004 par Open-Publishing
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La Chambre haute change : des politiciens en fin de carrière ou en fuite de leurs
déboires judiciaires.
Polémiques : c’est une institution peu utile.
La gauche gagne.
Le Pcf est satisfait, les Verts aussi.
La droite est encore en tête, mais le parti de Chirac a perdu la majorité absolue.


de A.M.M.

Jean-Pierre Raffarin, premier ministre, François Fillon, ministre de l’Education,
plus deux autres membres du gouvernement ; Charles Pasqua, ex-ministre de l’Intérieur
ayant quelques problèmes avec la justice ; Robert Hue, ex-secrétaire du Pcf n’ayant
désormais aucun rôle politique, sont tous de nouveaux membres du Sénat : dimanche,
les « grands électeurs » (collège électoral dans le cadre des départements, composé de
députés, de conseilleurs régionaux, départementaux et municipaux) ont renouvelé un
tiers des sénateurs français (plus dix nouveaux membres, 128 au total), élus
pour 9 ans.

Le Sénat a été choisi comme sortie de secours par le premier ministre et par quelques ministres, pour garder une place au chaud en cas de chute du gouvernement (pour le moment les représentants du gouvernement laisseront à leurs suppléants la confortable place du Palais du Luxembourg), ou encore comme parapluie d’immunité parlementaire pour Charles Pasqua, mis en état d’accusation pour des pots-de-vin consistants dans les ventes d’armes en Angola ou pour le financement de ses campagnes électorales grâce à une généreuse intervention d’une banque chypriote.

La Chambre haute, un mastodonte qui attire depuis longtemps les contestations et les questions à propos du sens de cette institution élue d’une façon indirecte et qui n’a pas le droit d’avoir le dernier mot dans l’approbation des lois, continue à avoir une majorité de droite, même si l’Ump - le parti de Chirac - a perdu la majorité absolue et devra s’allier aux centristes de l’Udf. La gauche est satisfaite de cette victoire, qui vient après d’autres (cantonales et régionales, ensuite européennes), avec une augmentation de 13 sièges ; le Ps est le grand vainqueur, le Pcf gagne deux sièges, les Verts trois alors que le Mouvement des citoyens de Jean-Pierre Chevènement quitte la scène dans cette consultation. Sur les 331 sièges actuels du Sénat - dont seulement un tiers a été renouvelé dimanche - l’Ump en a maintenant 154, l’Udf 34, l’extrême droite 2 (mais il ne s’agit pas de celle de Le Pen) plus 1 les souverainistes, 9 les indépendants de droite, 5 les indépendants de gauche, 91 les socialistes, 4 les Verts, 5 les radicaux de gauche, 11 le Pcf et 2 le Mouvement des citoyens. D’ici trois ans, un autre tiers sera renouvelé.

Les femmes restent peu nombreuses, malgré la loi qui impose la parité homme femme dans les listes : elles sont désormais 57 sur 331 siéges.

La raison : la loi sur la parité ne fonctionne que dans les départements où on vote avec la méthode proportionnelle, mais les sénateurs, pour éviter d’être évincés par une dame, ont bien pensé de hausser le seuil où le vote a lieu avec la proportionnelle, un vote qui est réservé désormais aux départements qui élisent au moins 4 sénateurs (auparavant le seuil était de 3). A droite, nombre de sénateurs sortants ont choisi de se présenter avec des listes « autonomes », pour éviter de laisser la place à une femme, comme le veut la loi que la direction de l’Ump est obligée d’appliquer.

La droite est en baisse, mais en réalité l’élection de dimanche ne reflète pas l’ampleur du changement qui a eu lieu en France au niveau local avec les cantonales et les régionales de juin dernier : de fait, dans l’élection sénatoriale la France rurale pèse beaucoup plus que la France urbaine. La raison politique de ce surplus de représentation (une commune de 510 habitants dispose de 3 grands électeurs, une de 260 000 de 291, c’est à dire que la deuxième est cinq fois moins représentée que la petite commune) est déclarée sans problèmes : souligner le rôle « modérateur » de la Chambre haute. D’où la sous représentation des zones urbaines, jugées a priori plus radicales dans leur expression politique. Les grandes manœuvres ont commencé pour désigner le président, qui sera évidemment de droite (Ump), élu le 10 octobre. Le président sortant, Christian Poncelet (78 ans) se représente.

Il Manifesto

Traduit de l’italien par Karl et Rosa - Bellaciao

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