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Formatage intellectuel…

Publie le lundi 15 juin 2009 par Open-Publishing
4 commentaires

de Michel MENGNEAU

En plusieurs occasions j’avais constaté l’influence d’un fait divers sur le comportement de la société. En l’occurrence j’y avais vu un conditionnement volontairement orienté par les médias pour la promotion de la pensée unique capitaliste. Ce conditionnement faisant que la plupart des citoyens ne se posent plus la question idéologique, à savoir, s’il n’y a pas d’autres solutions. Ce dirigisme intellectuel est de plus favorisé par une mise en avant des religions, du spirituel, comme une sorte d’exutoire focalisant le réflexe philosophique au détriment des recherches plus basées sur un bien-être sociétal et politique.

Une façon de dissoudre le débat politique dans une sorte de galimatias où le spirituel paraît essentiel mais cache en vérité une réalité plus pragmatique de recherche maximum du profit par une oligarchie dominante. Cette façon de voir les choses n’est que la partie émergente et consciente du conditionnement. Il en existe une autre non maitrisée qui s’épanouie comme l’effet boule de" neige…

Il s’agit du fait divers important qui à partir du moment où il est traité d’importance va prendre de plus en plus d’importance mettant au second plan d’autres évènements aussi importants sans doute, pas aussi consensuels peut-être. L’évènement qui aura le devant de la scène ne sera pas celui qui ira à contrario de la pensée unique parce que dans beaucoup de cas cela ce fait de façon anodine par un conditionnement déjà non conscient de la part des acteurs médiatiques, régulant ainsi encore plus l’inconscient vers le même critère idéologique. J’ai écrit l’effet boule de neige, ce pourrait être à un degré moindre l’effet papillon.

Mais ou cela va encore plus loin dans le formatage intellectuel c’est que même lorsque l’on veut dépeindre, porter à dérision, faire connaître une situation particulière tout à fait différente de l’événement premier on se sert de son exemple pour la relater, ou on la décrit à la manière de…
Pour ma part, il m’est arrivé plusieurs fois de tomber dans ce piège. Ce qui m’a fait réagir c’est un article du camarade « Pilhaouer » dont le titre est significatif : « Crash d’un appareil syndical ». Il faut bien convenir que la comparaison est de bon aloi, ce petit "post" de bonne facture, mais il va conforter dans son cadre éditorial l’abreuvement de ce fait divers dans les médias.

Donc, cette approche d’une déliquescence des instances syndicales que certains dénoncent, avec raison ou pas, n’est pas anodine car elle s’inscrit bien dans l’imprégnation donnée au mode de réflexion des individus par une médiatisation volontairement exacerbée de cet accident passant au second plan le reste de l’actualité ; particulièrement les européennes, dont on ne voulait pas quelles soient débattues, le statut-quo arrangeant la plupart des participants.

En faisant le tour de question, on s’aperçoit effectivement que le thème fut vraiment marquant en matière de communication car il est repris ici pour servir d’exemple à la déliquescence des instances syndicales. Ce qui, je pense, est grave car souvent cela ce fait de façon inconsciente et le martelage médiatique arrive sur le fond par ce genre de méthodes à faire que les individus extrapolent peu hors de la pensée unique, cette exemple est frappant car même s’il diverge sur le fond, la référence s’inclue dans le système.

Naturellement, en écrivant ces lignes, je pensais naturellement au film sur Chomsky où est bien démontré, par celui-ci et les deux autres interviewés, cet embrigadement intellectuel tout à fait inconscient dans son découlement pour traiter la suite des évènements, qui trouve néanmoins son origine dans une médiatisation volontairement orientée, ou inconsciemment orientée dont nous devons prendre conscience afin de rester lucide avec l’esprit critique...

Ce sont là les ravages de la pensée unique qui annihilent les prises de décisions se voulant libres du peuple souverain !

http://le-ragondin-furieux.blog4ever.com

Messages

  • Pour encore plus de compréhension je rajoute ce paragraphe...

    A première vue cette approche un peu métaphysique des prégnances des communications peut paraitre une sorte de présomption intellectualiste de ma part pour broder autour d’un sujet qui est le lot commun de nos sociétés modernes. Que l’on ne s’y trompe pas, mon propos est loin d’être anodin car dans une société développée les médias sont l’acteur essentiel de la communication, et par la même le vecteur qui influence nombre d’individus vers une acceptation sans trop de contestation du capitalisme, allant à l’évidence jusqu’à raisonner que par le formatage de la pensée unique. Le problème se pose un peu différemment dans des sociétés moins développées que les nôtres puisque la notion de survie, la recherche de la nourriture du lendemain passent avant la communication reine qui est le fait des pays où l’on a presque plus à s’occuper véritablement des problèmes majeurs de notre existence. Néanmoins, malgré cela, on s’aperçoit que les capitalistes étant des prosélytes incomparables tentent de faire passer chez les populations défavorisées la primauté sociétale vers les médias. Cela ne réussi pas toujours car par exemple dans quelques pays d’Amérique latine, la pensée unique à été piétinée par des hommes et femmes qui ont pris conscience de leur aliénation. Ils se sont tournés alors vers une autre envie sociétale qui pourtant reçoit les assauts incessants du capital comme c’est le cas avec la tentative de domination des médias par ceux-ci au Venezuela.

  • Eh bien Michel, je n’arrive pas à te suivre, et pourtant je me creuse la tête.

    Le crash de l’Airbus d’Air France est seulement un fait divers, sauf pour les proches de victimes.
    Rien d’autre qu’un fait divers spectaculaire parce qu’il y a de nombreuses victimes , une part d’inexpliqué et que cela touche un pays du nord.
    Rappelons que les accidents de la route ont fait au moins 4600 morts en 2007 mais pas en même temps et que l’on se préoccupe beaucoup moins de rechercher les corps des migrants africains noyés en mer et à fortiori les causes de leur naufrage.
    Le fait divers permet à la presse de vendre du vent pendant plusieurs jours et aux officiels de se montrer près des familles.
    Il est évident que la diffusion des faits divers a pour effet (sinon pour but) d’occulter les choses importantes et d’abêtir le consommateur de médias.

    On peut noter cependant que beaucoup sur la Toile n’ont pas été dupes et ont bien analysé l’attitude de la plupart des médias dans l’affaire de l’Airbus d’Air France.
    L’’humour à base de détournement permet à la fois de relativiser et de remettre les choses à leur place. (cf dessin de une de Charlie « libéré de Val » : crash AF447 220 abstentionnistes de plus. Et les commentaires offusqués qui ont suivi).

    Bon, alors, le formatage intellectuel, dans tout ça ?

    Première définition passable qui me tombe sous les yeux :
    « Le formatage intellectuel est le fait de conditionner un esprit à produire des pensées au moyen d’un certain nombre de techniques et de principes assimilés au point de former un filtre dont le sujet formaté est inconscient »
    D’abord il y est question de penser et un court article satirique et polémique exprime seulement une opinion, ce qui est d’un autre niveau et moins ambitieux.
    Formater est devenu un terme informatique : préparer un support de données en y installant un système de fichiers, pour en permettre l’utilisation, ce qui est un avantage, mais pas n’importe comment, ce qui peut-être un inconvénient, bien que cela ne préjuge pas de la nature des données qui seront enregistrées.
    Formater intellectuellement serait instaurer des règles de compréhension, de discernement voire d’analyse.
    Nous sommes donc tous formatés intellectuellement par notre milieu, par l’enseignement reçu et la question est de savoir si la méthode de réflexion, la démarche d’analyse nous ouvrent toutes les possibilités ou nous conduisent forcément à penser d’une certaine manière.
    Possible et d’autres plus compétents que moi ont du se pencher sur ce sujet.
    Ce qui vient plutôt à l’esprit, c’est l’existence de pré-supposés, de dogmes.
    Si je crois en Dieu, si je suis un marxiste dogmatique, l’éventail des réflexions possibles se ferme.

    Mais ce que tu vises c’est plutôt le fait que voir la société au travers du prisme de l’idéologie dominante et de sa propagande, appauvrit mon horizon .

    Or la référence à une actualité envahissante n’est qu’un artifice pour attirer l’attention et l’humour devant un fait divers, grossi et exploité mais néanmoins tragique, est un autre ressort (photo des deux pilotes avant la cata). Et le grotesque de la situation rejaillit sur nos deux amuseurs syndicaux. C’est tout !

    Tu sembles vouloir dire que reprendre l’actualité (frelatée souvent et c’est le cas pour le crash AF) pour l’utiliser, même en la détournant, serait conforter l’usage qu’en font les médias.
    Là, je ne te suis pas. Outre le fait qu’il est impossible d’ignorer un environnement, fut-il de propagande, ce qui serait de la passivité, l’utiliser par détournement revient plutôtà démystifier.

    • Je vais résumer, la focalisation sur une info importante mais ne gênant pas la pensée conceptuelle fait passer au second plan des infos sans doutes aussi importantes mais ne sont pas elle bonne pour le concept. Cette focalisation est engendré et exacerbé alors par la reprise du thème de l’actualité sous diverses forme, et ceci inconsciemment la surinformation de l’événement ayant fait son travail de formatage intellectuel. L’exemple de ceux qui coulent et périssent lors de traversé sur des barcasses en mer en est le meilleur exemple puisque occulté par l’accident d’avion qui lui marque les esprits tant il va être rabaché. Chomsky et d’autres prétendent que ce rabachage n’est pas toujours volontaire mais provient du conditionnement inconscient qui a été formaté par la pensée unique afin de ne s’arrêter que sur des événements inclus dans le concept.

      Sans exclure cette possibilité, je pense néanmoins que la volonté de conditionnement est souvent volontaire, peut-être pas en apparence, mais bien sousjacente dans la plupart des cas.

      Je sais, c’est un thème délicat, mais beaucoup plus important qu’il n’y parait.

      Alors pourquoi, le premier objectif lors de la prise de pouvoir d’une révolution ou d’une dictature serait la radio et la télé si ce n’était pas primordial...

    • Ca ne tient pas la route parce que tu mets sur le même plan ceux qui diffusent l’information (ou la propagande) et ceux qui la détournent avec une attitude critique.
      Ce genre de raisonnement induit qu’il est interdit de reprendre une information et donc par exemple de l’analyser et de la critiquer au motif qu’elle serait "mauvaise", c’est à dire exclusive des informations que tu juges importantes. C’est justement ça, la pensée unique (totalitaire)
      Au demeurant, la sur-médiatisation du crash d’Air France doit absolument être commentée car elle en dit long sur nos sociétés.
      Quant aux naufragés du sud, ce ne sont pas les médias qui les oublient car
      ils vendent toujours du papier avec des noyés, même pauvres.
      Par contre, personne, je dis personne, dans la société du nord, n’avancera l’idée qu’il faut à grands frais chercher à récupérer les cadavres des pauvres, faut pas déconner quand même !
      Eh oui ! Nous sommes tous formatés, les occidentaux supérieurs !