Accueil > Irak : un pas de plus vers le vide

Irak : un pas de plus vers le vide

Publie le jeudi 20 octobre 2005 par Open-Publishing
1 commentaire

de STEFANO CHIARINI [1] Traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio

Dans les heures qui viennent ? l’Irak franchira un autre pas sur la voie de sa dissolution -remplacé par trois patries ethnico confessionnelles -, un pas de plus vers la braderie de ses richesses naturelles, vers la guerre civile, vers le chaos. L’administration étasunienne - avec ses alliés- aura de son côté fait un pas de plus dans le marécage irakien, vers le sacrifice de ses soldats mais aussi vers de nouveaux budgets fabuleux pour le complexe militaro industriel et le contrôle des richesses pétrolifères de la région.

Le Moyen Orient fera par contre un pas de plus vers une "pax israeliana", vers la disparition d’un des plus importants pays arabes, vers la désagrégation, sur des bases ethnico confessionnelles, de tous les pays de la région, à commencer par la Syrie pour terminer avec l’Arabie saoudite. En d’autres termes - sans considérer la très importante variante constituée par la résistance du peuple irakien (mais aussi par celle des palestiniens et des syriens) en mesure peut-être de ralentir ou de bloquer ce processus- toute la région fera un pas de plus vers la guerre et une multiplication par dix, par cent, des tragédies déjà rencontrées en ex-Yougoslavie et, avant encore, au Liban.

Tout pourra dériver de cette constitution sauf une « exit strategy » d’Irak pour les Usa et leurs alliés. La nouvelle constitution irakienne - qui n’a de telle que le nom, du moment que les occupants ont décidé qui devait l’écrire, en ont fixé les tenants et les aboutissants et en partie, même, écrite, directement par l’intermédiaire de l’ambassadeur Us Zalmay Khalilzad - constitue le point d’arrivée inévitable de ce « processus politico institutionnel », déterminé avant l’invasion déjà dans les think tank « néocon », visant à effacer le caractère laïque, multi ethnique, multiconfessionnel et « arabo nationaliste » de l’Irak, en posant à la base de sa vie politique et institutionnelle un critère rigidement ethnique et confessionnel.

Depuis l’arrivée des occupants, les citoyens irakiens n’existent plus en tant que tels mais comme membres de telle ou telle ethnie ou confession religieuse. Evidemment cette décision a signifié l’impossibilité de former des partis nationaux et a consigné les irakiens aux mains de leurs chefs religieux ou des chefs de clan. Le contraire de toute démocratisation, même primitive.

Voila sur quelle base a été désigné le Conseil de gouvernement provisoire nommé par le vice-roi Paul Bremer, (dont les membres représentaient chacun une communauté ethnique ou religieuse à l’ exclusion des sunnites et des secteurs chiites opposés à l’occupation), et de tous les organismes politiques et institutionnels du pays. D’où la nécessité -et non l’erreur- de démanteler l’armée irakienne, multiethnique et multiconfessionnelle, gardienne du « nationalisme arabe », capable de s’opposer à la désagrégation du pays en patries ethniques, et son remplacement avec les milices des partis kurdes et chiites proaméricains et pro iraniens, auxquels les occupants ont remis le monopole de la vie politique irakienne.

Le critère ethnique confessionnel - dans une opération semblable à celle accomplie par les français au Liban dans la seconde moitié du 19ème siècle, quand furent institutionnalisées les différences confessionnelles, à l’avantage de la communauté chrétienne maronite, leur alliée- a donc été inscrit dans la constitution provisoire de l’année dernière, écrite par le professeur Noah Feldeman de l’université de New York. Constitution provisoire qui a ensuite été traduite dans les mois qui ont suivi par la « définitive », encore plus vénéneuse que la précédente.. Voila donc que, selon la nouvelle constitution, à la place de l’état irakien devraient naître trois mini états (un kurde-étasunien-israélien) au nord, avec de relatives richesses pétrolifères, un sunnite au centre, avec les « sables de l’Anbar » seulement, et un chiite au sud, avec les richissimes puits de pétrole sur le Golfe.

Division du reste déjà préfigurée en 2003 par le professeur Shlomo Avineri sur le Jérusalem Post, et, sur le New York Times par Leslie Gelb, du Council on Foreign Relation. Chaque état aura un parlement, des forces militaires et le total contrôle des « nouvelles ressources pétrolifères », lesquelles seront « ouvertes » au saccage des multinationales. A l’état central ne restera que la part revenant aux sunnites (comme si les kurdes ne l’étaient pas) des revenus dérivés de l’exploitation des « vieux puits », en voie d’extinction. Les lois du parlement central pourront ne pas être appliquées dans les deux autres entités d’état.

L’Irak, fondateur de la ligue arabe, non seulement, avec cette constitution, ne sera plus « arabe », mais il n’existera plus. Pour ne rien dire du fait que les trois mini états ne sont évidemment pas « purs » et donc, leurs minorités respectives ou bien seront chassées ou bien seront discriminées. En outre, s’agissant d’états ethnico confessionnels, et puisqu’il a été établi dans la constitution qu’aucune loi ne pourra aller contre la charria, toute décision au fond relèvera des autorités religieuses et celles ci, dans leur enclave, pourront violer sans conséquences ces droits civils et politiques dont la constitution parle, certes, mais sans se préoccuper d’en élaborer les mécanismes de garantie y afférents. Les occupants parlent de droits et de souveraineté des irakiens mais travaillent à leur liquidation. Un autre grand mensonge de destruction de l’Irak.

Edition de samedi 15 octobre de il manifesto

http://abbonati.ilmanifesto.it/Quot...

[1] Stefano Chiarini est envoyé spécial de il manifesto au Moyen Orient.

Messages

  • rien de neuf ni de surprenant ,sachant que les amerloks ou autre imperialistes adorent les barbus "islamique ",la fameuse teorie du divisé et regné ,rien n’est surprenant ni nouveau
    ce plaindre des islamistes et matter les musulmans ! génial comme truc ..
    ce qui me rassure dans tout ca ,c’est que leur constitution ,leur gouvernememt ,leurs flics et leurs systeme c’est du pipo .la resistance İrakienne "sunnites,arabes,kurdes,türkmene viendra a bout de ces salauds ,collabos locale ou du pays du "grand satan" ,En attendant leurs cirques médiatique continue ..

    Ramos