Accueil > Jeudi 11 janvier : inauguration du Ministère de la Crise du Logement
Jeudi 11 janvier : inauguration du Ministère de la Crise du Logement
Publie le vendredi 12 janvier 2007 par Open-Publishing1 commentaire
de Catherine Wendell
Une bonne adresse, juste en face de la Bourse, à Paris, France.
En 2007, dans notre beau pays, le "mal logement" a pris une ampleur sans précédent depuis les années d’après-guerre.
10 millions personnes mal logées ou sans logis, des prix et des loyers exorbitants accompagnés de chapelets de garanties abusives demandées par les bailleurs. Et des logements vétustes et indignes, des sous-locations clandestines, un surendettement galopant et des prêts sur 30 ans pour accéder à la sacro-sainte propriété ! Les familles qui font dormir les gosses dans le couloir faute d’une pièce en plus ne se comptent plus.
Trois associations MACAQ, Droit au Logement et le Collectif Jeudi Noir, déjà évoqué ici, ont décidé de frapper un grand coup médiatique, ayant compris que les actions inscrites dans la durée et dans l’ombre ne paient décidément pas de nos jours...
C’est dans un bâtiment de 1000 m2, abandonné à la spéculation depuis 3 ans et donnant sur la Bourse que le Ministère de la Crise du Logement a été inauguré sous les confettis et les hourras d’une foule joyeuse et déterminée venue apporter son soutien.
Dont Albert Jacquard...
Homme de coeur, il prend la parole pour rappeler que l’on reconnait une démocracie à sa capacité de répondre aux besoins des hommes. Certains problèmes ont été résolus en France, dont la lutte contre la maladie. En son temps, la sécurité sociale a été une véritable révolution.
Aujourd’hui, il faut lutter avec la même détermination contre ce qui est insupportable pour beaucoup : le "mal-logement", car un logement adéquat est une nécessité dont on ne saurait se passer.
Et ce n’est pas une question de possibilités mais de volonté.
Albert Jacquard est un homme d’apaisement qui ne veut pas imaginer que les propriétaires de tels locaux laissés vacants se rendent compte des actes effroyables qu’ils commettent...
La foule mosaïque des mal-logés, des sans-riens et des associations assemblées s’ébroue un peu à l’écoute de ces derniers mots et n’en pense pas moins. Moi itou, je n’ai pas autant de mansuétude dans le coeur vis-à-vis de la situation scandaleuse résultant de la spéculation mais aussi de la mauvaise gouvernance, qui coûte des fortunes à la collectivité.
Souhaitant pointer du doigt les pouvoirs publics qui ont renoncé à réguler le logement et l’immobilier, conduisant ces derniers à devenir des facteurs d’exclusion supplémentaires pour les plus fragiles, les sympathiques chefs de cabinet du nouveau ministère se présentent ainsi que leur objectif : proposer des solutions réalistes et créatives que les politiques pourront difficilement refuser, sous peine de se couvrir de honte :)... courage, car ces derniers sont rudement bien vaccinés !
Pour ce faire, ils font appel à toutes les compétences pour avancer afin de dessiner rapidement en cette période pré-électorale de nouvelles politiques publiques apportant des réponses concrètes, durables et de qualité au problème du mal-logement sous toutes ses formes.
Ne se revendiquant d’aucune obédience politique, ils ne manquent pas de prier les "politiques" (dont Clémentine Autain, tentant de jouer son numéro de charmeuse de serpents) venus faire de la retape de se taire. Silence immédiat dans l’assemblée ;)
Fringues Alors, rendez-vous au Ministère qui envisage d’organiser très rapidement : un centre de documentation sur la crise du logement ainsi que des permanences et des conseils juridiques... ainsi qu’une boutique de fringues recyclées, lancée dès ce soir par le talentueux Arny le Clown, "suiveur" des Macaqs.
Le Ministère de la Crise du Logement est un lieu dont il est plus difficile de sortir que d’entrer.
En effet, sur les 19h, une foule dense s’étant rassemblée dehors, les premiers arrivés se voient dans l’impossibilité de quitter les lieux. Un service d’ordre ministériel est rapidement mis en place, porte-voix en renfort, pour rétablir un semblant de circulation.
A l’air libre, sur le trottoir, je rencontre une dame sympathique attirée par le brouhaha. La cinquantaine, bien mise, charmante. On papotte un peu : en phase finale de divorce, elle devra prochainement quitter son appartement avec sa fille et arpente depuis 4 mois les agences pour trouver quelque chose.
Les larmes coulent soudain. Elle est épuisée. Elle a pris conscience que dans la vie, tout peut basculer très vite...
Les caliquots du Ministère claquent au vent, les dames africaines en boubous d’où émergent des têtes papillotées tiennent palabres et rient comme des baleines un peu plus loin...
Elle se remet à sourire.
C’est déjà ça de gagné !
Je reprends mon métro et mon train direction ma banlieue et mon logis en pleine découpe.
http://planetargonautes.typepad.fr/...
Messages
1. Jeudi 11 janvier : inauguration du Ministère de la Crise du Logement, 12 janvier 2007, 10:33
Qu’a fait ce gouvernement pendant toutes ces années ? Et l’argent des impôts, à quoi il a servi ?
Je ne parle pas des somptueuses vacances de Sarkozy, dont le service d’ordre était digne des plus grands de la planète, ni même du fameux logement à Paris, de 600 m2, d’une valeur de 1500 euros par mois, prêté à Guimard, pour sa famille de 8 enfants, alors que d’autres petits dorment dans les couloirs ou les caves.
Quand on veut qu’il y ait de l’ordre dans un pays, on commence par donner l’exemple "en haut".
Le bilan de Chirac est donc catastrophique sur le plan humain. Je ne lui reconnais qu’un point positif, c’est de ne pas avoir engagé la France dans la scandaleuse invasion irakienne.